lundi 31 décembre 2012

Occupy 2013 ! Et bonne année !



    Je voudrais terminer cette première année de Transitio sur une note d’espoir. Je viens en effet de recevoir un petit mot qui m'a beaucoup touché. Il a été envoyé depuis la page contact de Transitio pour me remercier. Voici quelques extraits de ce que m’a écrit cette délicate personne : « Réconfortant, presque « rafraichissant ». On se sent un peu moins seule… » Cela fait plaisir de voir que quelques « fous » dont je fais partie y croient encore… Et ceci même si nous nous épuisons en batailles bien souvent vaines tous les jours, et pratiquement à chaque instant. ».

Voila très exactement ce que je rêvais que soit Transitio ! 😊


    Je sais trop, moi aussi, combien il est pénible d’avoir le sentiment de supporter seul le poids de cette société tellement absurde de bêtise et d’injustice dans laquelle nous vivons. C’est pire encore lorsque l’on a des enfants, car on a alors l’impression de devoir lutter contre une horde d'aliens venus pour leur sucer le cerveau !


    Mais Internet peut changer tout cela. Internet n'est pas seulement l'immense catalogue de vente par correspondance rêvé par certains ! Grâce à ce nouveau média et à tous ses outils divers et variés (Web, Facebook, twitter, YouTube, etc.) on peut découvrir avec soulagement que l’on n’est pas l’inadapté social pour lequel l’ordre établi voudrait nous faire passer, et se rendre compte avec étonnement et soulagement que l’on n’est pas seul !


    J’ai choisi pour terminer cette année 2012, de vous parler du mouvement Occupy WallStreet. C’est un bon exemple, car il m’a fait découvrir une Amérique dont je n’osais même plus rêver l’existence. Pour dire plus simplement, il m’a réconcilié avec les USA. Grâce à Facebook et Tweeter, j’ai même à présent des « amis » dans ce vaste pays et je peux juger avec bonheur du niveau de la contestation, grâce à toutes leurs publications. Eux aussi, ils pensent qu’un autre monde est possible, et ils le clament.



    Le mouvement Occupy n’a pas bien fonctionné en France. Son choix du quartier d’affaires de la Défense fut probablement une erreur stratégique. Occuper cette vaste plateforme battue par les vents, ce quartier si loin du centre-ville de Paris, en bout de ligne de métro, était presque impossible. Le choix du quartier de la Bourse eut été plus judicieux. Même si la Bourse n’est plus ce qu’elle a été par le passé, elle reste un symbole (un peu comme la Bastille en 1789), qui plus est, celle-ci se trouve en face du siège de l’Agence France Presse (si ça peut donner des idées 😉).

    Mais la contestation n’est pas pour autant endormie dans notre beau pays. Que ce soit contre le nucléaire, les gaz de schistes, l’aéroport de Notre Dame des Landes, ou pour sauver Florange ; on s’aperçoit que l’esprit de résistance existe toujours.

Voici par exemple une invitation qui circule sur Facebook depuis hier !



    Un des possibles points faibles de ce mouvement, comme pour celui des Indignés, pourrait être de vouloir s'affranchir de la politique dite "classique". Que nous rejetions les politiques, c'est justement ce que souhaitent par-dessus tout, ceux qui contrôlent le système...


    Mais ne croyez surtout pas que le mouvement Occupy Wallstreet, né en 2011, soit mort de sa belle mort. Ce n’est pas parce que nos fichus médias ne vous en parlent pas que le mouvement n’existe plus, loin de là !


Vous pouvez visiter leur site, en cliquant sur la bannière ci-dessous :



Ou rejoindre leur groupe sur Facebook en cliquant sur cette image :


    Je vous propose donc de regarder sur YouTube une vidéo qui résume l’année 2012 de Occupy WallStreet. Vous y découvrirez une autre Amérique, pas celles des neuneus créationnistes bardés de flingues, qui vocifèrent leur bêtise en sortant de leurs églises obscurantistes, ni celle des impossibles héros hollywoodiens des séries que nous aimons tant, et encore moins celle des oligarques du pétrole ou de la guerre.

    Vous y découvrirez sur cette vidéo des gens qui vous ressemblent, des gens de toutes les couleurs et de toutes générations. Des gens qui en ont assez d'être dépossédés de tout. Le grand mouvement de contestation qui commence à monter actuellement aux USA, hormis celui contre les restrictions budgétaires imposées par le Congrès Républicain, c'est le refus d'une prochaine guerre avec l'Iran...



En résumé, si vous vous sentez seuls, allez sur Internet pour trouver où sont vos amis, ne manquez pas d’aller les retrouver dans le vrai monde et agissez !

Cette affichette qui circule aujourd’hui sur Facebook résume bien tout ça !





Bertrand Tièche

Banque d'image



Amis du clic droit bonjours !

Dans son désir de vous plaire, mais aussi de vous distraire le première version de Transitio comportait une banque d'images. J'ai pensé que vous aimeriez les retrouver sur cette version 2.0 de Transitio.

Vous trouverez dans ces albums, des centaines d'images glanées sur Internet. Elles sont classées un peu arbitrairement, Toutes ne sont pas formidables, beaucoup sont humoristiques et certaines, je l'avoue, sont quelque peu "déplacées".

Je vous laisse libre de vous faire votre opinion et libre à vous d'en faire usage, ou non.


Il suffit de cliquer sur les images ci-dessous pour accéder aux galeries.

   

   

   

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Sciences et techniques



dimanche 30 décembre 2012

L'encyclopédie Faire tout vous-même

Article publié le 30/12/2012 et mis à jour le 15/03/2023.


    La lecture de Transitio vous a démoralisé ou rendu le moral (rayez la mention inutile) et vous avez décidé de suivre d’autres chemins plus sympas, plus conviviaux, loin de cette société au bord de l’effondrement ?


    Transitio ne va pas vous laisser sans aide et vous propose d’emmener avec vous ce guide indispensable : L’encyclopédie « Faites tout vous-même »


    Attention, c’est du lourd ! 606 pages, 50 photos en couleur, 600 dessins, 330 recettes et surtout 147 Mo !!!


    Mille et un trucs pour jardiner sans engrais, faire vos conserves, filer la laine, bricoler, réparer, isoler votre maison, fabriquer vos produits de beauté, tout ce dont vous aurez besoin pour faire « tout par vous-même ».


    J’ai vérifié sur internet si cet ouvrage était encore en vente et je ne l’ai trouvé qu’en occasion. J’espère donc ne pas léser les auteurs en le mettant ainsi à votre disposition.


Mise à jour au 07/03/2015 :

    Je vous avais communiqué en 2012 l'adresse d'un blog depuis lequel vous pouviez le télécharger sans soucis, mais celui-ci a disparu et l'on ne trouve plus aujourd'hui que des sites "louches" de téléchargements de PDF.

    Raison pour laquelle, j'ai finalement décidé de le mettre à votre disposition plus simplement en l'entreposant dans mon site. Il vous suffit donc à présent de cliquer simplement sur l'image ci-dessous.

    Soyez patients, le téléchargement dépend de votre connexion et peut être long. Vérifiez qu'il n'y a pas trop de monde de connecté sur Transitio, car le site n'est pas fait pour du téléchargement.

(Accès direct en cliquant sur l'image)




😢
    Vous pensez que ça ne suffira pas et que tout est fichu ? Transitio se préoccupe vraiment de vous et vous propose cet indispensable guide de survie de l’armée américaine !

Cliquez sur l'image ci-dessous


Jetez aussi un oeil sur ces sites :
Oups, si ça continue, Transitio va devenir un site survivaliste ! 😜


Transitio se soucie vraiment de vous 😍


samedi 29 décembre 2012

Chiffres de l'énergie

Page mise à jour le 08/05/2023



    A l'origine (en 2012), cette page intégrait plusieurs widgets affichant en direct divers cours de l'énergie. Mais ces petits gadgets ne sont plus de mise en 2023 sur des pages de site webs.

    Néanmoins, le site anglais OIL PRICE est toujours aussi intéressant et je vous conseille de lire ses articles, en anglais, mais facile à traduire à présent avec les outils dont disposent les navigateurs sur smartphones et sur ordis.




 


vendredi 28 décembre 2012

Bayou Corne, une très discrète catastrophe due à la fracturation



    Vous n’avez bien sûr jamais entendu parler de la catastrophe pétrolière et gazière qui a eu lieu cette année à Bayou Corne en Louisiane ?

    C’est normal, alors que les médias sous linfluence des lobbies, nous préparent habilement à l’acceptation de l’exploitation des gaz de schistes, il serait malvenu de vous parler d’une énième catastrophe écologique, qui plus est, causée par la fracturation des roches ! Il s’agit là d’une fracturation causée par les travaux d’une compagnie texane d’exploitation de saumure, Texas Brines.

Cliquez sur la photo ci-dessous pour le voir en haute définition.


    Tout a commencé au printemps 2012 par l’apparition de bouillonnements suspects dans les eaux, puis vinrent des petits tremblements de terre. Alerté par les riverains, l’état a dépêché des fonctionnaires qui ont diagnostiqué une source de gaz naturel. C’est au mois d’août que tout a basculé, lorsque soudain, plusieurs hectares de forêt ont laissé la place à un gouffre remplit d’eau mêlée des saumures souterraines, de pétrole et de gaz. Le 3 août, le gouverneur de la Louisiane Bobby Jindal a déclaré l’état d’urgence et a ordonné l’évacuation de 300 résidents de plus de 150 maisons.

Le gouffre de Bayou Corne est une catastrophe écologique sans précédent. Les géologues disent qu’ils n’ont jamais eu affaire à quelque chose de semblable auparavant, mais la nouvelle de cette catastrophe n’est guère allée au-delà des manchettes des médias locaux.

Mauvaise nouvelle pour la compagnie Texas Brine qui produit la saumure et les divers produits chimiques si nécessaires à l’industrie pétrochimique. Celle-ci a d’abord prétendu que l’effondrement avait été causé par les secousses sismiques ressenties, mais les géologues et les représentants de l’état pensent maintenant que c’est l’effondrement de la caverne exploitée par Texas Brine’s qui a causé les tremblements de terre. Ils expliquent qu’un coté de la caverne se serait effondré et celle-ci se serait remplie de pétrole et de gaz créant une surpression dans la caverne. Cette surpression a alors provoqué une fracturation de la roche par laquelle la saumure et les autres liquides ont été poussés vers la surface causant l’effondrement du sol.

Voir le document ci-dessous du United States Geological Survey :



Le journal de la ville de Baton Rouge a révélé que le ministère des ressources naturelles de la Louisiane avait averti en 2011 le directeur de la société Texas Brine, Joseph Ball, que la caverne qu’elle utilisait pour le stockage avait échoué à un test de résistance mécanique. Cette information a naturellement causé la colère des élus locaux.

Le document est accessible par le lien ci-dessous :

La société Texas Brine par l’intermédiaire de son porte-parole, Sonny Cranch, a fini par admettre « qu'il y avait une relation » entre la caverne effondrée et le gouffre, mais a refusé la responsabilité de la catastrophe.

Aux dernières nouvelles, le gouffre d’une profondeur de 111 mètres couvrait une surface de 7 hectares et sa progression ne semblait pas terminée. Lors d’une réunion publique, le 23 octobre dernier, le géologue Gary Hecox a expliqué qu’il n’y avait pas de solution connue pour cette catastrophe, parce que celle-ci était sans précédent.

Depuis, d’autres inquiétudes sont remontées à la surface. Certains riverains se sont souvenus qu’en 1995, Texas Brine’s avait demandé aux autorités de l’état la permission de déverser dans la caverne de « faibles quantités » de matières radioactives connues sous le nom de NORM. Texas Brine’s a répondu que ces matières n’avaient pas été déversées, mais stockées à proximité du puits de forage.

Les agents de l’état ont trouvé des traces de NORM dans le gouffre au moins d’août, mais a des concentrations inférieures aux niveaux acceptables.

Les riverains s’inquiètent malgré tout, et certains font un rapprochement entre le nombre élevé de cancers du sein constatés par l’Institut national du cancer dans la paroisse de l’Assomption entre 2005 et 2009 (7ème place sur 64 comtés de la Louisiane).

Le gouffre continue de s’agrandir et de s'installer, tout comme les roches fracturées en sous-sol, provoquant régulièrement des tremblements et des micro-tremblements de terre observés par des moniteurs sismiques. Le 27 Novembre dernier, le gouffre eu un "burp", du pétrole brut et des débris ligneux sont remontés à la surface et l’eau d'un marais voisin s’est déversée à l’intérieur.

L’état de Louisiane a indiqué que Texas Brine avait extrait une quantité considérable de pétrole du gouffre, mais que l'entreprise n'avait pas réussi à empêcher le pétrole et les autres polluants de contaminer les cours d'eau avoisinants.

Texas Brine a depuis été condamné à payer diverses amendes pour ses manquements (100.000 $ pour retard des opérations de nettoyage). Elle a été contrainte à payer un salaire hebdomadaire de 875 $ pour chaque ménage évacué. Elle est de plus tenue de mettre presque quotidiennement à disposition les informations concernant les actions menées. Ces informations sont accessibles sur le site de la compagnie :


Difficile de trouver des informations récentes sur Bayou Corne. Certaines informations n’intéressent vraiment pas les médias et l’on serait en droit de se demander pourquoi. Ca me rappelle l’inondation spectaculaire de cette centrale nucléaire au bord du Missouri en 2011. Voir mon article Fukushima sur Missouri. Il est vrai que le nucléaire avait déjà mauvaise presse à cette époque, à cause de Fukushima…

Voici tout de même une photo qui date du 21 décembre 2012 qui montre que la catastrophe continue.



Pour ce qui concerne la fracturation hydraulique en France, ne craigniez rien, notre gouvernement a eu la bonne idée d’expérimenter une alternative à la fracturation hydraulique en Algérie. Les Algériens ne diront rien, ils ont l’habitude, la France a déjà expérimenté la bombe atomique chez eux par le passé…

Si certains parmi vous ne connaissent pas bien le problème des gaz de schistes, je vous propose de lire cet article plutôt impartial du journal Sud-Ouest sur 3 rapports publiés par la Commission Européenne : Gaz de schiste : les rapports qui jettent un froid.

Vous pouvez également signer cette pétition en ligne en cliquant sur le bandeau ci-dessous : Wink

Nucléaire japonais, l’horrible retour !!!



Transitio, comme beaucoup d’autres, s'était réjoui trop vite de la fin du nucléaire au Japon (ne pas prendre ses désirs pour des réalités).

Peut-être avez-vous entendu parler du résultat des élections de décembre au Japon ? Les Japonais ont choisi de remettre au gouvernement les responsables de la crise et de virer ceux qui n’ont pu la résoudre…

Avec ce retour des conservateurs, il y a fort à parier que le nucléaire ne tardera pas à refaire surface. Un passionnant article du site novethic.fr nous donne un désespérant aperçu de ce sinistre retour du nucléaire japonais. Peut-être ne parviendra-t-il pas à reprendre une place prépondérante au niveau de la production d’électricité sur le territoire japonais. Mais cela n’empêchera pas cette fatale industrie d’exporter son "savoir-faire" vers des pays en voie de développement, ni même de franchir tôt ou tard le suprême interdit, le "Rubicon japonais", à savoir la fabrication d’armes nucléaires !


Vous trouverez ci-dessous la copie de cet article de Clara Delpas publié sur le site de Novethic

Mais je vous invite sincèrement à le lire plutôt sur le site de Novethic, par respect pour le travail de cette journaliste : Les conséquences inattendues de Fukushima

Le 14 septembre, le gouvernement japonais a annoncé au monde entier l'arrêt du nucléaire civil d'ici la fin des années 2030, mais il ne renonce pas à la construction de nouveaux réacteurs, ni à la production de plutonium. Il pourrait également utiliser le nucléaire à des fins militaires.

Critiqué pour ses mensonges et son incapacité à gérer correctement les migrations de populations consécutives à l’accident de Fukushima, le gouvernement japonais semble avoir tenu compte des manifestants, qui, tous les vendredis, depuis mars 2012, se réunissaient devant le Parlement, grossissant leur nombre de 300 au début, à plus de 100 000 fin juillet... En partie seulement, car pour tous ces citoyens qui demandaient l’arrêt immédiat des centrales, 2039 reste une perspective lointaine. Et, d’ici là le développement des énergies renouvelables devrait s’intégrer dans un mix énergétique autorisant la reprise d’activité de certains réacteurs : pour l’heure seuls 2 d’entre eux ont été redémarrés sur les 50 que comptent désormais le pays. D’ailleurs, le ministre japonais de l’industrie et de la Technologie a confirmé, dès le 15 septembre, la poursuite de la construction de deux réacteurs nucléaires.

Au cours d’une rencontre informelle avec la presse française, le 17 septembre, à l’IDDRI, des chercheurs japonais du programme DEVAST (Disaster Evacuation and Risk Perception in Democracies)* ont rappelé “le poids (trop) important de l’industrie nucléaire au Japon”. « Les municipalités dépendent du financement des industriels du nucléaire. Celle de Fukushima par exemple a autorisé l’implantation de la centrale dans une zone qu’elle savait être à risque sismique et de tsunami » a précisé le professeur Shunji Matsuoka, de l’Université de Waseda.  Il a également rappelé le contexte politique particulier du moment : la tenue des prochaines élections en janvier 2013 dans le pays et le besoin pour le DPJ, parti de droite actuellement au pouvoir, de regagner des électeurs…Or les Japonais veulent sortir du nucléaire à 70%. L’industrie nucléaire japonaise a cependant plus d’une corde à son arc.

 

Les nouveaux débouchés de l’industrie nucléaire civile 

Car le Japon exporte des centrales nucléaires vers des pays en voie de développement (Vietnam, Indonésie, Philippines, Turquie, Lituanie), y compris dans des zones à risques sismiques similaires à celles de Fukushima. “Aux Philippines, les constructeurs japonais réhabilitent l’ancienne centrale nucléaire de Bataan, construite durant les années 1970 par Westinghouse, dans une zone fortement sismique qui jouxte le Mont Pinatubo. Au Vietnam, ils vont construire la première tranche du site de Ninh Thuan, situé au bord de la mer de Chine, dans une région côtière particulièrement exposée aux inondations, aux typhons et à des raz-de-marée ayant déjà atteint des hauteurs de 18 mètres” précise Thierry Ribault, économiste à la Maison franco-japonaise, menant un projet de recherche dans le cadre du programme NEEDS (“Nucléaire : Énergie, Environnement, Déchets et Société »)** .

Le Japon négocie actuellement avec le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Mexique. Et un accord a été passé avec les États-Unis pour y installer la première centrale nucléaire depuis 34 ans. Tirant eux aussi leurs leçons de Fukushima, les industriels sont parvenus à transformer la gestion du désastre en argument commercial. Le Japon peut ainsi se présenter désormais comme expert en catastrophe, et vendre, en plus de ses centrales, des plans de compensation pour les victimes éventuelles d’accidents nucléaires ! L’accord signé avec le Vietnam rappelle même à ce propos « qu’il est un devoir (pour le Japon) de partager au monde les expériences et les leçons de l’accident nucléaire de Fukushima ».
Par ailleurs, le Japon détient 157 tonnes de plutonium, dont une centaine sur les sites de ses centrales nucléaires, le reste étant parti dans les centres de retraitement : sur les 45 tonnes de plutonium séparé que possède le Japon (prêt à être utilisé soit comme nouveau combustible une fois réenrichi, soit dans la fabrication du MOX, soit dans celle des armes nucléaires), 17 tonnes sont au Royaume Uni, 18 tonnes en France, et 10 tonnes au Japon. Or le 1er juin, des officiels de l’industrie nucléaire japonaise ont annoncé vouloir dans les prochains mois produire une demi-tonne de plutonium supplémentaire.  Commentaire du professeur Frank von Hippel de l’Université de Princeton, une autorité mondiale en matière de non-prolifération nucléaire : « C’est de la folie, il n’y a aucune raison de faire cela ». Si ce n’est de vouloir légitimer l’existence du site de Rokkasho, dans le Nord du Japon.  Ce dernier, monté en partenariat il y a 20 ans avec Areva, n’a pour l’instant pas fonctionné plus de deux mois. « Et coûterait trop cher à démanteler, précise Thierry Ribault. Or à pleine capacité, le site peut produire chaque année 8 tonnes de plutonium.  De quoi faire 1000 bombes atomiques. » Et devenir exportateur d’armes.


Vers la bombe atomique japonaise ?

Que le Japon se mette à fabriquer des armes nucléaires reste pour l’heure impossible. Mais des évolutions très récentes le laissent envisager : le 15 juin, un amendement passé quasiment inaperçu a été apporté à la loi fondamentale japonaise sur l’énergie atomique, qui stipule que la recherche et l’utilisation de cette énergie ne peuvent être menées qu’à des fins pacifiques et dans le but de défendre des principes de démocratie, d’indépendance et de transparence. L’amendement établit désormais que « la politique nucléaire du Japon doit contribuer à la sécurité nationale ». Le développement d’un arsenal nucléaire pour la défense du pays n’est cependant pas à l’ordre du jour, cet amendement ayant été présenté comme un moyen « de rassembler tout ce qui concerne le nucléaire sous la même loi : la sûreté nucléaire, le contrôle des garanties de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Atomique) visant à empêcher l’utilisation militaire de matériaux nucléaires et la sécurité nucléaire contre le terrorisme. »

Il ne manquerait cependant plus que l’article 9 de la constitution nationale soit assoupli pour que l’armement nucléaire japonais ait les coudées franches :  l’article 9 établit en effet que le Japon doit renoncer à la guerre comme mode de règlement des conflits internationaux. « Cette révision semble tout à fait plausible », pronostique Thierry Ribault, « au vu de récents sondages d’opinion qui révèlent que 56% des opinions y sont favorables (contre 47% en 2009) … ». Ce nouveau cadre législatif pourrait alors inspirer la Corée du Sud à revendiquer elle-aussi sa souveraineté nucléaire, ce qu’elle réclame d’ailleurs implicitement dans le cadre de son accord de coopération avec les Etats-Unis qu’elle renouvellera en 2014. Et entraîner une course à l’armement dans la zone asiatique, où les tensions politiques sont actuellement très nombreuses. « Des perspectives pour le moins inquiétantes, souligne Thierry Ribault, mais qui révèlent aussi que le désastre de Fukushima porte les conséquences les plus inattendues. »

* DEVAST (Disaster Evacuation and Risk Perception in Democracies) est un programme soutenu par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et la JSTA (Japan Science and Technological Agency). Il porte sur l’évolution de la perception du risque dans la démocratie.
** NEEDS (Nucléaire : Énergie, Environnement, Déchets et Société) est une mission pluridisciplinaire lancé au sein du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) début 2012 pour une durée de 5 ans. L’une des thématiques porte « Fukushima : un an après »