vendredi 28 décembre 2012

Marée noire BP 2010, retour sur un scandale, pour mémoire…


Voilà un titre bien accrocheur non ?


La marée noire de BP dans le golfe du Mexique, Deepwater Horizon, vous vous souvenez ?



    J’avais publié l'article ci-dessous en mai 2010 sur l’ancien site de la commission énergie des Verts. Je crois utile de le conserver sur Transitio, pour mémoire. Il révèle comment certaines relations trop "intimes" entre contrôleurs de l’état et contrôlés de l’industrie peuvent être parfois à l’origine de grosses catastrophes.


    Un article du New York Times révélait en effet que les installations pétrolières du Golfe du Mexique, avaient été contrôlées réglementairement par des inspecteurs de l’administration "un peu trop amis" avec les compagnies pétrolières. Celles-ci ne se contentaient pas de remplir à l’avance au crayon les formulaires de contrôle que ceux-ci devaient rédiger, elles allaient jusqu’à leurs offrir des cadeaux sous diverses formes. L’article va même jusqu’à accuser ces malheureux inspecteurs de visionner des films pornos au travail et de consommer des substances illicites !


    Peut-être vous direz-vous à la lecture dudit article que ce genre de choses ne peuvent se passer qu’aux USA ? Que la plupart des gens là-bas se moquent de l’environnement et ne respectent que l’argent ? (Vous êtes durs) Ou que les malheureux travaillent dans des situations si précaires (couvertures santés et retraites aléatoires) que tous les moyens sont bons pour gagner quelques bonus ? (Vous êtes bons)


    C’est plus compliqué que ça, bien sûr. Il faut comprendre que bien souvent, ces gens sont allés dans les mêmes écoles, ont travaillé ensemble, ils partagent les mêmes valeurs, les mêmes loisirs… Pourquoi iraient-ils se faire des misères, alors que leurs vrais ennemis, par exemple, sont plutôt ces fichus écologistes ?


    Mettez à part le côté trash typiquement américain (drogues, etc.) et demandez-vous pour quelles raisons de telles "bienveillances réciproques" ne pourraient pas exister dans notre beau pays.


Que n’a-t-on pas dit récemment par exemple, du statut pour le moins imprécis de certains experts qui avaient travaillé, ou travaillaient encore, pour des laboratoires dont ils étaient censés expertiser les travaux ?


    Voici donc ma traduction de cet article de 2010 du New York Times. Elle est parfois malhabile, je vous prie de m’en excuser. Mais vous pouvez bien sûr lire la version originale sur la page du New York Times : Interior Probe Finds Fraternizing, Porn and Drugs at MMS Office in La



Les investigations du ministère de l’intérieur révèlent des complicités, du porno et des drogues au bureau du Minerals Management Service de La.

Article de Noelle Straub, publié le 25/05/2010 sur le site du New-York Times.

Les fonctionnaires fédéraux qui ont supervisé le forage dans le golfe du Mexique ont accepté des cadeaux de compagnies pétrolières, vu des films pornographiques au travail et se sont considérés eux-mêmes comme faisant partie de l’industrie du pétrole, a indiqué l’inspecteur général du ministère de l’intérieur dans un nouveau rapport (pdf).

Ces révélations, accentuent la critique portant sur la surveillance fédérale des forages au large, tandis que la fuite massive du Golfe se poursuit, et elles joueront un rôle de premier plan lors de l’audition au Congrès demain.

L’enquête a révélé des violations de la réglementation fédérale et des règles d’éthique par les employés du bureau de gestion des minerais (Minerals Management Service) de Lake Charles La, le l’organisme fédéral qui supervise les forages offshores.

L’inspecteur général à l’Intérieur par intérim Mary Kendall a dit que son plus grand souci est "l’environnement dans lequel opèrent ces inspecteurs, en particulier la facilité avec laquelle ils évoluent entre l’industrie et le gouvernement."
Elle a ajouté : « Nous avons découvert que les personnes impliquées dans l’échange de cadeaux et de fraternisation entre le gouvernement et l’industrie se connaissaient souvent depuis l’enfance."

Larry Williamson, le directeur de district de MMS Lake, a dit aux enquêteurs que bon nombre des inspecteurs MMS (Minerals Management Service) avait travaillé pour l’industrie pétrolière et gazière et continuaient à être amis avec les représentants de l’industrie.

"Evidemment, nous sommes tous de l’industrie pétrolière," a-t-il dit. "Presque tous nos inspecteurs ont travaillé pour les compagnies pétrolières sur ces mêmes plates-formes. Ils ont grandi dans les mêmes villes. Certaines de ces personnes, ont été amis toute leur vie. Ils se sont fréquentés depuis l’enfance. Ils pêchent ensemble. Ils participent à des concours de tirs ensemble... Ils font cela tout le temps. "

Une source a déclaré aux enquêteurs d’IG que les fonctionnaires du pétrole et du gaz sur les plates-formes avaient rempli des formulaires d’inspection, qui étaient ensuite complétés ou signés par un inspecteur de MMS. L’IG a également "constaté dans ce service, une culture où l’acceptation de dons des sociétés pétrolières et gazières était répandues », bien que celle-ci se soit améliorée ces dernières années, indique le rapport.

Deux employés au bureau de Lake Charles ont également admis avoir consommé des drogues illicites au cours de leur emploi au MMS. L’IG a constaté que bon nombre des inspecteurs avait des e-mails contenant un humour déplacé et de la pornographie sur leurs ordinateurs du gouvernement. Et entre juin et juillet 2008, un inspecteur du MMS a effectué quatre inspections de plates-formes offshores tandis qu’il était en cours de négociation avec cette compagnie dans laquelle il a finalement été embauché.

Kendall a dit qu’à la lumière de la catastrophe du Golfe, elle s’était sentie obligée de le publier maintenant, alors que ça sortie devait n’était pas prévue dans l’immédiat. L’enquête a été déclenchée par une lettre anonyme adressée en octobre 2008 au bureau du procureur des États-Unis de la Nouvelle Orléans, alléguant qu’un certain nombre d’employés de MMS avait accepté des cadeaux de sociétés.

L’IG a présenté les conclusions au Bureau du procureur des États-Unis pour le district de l’Ouest de la Louisiane, qui a atténué les poursuites, selon le rapport. Ce rapport a été un suivi d’un rapport retentissant de l’IG, sorti en 2008, qui détaillait un scandale de sexe, drogues illégales et cadeaux à MMS (E & ENews PM, le 10 sept., 2008).

Un ancien inspecteur de MMS a envoyé un e-mail avec des photos de l’avion d’affaires dans lequel, un responsable de la compagnie pétrolière et d’autres s’étaient envolés pour la ‘’Game 2005 Peach Bowl’’ d’Atlanta (compétition de football). Des E-mails d’inspecteurs du bureau de MMS Lake Charles ont révélé que, en 2005, 2006 et 2007, diverses sociétés offshores avaient invité le personnel de MMS à des événements tels que des concours de tir, de chasse et pêche, tournois de golf, et fêtes de Noël", indique le rapport. Un ancien fonctionnaire MMS a écrit un e-mail disant qu’il avait de « bons amis » dans l’industrie qu’il "ne pouvait nommer par écrit." Le rapport dit que cette culture du cadeau a diminué, après que l’ancien directeur régional au bureau de MMS de la Nouvelle-Orléans ait été limogé en 2007 pour avoir accepté un cadeau. ‘’Recevoir des cadeaux tels que des voyages de chasse, les voyages de pêche, et les repas des compagnies pétrolières semble avoir été une pratique généralement acceptée par les inspecteurs du MMS et des superviseurs dans la région du golfe du Mexique’’ précise-t-il.

L’IG a trouvé de nombreux fichiers pornographiques et autres contenus inappropriés sur les comptes e-mail de 13 employés, dont six ont démissionné. Il avait 314 cas dans lesquels les sept autres employés avaient reçu ou transmis des images pornographiques depuis leurs e-mails du gouvernement.

Une employée de MMS a dit aux enquêteurs qu’elle avait commencé à consommer de la cocaïne et de la méthamphétamine avec un inspecteur, quand elle a commencé à travailler à l’agence deux ans auparavant. L’inspecteur de MMS a dit n’avoir pas pris de drogue au travail, mais il a admis avoir pu être sous l’influence de la méthamphétamine pendant son travail après en avoir consommé la nuit précédente.

Une source a déclaré aux inspecteurs que du personnel de l’entreprise remplissait des formulaires d’inspection au crayon, et que les inspecteurs de MMS écrivaient par-dessus le crayon à l’encre et retournaient le formulaire dûment rempli. Les inspecteurs de l’IG ont examiné un total de 556 dossiers pour vérifier ce genre de modifications, mais ils n’en ont trouvé qu’un petit nombre et n’ont pu discerner dans l’ensemble si des modifications frauduleuses étaient présentes sur ces formulaires.

Kendall déposera demain devant le Comité des ressources naturelles, lors d’une audience de surveillance, sur la fuite d’hydrocarbures. Ken Salazar, le secrétaire à l’intérieur, avait déjà été assigné à comparaître devant le jury.

Le secrétaire Intérieur Ken Salazar a déclaré dans un communiqué : "Le rapport de l’inspecteur général décrit les activités répréhensibles des employés de MMS entre 2000 et 2008 ». « Ce rapport très inquiétant est une preuve supplémentaire de la relation intime entre certains éléments du MMS et l’industrie du pétrole et de gaz."

"J'apprécie et je soutiens entièrement l’important travail de l'Inspecteur général pour extirper les brebis galeuses de MMS, et nous donnerons suite à ses recommandations, y compris en prenant toutes les mesures personnelles appropriées", at-il ajouté. « De plus, j'ai demandé à l'inspecteur général d'élargir son enquête pour déterminer si ces comportements répréhensibles ont persisté après les nouvelles règles d'éthique que j’ai mis en œuvre en 2009."

Salazar a précisé que dans les 10 jours après qu’il soit devenu secrétaire de l’Intérieur, il avait demandé au ministère de la Justice de rouvrir des enquêtes criminelles sur les employés impliqués dans le rapport de 2008, et avait promis de mettre à jour la politique ministérielle en matière d'éthique ainsi que de réformer le système de MMS de collecte des redevances (E & ENews PM, 29 janvier 2009).

Plusieurs des employés mentionnés dans le nouveau rapport ont démissionné, ont été licenciés ou ont été poursuivis en justice. Ceux qui continuent de travailler au MMS seront mis en congé administratif en attendant l'issue d'un examen personnel, le service ajouté.

Salazar a également demandé à l'inspecteur général d'étudier s'il y avait eu un défaut du personnel de MMS pour faire respecter les réglementations ou inspecter les installations en mer de Deepwater Horizon et s'il y avait des lacunes dans les pratiques de MMS qui devraient être traitées afin de garantir que les opérations en mer se déroulent d'une manière sûre et respectueuse de l'environnement.

Salazar a signé une directive pour le fractionnement de MMS en trois agences distinctes, séparant ainsi les activités, développement énergie, taxation et perception des recettes. « Ces trois fonctions actuellement exercées par MMS », qui recueille 13 milliards de dollars de chiffre d'affaires chaque année, « sont des missions contradictoires qui doivent être séparés », a-t-il annoncé la semaine dernière (E & ENews PM, 19 mai).

"Ce nouveau rapport de l'Inspection général est un nouvel oeil au beurre noir pour le Minerals Management Service," a dit Feinstein. "Une fois de plus, les employés de MMS ont été reconnus coupables d'effectuer une surveillance de mauvaise qualité du forage offshore. Le rapport révèle une trop grande intimité entre l’organisme de réglementation MMS et l'industrie pétrolière .... L'agence constate le manque évident d’efficacité du contrôle de la sécurité des forages en eaux profondes ainsi que le défaut d’éthique quant à la perception des redevances de forage. "

Darrell Issa (R-Calif.), haut responsable de la supervision de la Chambre et du Comité de réforme du gouvernement, a déclaré, il y a eu 10 rapports de l'IG et neuf rapports gouvernementaux sur MMS, mais il a fallu une catastrophe "énorme, pour trouver que quelqu'un lise ces rapports et que l’on s’entende sur la nécessité d'une refonte bureaucratique profonde ».

Issa a ajouté dans un communiqué que c’était typique de la manière de faire de Washington, où il faut que quelque chose aille mal, même si c’était tout à fait évitable, pour que l’on se préoccupe de prendre les mesures nécessaires. "Le rapport publié aujourd'hui fait écho aux problèmes similaires qui ont été largement rapportés pendant des années. De Toyota à Tylenol pour BP, nous voyons les conséquences de ce qui peut arriver lorsque le Congrès et l'Administration abdiquent leurs obligations de contrôler la bureaucratie et d’assurer une surveillance vigilante. "



Vous pouvez lire également cet article : BP investit dans la com (La Tribune)


Ils sont édifiants…


Sale histoire non ?



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