vendredi 28 juin 2019

En transition vers la civilisation mondiale

Article optimiste !

 

    Je profite des travaux de réparation du site (12 mai 2020) pour publier cet article que je gardais en réserve depuis le 28 juin 2019...

 

    Que ceux qui connaissent Transitio.net depuis le début se souviennent. C'était il a presque 10 ans, je lançais ce site WEB transitio.net. Son principal objet, du fait de ma profession, était la transition énergétique. Depuis plusieurs années en effet, je prenais conscience du choc qui s'annonçait, du fait de l'épuisement prochain des énergies fossiles évoqué dans de nombreux documents officiels provenant de divers pays. Je m'étonnais cependant qu'on en parle avec autant d'inquiétude dans certains milieux, y compris gouvernementaux, mais que le sujet soit si peu évoqué ailleurs.

    Le choc à venir pour nos sociétés gavées à l'énergie s’annonçaient tellement important, que j'ai fini par m'intéresser de plus en plus au côté sociétal de ladite transition. Raison pour laquelle je me mis également à lire de nombreux ouvrages sur ce sujet, y compris des livres expliquant aussi bien le fonctionnement de la psychologie humaine, que les moyens de disons, l'orienter, par le truchement de l'ingénierie sociale...

    Dans les années qui suivirent, on ne parla pas beaucoup plus du choc énergétique à venir. Par contre j'ai pu voir grandir l'inquiétude relative au changement climatique et j'ai pu observer sa récente dérive vers un discours presque religieux, voire apocalyptique, porté par des prophètes nihilistes, prêchant la haine de l'humanité, humanité coupable de vivre et de mettre en péril "la planète".

    Je me suis aussi rendu compte que certains petits malins ricanaient, se disant que ce discours culpabilisateur sur le CO2, avait le mérite de réduire la consommation d'énergies fossiles et par la-même de permettre de retarder le saut dans le vide, celui du monde de l'après pétrole. Comment alors ne pas se poser certaines questions ?

    Du fait de ma passion pour l'histoire, aussi bien celle de l'humanité que celle de la Terre (des millions de fois plus longue), je connaissais la nature extrêmement changeante de notre monde. Je comprenais donc que celui-ci n'a rien à voir avec cette écosphère immuable, sorte d'aquarium thermorégulé au biotope figé, dans lequel certains écologistes croient vivre.

    Aujourd'hui, je suis toujours intimement persuadé que nous vivons une époque charnière de l'histoire de l'humanité. Je suis conscient que cela a un côté un peu stressant, mais Il y a aussi un côté enthousiasmant.

 

    Ce qui m'a le plus aidé dernièrement à réfléchir à ce que nous vivions et à changer d'avis sur certains sujets, ça a été la lecture des 3 ouvrages de Yuval Noah Harari, l'historien israélien : "Homo Sapiens", "Homo deus" et "21 leçons pour le 21ème siècle". Leur lecture nous aide non seulement à apprendre et comprendre de nombreuses choses sur notre espèce, mais aussi à prendre conscience des défis que celle-ci va devoir relever pour survivre, certes, mais aussi pour évoluer...

    OK, le climat change et c'est un problème mondial. Un problème qui ne pourra pas se résoudre seulement par des comportements individuels, mais bien par un élan d'ampleur mondiale. D'autres défis encore plus grands se présentent, comme l'Intelligence Artificielle et son corollaire la robotisation, qui feront que les populations nombreuses, autrefois indispensables pour produire de la richesse, deviendront inutiles (Lire mon article sur le Tittytainment).

    Ne rêvez pas, les nouveaux métiers (hautement qualifiés) ne remplaceront jamais tous les "petits métiers" voués à disparaître, pas plus qu'il n'y aura une nouvelle énergie miracle pour faire tourner encore plus vite la machine infernale. C'est en cela que cette transition est différente de toutes les autres et que nos cerveaux, qui n’ont hélas pas changé depuis le temps des chasseurs cueilleurs du néolithique, ont autant de mal à penser !

    Ces problèmes monumentaux sont de véritables défis pour notre espèce, en raison du fait qu’ils ne peuvent se régler que mondialement et collectivement. Raison pour laquelle aucune solution de replis sur soi ne peut réussir. Les replis communautaires ou nationalistes sont tous voués à l’échec, parce qu’ils ne sont pas des solutions mondiales. Les Brexit ou Frexit, déclarations d’indépendances et autres réflexes pavloviens hérités du passé sont tous voués à l’échec, car ils se basent sur le déni de nos interdépendances aussi bien économiques que culturelles.

    Le nationalisme russe est un bon exemple d’aveuglement. Nos amis Russes font fi du réchauffement climatique, d’une part parce que le fragile équilibre de leur économie repose sur la production et la vente de leur pétrole, et d’autre part parce que ledit réchauffement climatique rendra probablement viables mais surtout exploitables, les immenses étendues de leur Sibérie, sans parler de leur contrôle de la nouvelle voie maritime dans l’océan Arctique ! Mais une telle option donnant priorité à la "Grande Russie" est à moyen terme vouée à l’échec. En effet, que gagneront-ils à voir certaines parties du monde sombrer dans le chaos et entraîner par effet domino un effondrement mondial ?

    Il y a une partie du monde, qui jusqu’à présent a servi de laboratoire de test à une expérience sans précédent dans l’histoire des cultures humaines. Une expérience dans laquelle des pays qui se faisaient régulièrement la guerre depuis des siècles, ont appris à vivre ensemble, en cherchant et trouvant ce qui les unissait plutôt que ce qui les séparait. C’est une expérience très compliquée, en cours depuis quelques décennies, décennies qui représentent bien peu dans l’histoire du monde. Cette partie du monde, c’est l’Europe. Telle qu'elle est actuellement, l'Europe ne plaît pas aux Européens et beaucoup parmi eux, veulent sa disparition. Peut-être est-ce une sorte de crise d'adolescence qui passera, mais peut-être pas. De plus en plus de français cèdent aux sirènes du souverainisme et s'imaginent que quitter l'Europe leur permettra de retrouver une France forte et indépendante. Mais ils semblent avoir oublié que la France "forte" qu'ils regrettent ne devait ladite force qu'à un empire colonial et commercial aujourd'hui disparu. Aucun pays ne peut être fort tout seul. La force aujourd'hui ne peut être que collective.

Toute action qui ne sera pas menée collectivement, ou plutôt planétairement sera vouée à l’échec.

 

    Vous pensez que cette civilisation mondiale dont je vous parle, riche de toutes ses diversités, mais encore plus riche de son unité, n’est qu'une utopie totalement fantaisiste ? J’ai un petit sourire en approchant de la conclusion de cet article. Yuval Noah Harari nous explique en effet, et ce, d'une façon très convaincante, dans son dernier ouvrage, « 21 leçons pour le 21ème siècle » que cette civilisation est déjà présente !

    Regardez bien ! Les 193 Etats reconnus par l’ONU, partagent déjà tant de choses ! Même science, même médecine, même reconnaissance du droit international, même système économique, même passion pour les compétitions sportives internationales, et la liste est infiniment longue de ce que nous partageons déjà mondialement ! Jouez en réseau à des jeux vidéo et vous vous retrouverez à jouer avec des gamers du monde entier ! Même les fanatiques de Daesh utilisent comme le reste du monde, la médecine et ses médicaments produits par le système économique mondial, et ils utilisent sans états d’âmes tout ce que produit le monde moderne, malgré leur rêve fantaisiste de constituer un califat mondial à l’identique de celui du 7ème siècle (et ils jouent aussi aux jeux vidéo avec le reste du monde !).

 

    Alors oui, cette époque est passionnante. Raison pour laquelle nous ne devons pas prêter l’oreille aux prêcheurs d’apocalypse, ni à leurs fidèles accablés par le nihilisme qui tels des lemmings préfèrent se jeter dans le néant plutôt que de participer à l’élaboration de ce monde à venir ! 

    Malheureux nationalistes, séparatistes, indépendantistes, Frexiteurs, communautaristes de tous poils, survivalistes apeurés et autres brebis égarés, ressaisissez-vous ! La civilisation mondiale est déjà là, et il n’y a pas d’autres alternatives…

    Il va de soi, comme je l’ai évoqué plus haut, que nombre de ces réflexions m’ont été inspirées par la lecture des ouvrages passionnants de Yuval Noah Harari. Une chose me chagrine néanmoins dans les visions futuristes de ce penseur hors normes. La société future qu’il esquisse à grands traits, parfois même avec des traits de génie, repose néanmoins sur le postulat d’un approvisionnement énergétique continu et surtout croissant. Mais ce problème là aussi, ne pourra se régler que mondialement…

 

A suivre ?