vendredi 13 octobre 2017

En transition vers le tittytainment




(Mais de quoi va-t-il encore nous parler ?)

La transition énergétique par les nuls

    Transitio a vraiment évolué depuis ses débuts. L’idée de créer ce site m’était venue en 2011 lors de mon bref passage à la commission énergie du parti des Verts. Ingénieur thermicien, j’avais alors une idée très précise de la crise énergétique et de l’urgence de la transition qui s’imposait, transition énergétique bien sûr.
    J’ai fini par quitter les Verts peu après qu’ils soient devenus EELV, quand j’ai constaté que la plupart des gens que j’y côtoyais étaient surtout des ambitieux qui voulaient avant tout faire une carrière politique. Lorsque j’étais de mauvaise humeur, je disais que beaucoup étaient entrés chez les écologistes parce qu’ils n’avaient pas pu trouver une place au PS. La suite des événements m’a donné raison puisque ceux qui m’agaçaient le plus ont fini par vendre leur âme au PS pour avoir des postes de ministres ou de députés. Il y en a même un qui a dernièrement rejoint notre banquier président et est devenu président de l’Assemblée nationale !
    Je connais les arguments de ces carriéristes. Ils prétendent qu’il faut faire des concessions si l’on veut pouvoir gouverner et changer les choses. Certains affirment même que tous les moyens sont bons pour gagner. Mais ce faisant, ils ont oublié ou ignoré qu’en agissant ainsi, on devient ce que l’on a combattu.
    Qu’ont-ils gagné ces opportunistes ? Quelles sont les réformes écologiques qu’ils ont réussi à faire passer ? Quel souvenir par exemple garde-t-on aujourd’hui du poste de ministre de Cécile Duflot, l’ancienne secrétaire générale des Verts, puis de EELV ? La Loi Duflot (devenue Loi Pinel) ! Une loi servant avant tout à défiscaliser !!!




Le nucléaire n’est pas le seul problème

    Le milieu professionnel dans lequel j’évolue m’a aidé à très vite comprendre que la France allait louper le coche de la transition énergétique. La raison la plus évidente est bien sûr le pouvoir exorbitant du lobby du nucléaire, et ce, malgré l’impasse dans laquelle il se trouve. En effet, persister dans l’erreur du nucléaire coûterait à présent aussi cher que de l’arrêter ! Nous en sommes réduits à choisir, soit de rénover et surtout sécuriser les centrales existantes, mais aussi construire de coûteux EPR (Lire cet article) ; soit démanteler ces centrales, ce qui, indépendamment du coût exorbitant, pose un problème de faisabilité technique. Certains préconisent même de juste les fermer et d’attendre « quelques années » que la radioactivité diminue un peu afin de permettre les travaux (ou alors c’est peut-être le temps de trouver le budget nécessaire). EDF a même fini par se résigner à admettre que l’électricité produite par les énergies renouvelables était à présent moins chère que celle produite par le nucléaire ! (Lire ce lien)



Transitio critique le système ? (Mais non)

    L’autre raison, plus difficile à admettre ou à comprendre, c’est que la nature même du système économique qui régit les sociétés dans lesquelles nous vivons est un obstacle majeur à une vraie transition.
    Ne vous imaginez pas que je vais me lancer « le couteau entre les dents » dans une charge caricaturale contre le capitalisme ! Que m’importe la nature d’un système économique s’il finit par conduire à un bien être général ! N’est-ce pas après tout ce que le capitalisme a réussi à faire croire aux gens depuis ses débuts ? Travaillez et enrichissez-vous !? Il a eu de plus la grande chance de n’avoir pour seul opposant durant des décennies que le communisme, qui contrairement au capitalisme est une idéologie qui a été pensée pour des hommes qui n’existent pas, et qui pour cette raison a toujours eu à cœur de fabriquer des hommes nouveaux en faisant table rase du passé ! Le capitalisme lui, hélas, correspond aux hommes tels qu’ils sont et plus particulièrement à l’un des comportements de l’espèce humaine qui a longtemps été très efficace, je veux parler de la loi du plus fort. Encore une fois, je n’émets pas de jugement de valeur en écrivant cela. Darwin vous expliquerait mieux que moi que si un comportement permet à une espèce de survivre et de proliférer en assurant le bien-être et la sécurité de tous, c’est qu’il est efficace et profitable à ladite espèce.




La fable du ruissellement

    Les plus forts, appelons-les les plus riches pour faire simple, n’ont jamais été aussi riches qu’à présent, c’est un fait. Leurs dévoués valets-économistes vous expliqueront encore et encore la théorie du ruissellement qui prétend que plus il y a de riches, plus les pauvres bénéficient des retombées de leur excès de richesses ! (Pensez aux mendiants affamés autour de la table de banquets des seigneurs d’autrefois qui attrapaient au vol une cuisse de poulet à peine croquée lancée par le maître las d’avoir trop mangé). Libre à vous de vous satisfaire ou non de cette brillante théorie d’économistes bien nourris. Mais il semblerait malgré tout qu’il ne s’agisse que d’une fable datant des années 80. Ce qui n’a pas empêché notre banquier-président de la ressortir de son coffre (Ce lien raconte l'histoire de cette fable).




    Sachez tout de même que l’OCDE que l’on ne peut guère soupçonner d’être un nid de révolutionnaires assoiffés de sang a publié un rapport en 2014 dans lequel elle s’inquiétait de l’effet nocif sur la croissance économique de la montée des inégalités. Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d’instruction des enfants issus de milieux socio-économiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences. Il ressort également de l’analyse que la redistribution, fondée notamment sur les impôts et les prestations sociales, n’est pas en soi un frein à la croissance, à condition que les mesures prises dans ce sens soient conçues, ciblées et mises en œuvre correctement. (Ce lien conduit à ce rapport)
    Ceux qui sont convaincus que tout cela est dans l’ordre des choses et qu’il en sera ainsi encore pour des siècles, ne voient cependant pas que deux paramètres importants ont changé.


Le premier paramètre

    Le premier paramètre est le plus connu. C’est la prise de conscience de la finitude du monde et de ses ressources limitées. Nous en avons souvent parlé sur Transitio et je vous invite à regarder la petite vidéo qui se trouve sur la page d’accueil qui l’explique très clairement.

    Notre système économique a besoin d’une croissance infinie et se trouve dans l’incapacité totale de penser un arrêt de la croissance, faute d’énergie (lire ce lien) ou de matières premières (lire ce lien) ! Un arrêt de la croissance, cela signifie que les dettes ne seront jamais remboursées...

    Face à la crise dans laquelle nous sommes plongés, nos gouvernants ne sont capables de mettre en place que des solutions qui conviennent au système économique dominant.
Concernant l’énergie, la plupart sont persuadés que l’on pourra remplacer le pétrole qui avait remplacé le charbon qui lui-même avait remplacé le bois (en France on croit bien sûr que ce sera le mortifère uranium).

    Quand bien même nos gouvernants seraient-ils sincèrement convaincus qu’il faut agir, chaque fois ils ne le font qu’en utilisant des solutions inspirées du système économique dominant, c’est-à-dire avec des solutions sensées rapporter de l’argent (mais obsolètes et inefficaces). Le scandale de l’arnaque aux quotas carbone constitue un magnifique exemple ! Diminuer la consommation des énergies carbonées est devenue vital, d’une part pour retarder le choc que provoquera leur raréfaction et d’autre part pour lutter contre le réchauffement climatique. Quelle solution le système a-t-il trouvé ? L’Etat français a créé en 2007 un grand marché des quotas carbone. L’idée étant d’acheter et vendre des quantités de carbones allouées à chaque gros émetteur de CO2. Mais le 9 décembre 2009, l’organisation européenne des polices publia ce communiqué dévastateur : « Le marché européen des échanges de quotas de CO2 a été victime d’échanges frauduleux depuis dix-huit mois. Dans certains pays, jusqu’à 90 % du marché du carbone était le fait d’activités frauduleuses. » Cette arnaque à la TVA a coûté en un an, 1,6 Milliards d’Euros à la France ! Lisez cet article du journal Le Monde qui explique le détail de cette escroquerie née de la délinquance financière, avec son lot d’extorsions, de règlements de comptes et d’assassinats : "Histoire de l'arnaque au carbone"

Cette petite vidéo explique bien l'arnaque.


    Personnellement, ce qui me choquait à l’époque, c’était que les gens ayant des revenus très modestes qui étaient chauffés par des réseaux de chaleurs, payaient dans la facture de leur chauffage ces fichus quotas, en raison du fait que les centrales thermiques desservant les réseaux de chaleur étaient assujetties à cette taxe (et pas les petites chaudières). Mais bon, tout le monde s’en foutait… Vous pouvez lire mon article rédigé en 2012 sur ce sujet : "La biomasse sans langue de bois"


There is no alternative (Comme disait Margaret Thatcher)





    Pas d’alternative au capitalisme, bien sûr ! En France on dit qu’il n’y a pas de plan B.
En effet, les seules solutions que nos gouvernants sont capables de mettre en place, doivent être validées par les lobbies de l’énergie et de l’industrie (tout comme leurs politiques doivent être validées par les marchés financiers). Les mesures écologiques doivent avant tout pouvoir rapporter de l’argent si l’on veut les appliquer. Pas seulement de l’argent pour les financer, mais surtout de l’argent pour enrichir les actionnaires. Le problème des énergies renouvelables, ce n’est pas qu’elles ne sont pas efficaces, le vrai problème c’est qu’il est difficile pour les grands groupes de les monopoliser.
    Il faut se rendre à l’évidence, le capitalisme ne peut pas être vert, pas plus qu’il ne pouvait être rose ou rouge ! Ce n’est pas un jugement de valeur, ce n’est ni bien ni mal. J’ai déjà écrit ailleurs dans Transitio ce que je pensais de l’idée de prendre le pouvoir.


Le second paramètre (Nous y voila!)

    Vous aurez remarqué que la question de l’emploi commence à poser un sérieux problème. Les mêmes économistes donneurs de leçons qui vous expliquaient la théorie du ruissellement vous expliqueront avec assurance que de nouveaux métiers remplaceront les métiers des services, métiers qui avaient remplacés ceux de l’industrie qui avaient remplacés ceux de l’agriculture. Néanmoins, force est de constater que des millions d’emplois ont disparu. La plupart ont d’abord été délocalisés, pour de bonnes raisons économiques bien sûr (augmenter les marges bénéficiaires et verser de mirifiques dividendes aux actionnaires). Les chômeurs touchés par ces délocalisations ou re-concentrations devraient peut-être suivre les conseils de mobilité donnés par notre banquier-président : « Bien sûr la mondialisation peut être cruelle. Mais 2 millions de Français travaillent aujourd’hui à l’étranger ! ». On a fermé les usines Moulinex en France pour produire les micro-ondes en Chine, les aspirateurs en Pologne et les moteurs à Hongkong ? (Lire ce lien) Faites vos valises maudits franchouillards qui êtes si attachés à vos villages, villes et familles !
Puis-je me permettre de vous donner un petit conseil avant de suivre le conseil de notre bienveillant banquier-président ?
Inutile de faire vos valises, chers concitoyens, car il est temps que je vous explique ce qu’est le second paramètre…


Vous ne servirez bientôt plus à rien…

    Après la délocalisation qui a fait de notre pays un désert industriel, voici la robotisation. Celle-ci est en train de supprimer des millions d’emplois. Transitio vous en avait déjà parlé lorsque j’avais traduit en 2014 un article de The Economist : « En transition vers le chômage de masse ». Les prédictions de cet article étaient pour le moins alarmistes. Selon la Banque Mondiale, entre 1990 et 2007, 670.000 emplois industriels ont été détruits et depuis 10 ans le phénomène s’est accéléré.
    Cela n’empêche pas certains, probablement les mêmes que ceux qui pensent que l’on trouvera une nouvelle énergie miraculeuse, de minimiser l’impact de la robotisation en imaginant que cette nouvelle révolution sera créatrice de nouveaux emplois. Mais ne rêvons pas, cela ne va pas se passer comme au 19ème siècle avec la mécanisation. Il ne vous suffira pas d’apprendre à devenir de nouveaux mécanos pour bénéficier de ce fabuleux « bond en avant ». Non, car ces robots seront d’une complexité extrême et ils bénéficieront d’une intelligence artificielle qui, ne vous vexez pas, surpassera très vite la vôtre comme la mienne. Comme le dit Laurent Alexandre, chirurgien, énarque et spécialiste des nouvelles technologies : « Dans le futur, seuls les gens très intelligents et très doués trouveront du travail ».



Vous pouvez cliquer sur l'image pour lire un article très intéressant

    Méfions-nous malgré tout des propos de ce gourou auto-proclamé de l’intelligence artificielle, qui fait partie du gang des transhumanistes bien connus pour leur dégoût de l’humanité et leur aspiration à une vie éternelle. Vous pouvez néanmoins lire cet article à propos du livre qu’il vient de publier : « La Guerre des intelligences ».
    Je vous propose avant de poursuivre la lecture de ce trop long article, de regarder cette vidéo réalisée par l’émission #DATAGUEULE qui traite brillamment du sujet et dont la conclusion est plutôt optimiste. Son titre : « La Faim du travail ».



Les gens qui ne sont rien

    Cela a commencé discrètement, derrière les murs des usines. Mais regardez bien autour de vous, plus personne aux péages des autoroutes, presque plus de guichets dans les gares ni dans le métro, de plus en plus de caisses automatiques dans les magasins. La chasse aux petits métiers est ouverte et elle ne fait que commencer ! Les petites gens n’auront bientôt plus le droit d’exister, puisque qu’ils ne pourront plus ni travailler ni se loger, ni vivre. Et gare à ceux qui protestent ! Notre banquier-président n’hésite pas à les insulter en les traitant de fainéants ou d’illettrés ! Il a même été jusqu’à évoquer « les gens qui ne sont rien ». Regardez cette vidéo…



Il y en a d’autres plus affligeante encore sur cette page : « 6 phrases polémiques de Macron ».

Petite manifestation de mécontentement (à laquelle j'ai participé) des gens qui ne sont rien, le 3 juillet 2017, place de la République à Paris.




La géniale solution de Zbigniew au forum sur l’état du monde en 1995 !

    Ne pensez pas, pour vous rassurez, que ces paroles sont « sorties de leur contexte ». La prise de conscience de notre grandissante inutilité par nos dirigeants n’est pas nouvelle !

    Un forum sur l’état du monde s'est tenu du 27 septembre au 1er octobre 1995 à l'Hôtel Fairmont de San Francisco. L'objectif de la rencontre était de déterminer l'état du monde, de suggérer des objectifs désirables, proposer des principes d'activité pour les atteindre et d'établir des politiques globales pour obtenir leur mise en œuvre. Les cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan réunis (parmi lesquels Mikhaïl Gorbatchev, George Bush père, Margaret Thatcher, Václav Havel, Bill Gates, Ted Turner, etc.) sont arrivés à la conclusion que « dans le siècle à venir, deux-dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l'activité de l'économie mondiale ». Le problème se poserait alors sur la manière de gouverner 80% de la population restante, superflue dans la logique libérale, c’est à dire ne disposant ni d’un travail ni d’un quelconque talent à vendre, ce qui nourrirait une frustration croissante et dangereuse.

Le tittytainment !

    C'est alors que l’un des participants, le démocrate Zbigniew Brzezinski, membre de la commission trilatérale et ex-conseiller du président des États-Unis Jimmy Carter, a proposé un tout nouveau concept, le tittytainment, un savant cocktail de nourritures physiques et psychologiques qui endormirait les masses et contrôlerait leurs frustrations et leurs protestations prévisibles. Brzezinski a expliqué l'origine du terme tittytainment, comme une combinaison des mots anglais « tit » (« sein » en anglais) ou « titillate » (« taquiner pour exciter gentiment » en anglais) et « entertainment » le terme anglais pour divertissement. La connotation sexuelle y est moins présente que l’allusion à l’effet endormant et léthargique que l'allaitement maternel produit chez le bébé quand il boit. Ce politologue avait soutenu sa thèse de doctorat en 1953 sur la question du « totalitarisme soviétique » et son père, diplomate polonais au Canada en 1939 n’avait pu retourner dans son pays pour d’évidentes raisons (le pacte germano-soviétique). C’est peut-être pour cela qu’il a imaginé cette solution plutôt douce à notre inutilité. Mais ne peut-on imaginer qu’un jour, quelqu’un de moins bien intentionné ait une autre solution ?
    Juste une petite précision, vous aurez bien compris j’espère, que si vous ne travaillez pas et que vous êtes stupides comme vos pieds, mais que vous faites partie de la richissime minorité de la population, vous n’aurez pas de souci à vous faire. Ce n’est pas Laurent Alexandre, le gourou de l’intelligence artificiel évoqué plus haut, opulent exilé fiscal réfugié à Bruxelles qui vous dira le contraire. (Lire ce lien).


En transition vers le tittytainment !

    Le tittytainment est actuellement discrètement mis en œuvre. On constate un abêtissement général de la population et même une baisse régulière du quotient intellectuel. Les programmes scolaires ont tous été revus en raison du fait que l’on n’a plus besoin comme par le passé d’une classe moyenne éduquée (à quoi bon des ouvriers qualifiés, des techniciens ou des ingénieurs ?). Il n’y a jamais eu autant de moyens de se distraire. S’amuser est presque devenu une obligation.





    Cette transition, puisqu’il s’agit bien d’une transition se passe presque « en douceur ». Les quelques malheureux qui protestent pour conserver leur travail et un peu de dignité ne représentent qu’une infime minorité et les rares politiques honnêtes qui les défendent sont présentés par les médias comme étant de très dangereux populistes.


Nommer la chose

    Je me demande toujours quelle est la part d’organisation dans tout cela, car je répugne à sombrer dans de ridicules théories du complot. Je me dis qu’il y a peut-être une sorte d’inconscient collectif qui nous fait agir dans un certain sens, en réaction à un changement de notre environnement, pour le bien de l’espèce comme dirait Darwin. Mais il suffit malheureusement d’être un peu attentif et de s’informer pour constater que ceux qui mettent en place ce tittytainment savent très bien ce qu’ils font. Parmi les techniques utilisées, il y a l’appauvrissement du langage. 
    C’est le célèbres George Orwell qui avait démontré l’efficacité de cette technique dans son livre « 1984 ». Dans le monde de 1984, chaque année, le gouvernement éditait un nouveau dictionnaire de la langue officielle, la novlangue, et chaque année le dictionnaire contenait de moins en moins de mots. L’idée géniale était que plus l’on a un vocabulaire réduit moins on peut élaborer de pensées complexes, voire dangereuses. Les techniques d’ingénierie sociale ont bien progressé depuis l’époque des grands totalitarismes. La violence est devenue presque inutile. A quoi bon brûler des livres comme les nazis ou censurer et emprisonner des auteurs comme les soviétiques ? Alors qu’il est si facile de dégoûter à jamais les gens de la lecture, lors de leur passage à l’école par exemple ? (La lecture étant considérée par les pédagogues comme une pratique élitiste).
    Regardez plutôt cette image, très parlante. Orwell, l'auteur de 1984 craignait que l'on interdise aux gens de lire. Huxley, lui, craignait que l'on dégoûte les gens de lire...





    Comment définir le tittytainment ? Un totalitarisme soft des temps modernes ? Avez-vous lu l’article de Transitio sur Propaganda, le livre publié par Edward Bernays en 1929 ? En voici un extrait :
« L’instruction généralisée devait permettre à l’homme du commun de contrôler son environnement. A en croire la doctrine démocratique, une fois qu’il saurait lire et écrire il aurait les capacités intellectuelles pour diriger. Au lieu de capacités intellectuelles, l’instruction lui a donné des vignettes en caoutchouc, des tampons encreurs avec des slogans publicitaires, des éditoriaux, des informations scientifiques, toutes les futilités de la presse populaire et les platitudes de l’histoire, mais sans l’ombre d’une pensée originale. Ces vignettes sont reproduites à des millions d’exemplaires et il suffit de les exposer à des stimuli identiques pour qu’elles s’impriment toutes de la même manière. »

    Noam Chomsky a écrit quelque part : « La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature. »





Voilà pourquoi Transitio a décidé de mettre à l’honneur ce mot que vous n’entendez jamais, le tittytainment ! Car si l’on ne nomme pas les choses, on ne peut pas les penser !


Encore un mot.

    Encore un mot sur Zbigniew Brzezinski, pour mieux cerner le personnage, l’étonnant inventeur du ce nouveau concept d’ingénierie social, le tittytainment.
Il faut tout de même savoir que c’est lui qui a eu l’idée géniale, alors qu’il était le conseiller national en sécurité du président Carter d’œuvrer de telle sorte que celui-ci signe le 3 juillet 1979 la première directive pour l'aide secrète aux opposants au régime pro-soviétique à Kaboul. Il fut l’instigateur de l’opération « cyclope », une campagne de soutien aux moudjahidin au Pakistan et en Afghanistan, dirigée par les services de sécurité pakistanais avec le soutien financier de la Central Intelligence Agency et du MI6 britannique. Une partie du programme de la CIA était dirigée par leur division d'élite des activités spéciales et comprenait l'armement, la formation et la direction des moudjahidines d'Afghanistan. Son idée était de pousser les soviétiques à intervenir en Afghanistan afin que cela devienne leur propre Vietnam. Et c’est en effet ce qui arriva, pendant près de 10 ans, l’Union Soviétique a dû mener une guerre insoutenable pour le régime, un conflit qui a largement contribué à l’effondrement de l'empire soviétique. L’ami Zbigniew a d’ailleurs raconté tout cela dans une interview accordée au Nouvel Observateur en janvier 1998.





    Vous en apprendrez plus sur la page de David N. Gibbs, professeur d’histoire à l’université de l’Arizona : David N. Gibbs
Le texte complet de son article est téléchargeable en cliquant sur ce lien : "Afghanistan, the Soviet invasion in retrospect"
    Mais faites attention, car vous trouverez sur Internet plein d’articles du style « complot mondial » sur Zbigniew. On le voit même sur une photo avec un militaire afghan présenté comme étant possiblement Ben Laden. (Voir ce lienMéfiez-vous car c’est peut-être comme la photo d’Hillary Clinton que l’on voit serrer la main de Ben Laden, qui est en fait un montage réalisé à partir d’une photo où elle serrait la main du musicien indien Shubhashish Mukherjee en 2004. (Voir ce lien).
    La photo ci-dessous est vraie, on y voit Ben Laden présenté comme un guerrier de la paix...






Conclusion ?

    Parfois, lorsque j’ai des idées noires, je me dis qu’après tout, il n’y a peut-être pas moyen de faire autrement. Regardez bien autour de vous. Quelle est selon vous la proportion de gens qui veulent être vraiment libres et informés ? La liberté implique une prise de risque, le savoir oblige à prendre conscience de sa condition et rend souvent malheureux. Combien dépensent presque un mois de salaire pour avoir le dernier iPhone et jouer à Candy Crush, regarder des vidéos de chats et parler de rien à coup de "lol" et de "mdr" ?
Peut-être n’y a-t-il effectivement pas d’alternative au tittytainment ?...


Post Scriptum :
Je me demande tout de même où ils trouveront toute l'énergie nécessaire pour faire fonctionner leur monde de robots...


dimanche 20 août 2017

Transition vers la Zombie apocalypse ?



Quel titre ! Que va-t-il encore nous raconter ? (Vous demandez-vous)

    Avez-vous lu ceux que l’on appelle les pères de l’église ? Avez-vous lu l’ancien et le nouveau testament ? Avez-vous lu le coran ? Je me suis infligé ces pensums. Au début ce fut en raison de ma culture protestante calviniste (grand-père suisse) qui demande la pratique de l’exégèse (étude des textes), ensuite, l’athéisme venu, ce fut pour tenter de comprendre comment et pourquoi ces invraisemblables ouvrages avaient pu devenir si importants.

De mauvais livres. (Au sens propre comme au figuré)


    « Invraisemblable » Le mot vous étonne ? Il vous choque peut-être ? Dans ce cas je vous fais la grâce de penser que vous n’avez pas lu ces pavés.
A la lecture de l’ancien testament, vous auriez été horrifié par ce que vous auriez découvert de ce dieu abominable et jaloux qui fait commettre tant d’atrocité à son malheureux peuple conduit par des prophètes névrosés ! (Viols, incestes, meurtres et génocides en tous genre.)
Découvrant ensuite, presque avec soulagement, le nouveau testament, je ne doute pas que votre sens moral aurait été ébranlé à la lecture du délirant sermon sur la montagne (Mathieu chapitre V), et je gage que les imprécations de Paul de Tarse, dans ses fameux épîtres vous auraient choqué !
    Avez-vous lu Saint Augustin ? Ce grand malade qui a inventé le péché originel et dogmatisé sur le fait que nous naissions tous coupables du péché d’Adam, raison pour laquelle selon lui la nature humaine est viciée et que les enfants naissent coupables ! Lisez ses confessions et vous comprendrez qu’un pareil pervers suivrait de nos jour un traitement thérapeutique sévère.
    J’ai lu aussi le coran, bien sûr. Au début c’est sympa, on retrouve des personnages que l’on avait rencontré dans la bible, un peu comme lorsque l’on regarde la saison 3 d’une série que l’on a suivie. Mais ensuite, ça dérape et l’on a très vite le sentiment d’un retour à la case départ en redécouvrant la brutalité de l’ancien testament. On a l’impression que ça a été écrit par des gars qui voulaient faire une suite à Harry Potter, mais de mauvais scénaristes qui n’auraient pas bien compris les épisodes précédents...
    Quand on s’est donné le mal de lire tout ça, comme je le disais en introduction, vient tôt ou tard le moment de la grande question : « Comment d’aussi mauvais livres ont-ils pu faire un tel buzz ? ».


Des époques troublées ?

Concernant le christianisme, on peut constater que sa diffusion, puis son essor, correspond à l’affaiblissement, puis à la chute de l’empire romain. J’espère que vous ne croyiez pas qu’il datait du temps de Jésus ! Le vrai inventeur du christianisme, vous comprendrez très vite en le lisant que ce fut Paul de Tarse (Saint-Paul si vous préférez). En devenant la religion officielle de l’empire romain, le christianisme portera un coup fatal à cette société en décadence. Une fois les élites converties, leurs fils auront plus à cœur de devenir des évêques, que les généraux nécessaires pour défendre l’empire ; empire qui bientôt s’effondrera sous les vagues déferlantes des peuples venus d’Europe centrale (pour cause de refroidissement climatique).
Concernant l’islam, sa naissance ne vient pas aussi tard qu’on le prétend par rapport au christianisme. Lorsque l’ange Gabriel « apparaît » pour la première fois à Mahomet, qui a alors 40 ans, en l’an 610, ce n’est que 200 ans après la chute de Rome prise par les troupes d’Alaric le 24 août 410, catastrophe contemporaine de Saint Augustin, évêque d’Hippone en Afrique du Nord, qui vit d’ailleurs arriver à l’époque des milliers de réfugiés venus d’Italie. L’expansion de l’islam correspond à une époque de guerres et conquêtes incessantes parties comme lui de l’Arabie.
Si donc le christianisme a une petite longueur chronologique d’avance sur l’islam, force est de constater que ces deux religions ne s’épanouissent pas au cours de périodes particulièrement glorieuses de l’histoire de l’humanité. Il s’agit plutôt de périodes d’effondrement et de chaos. Les bibliothèques brûlent et les nouveaux prédicateurs ne risquent plus de rencontrer les « esprits forts » qui s’étaient moqués de Paul à Athènes !


Des religions d’états !


Le principal objet d’une religion si l’on y réfléchi bien, n’est-il pas de servir et justifier le pouvoir en place, surtout si ledit pouvoir se veut absolu ? J’adore tout particulièrement cette définition de le religion donnée par Paul Henri Dietrich, baron d'Holbach (1723 - 1789) extraite de son ouvrage « Le christianisme dévoilé » :
« La religion est l'art d'enivrer les hommes pour détourner leur esprit des maux dont les accablent ceux qui gouvernent. À l'aide des puissances invisibles dont on les menace, on les force à souffrir en silence les misères qu'ils doivent aux puissances visibles. ».
J’ai toujours préféré cet étonnant baron à ce vieux malin de Voltaire qui se moquait de la religion dans ses livres mais qui dans sa correspondance écrivait :
« Il est fort bon de faire accroire aux gens qu’ils ont une âme immortelle et qu’il y a un Dieu vengeur qui punira mes paysans s’ils veulent me voler mon blé ».


Sans rire !

    Je vais me faire l’avocat du diable et tenter de défendre dieu.
Peut-être y a-t-il réellement un dieu, un créateur, une entité qui a effectivement créé cet univers, avec ses milliards de galaxie contenant chacune des milliards d’étoiles autour desquelles tournent des milliards de mondes, et puis tous les autres univers parallèles ou juxtaposés au notre. Admettons, dans un moment de faiblesse. Mais croyez-vous vraiment dans ce cas, que ce dieu puisse se préoccuper de ce que nous avons le droit de manger, de dire et de faire ? Sérieusement ?
Sans rire ?


Mais alors pourquoi les religions ?


    J’en ai déjà parlé dans un autre article « Religions, non merci », l’esprit religieux correspond probablement à un concept que notre espèce a dû élaborer à l’aube de son histoire pour répondre à une interrogation qui ne pouvait alors avoir de réponse compréhensible. La foi correspondrait alors à une suspension de l’intelligence, une sorte de mise en veille. Lorsque l’environnement change, les comportements doivent changer également, au risque de nous conduire dans des impasses.


La question de trop.

    Réfléchissez bien, qu’y a-t-il de plus horrible que de convaincre un être qu’il peut vivre la pire des vies, puisque ce sera mieux après sa mort ?
Quoi de plus inepte et odieux que de prétendre que nous naissons coupables ?

    Arrêtons-nous un instant sur cette seconde question : « Quoi de plus inepte et odieux que de prétendre que nous naissons coupables ? ».
    Pourquoi nous y arrêter ? Mais parce que ce concept de culpabilité est l’un des plus formidables outils de manipulation ! C’est parce que la religion a corrompu nos cultures de ce concept de culpabilité, que ceux qui nous gouvernent peuvent nous convaincre que nous sommes coupables des prétendus crimes de nos ancêtres ! Guerres, génocides, colonisations, et autres horreurs !
    Un enfant à la naissance n’est coupable de rien. Devenu adulte il ne sera coupable que de ses propres méfaits, rien de plus !
    A la naissance, un enfant n’est ni chrétien, ni musulman ni juif ni rien d’autre. Il n’est pas plus israélien que palestinien, par exemple. C’est seulement un être humain qui naît au sein d’une communauté culturelle, dont il n’a en aucun cas à assumer les crimes passés. Qu’est-ce que cette communauté culturelle au sein de laquelle il naît ? Rien d’autre qu’un groupe d’humains qui partagent momentanément quelques concepts qui leurs permettent tant bien que mal de faire société.
    Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer le passé ! L’étude de notre histoire commune nous permet de comprendre notre environnement ainsi que les raisons des codes et coutumes que nous utilisons. Mais en aucun cas, l’histoire ne doit servir à entretenir un sentiment de culpabilité, comme elle le fait malheureusement la plupart du temps.


Les prêtres masqués,

    Quelques soient leurs chapelles, religieuses, politiques ou médiatiques, méfions-nous de ces prêtres qui nous prêchent, la haine de soi, l’austérité, l’ascétisme, en un mot le nihilisme ! Nietzsche les appelait les « prêtres masqués » !
    Combien de fois ai-je découvert avec consternation cette haine de soi et de l’humanité entière chez certains écologistes ! Car ces prêtres masqués officient partout, aussi bien sur Internet qu’à la télé ou à l’école...
    Ces prêtres masqués font de nous d’éternels coupables, accablés par le ressentiment. L’homme du ressentiment, c’est l’homme de la culpabilité, qui veut se punir dans un esprit de vengeance d’abord tourné vers lui-même, mais qui se tourne ensuite contre les autres.


Apocalypse zombie, (Nous y voilà)

    Les valeurs que nous inculquent ces prêtres masqués, reposent sur des fables effrayantes. La peur ressentie par certains les poussent à se précipiter vers le néant protéiforme : intégrisme, totalitarisme, mythes, drogues, etc.
Si nous ne voulons pas disparaître un jour dans un tsunami de nihilisme, du genre « apocalypse zombie », nous devront trouver de nouveaux chemins à l’écart de l’esprit religieux. Il y a urgence !

    Dieu n’existe pas, pas plus que Gaïa (chère à certains écolos). L’ère de l’athéisme doit venir, mais pas un athéisme cherchant à remplacer dieu par un autre mirage, comme le transhumanisme par exemple, qui lui aussi ressort de la haine de l’humain.

    Vous trouvez que j’exagère ? Mais regardez autour de vous ! Les premiers zombies sont déjà là qui se lèvent, fous de peur et de mort !





Post Scriptum : Lisez absolument Nietzsche. De nos jours c’est devenu presque vital.


Pour info : Transitio a été piraté par des Chinois et j'ai eu quelques soucis à le remettre en ligne, mais voilà, c'est arrangé ! 

vendredi 28 avril 2017

En transition vers la peste ou vers le choléra ?

Article mis en ligne le 28 avril 2017 et mis à jour le 19 mai 2017, le 11 mai 2020, le 2 mars 2022 et le 6 mai 2023.



Petite réflexion sur le libéralisme à la française.

    Je suis toujours embarrassé par les articles qui collent de trop près à l'actualité. Ils sont souvent écrits trop vite et ils se démodent encore plus vite. L'avantage de celui-ci est qu'il prend appui sur un article publié sur le site du Wall Street Journal en 2015. Il s'agit donc pour le moins d'une réflexion s'étalant dans le temps.

    Vous découvrirez donc dans ma traduction de cet article du WSJ, une très intéressante description de notre nouveau président, le fringuant Emmanuel Macron. Vous y apprendrez par exemple, pourquoi il avait pour mission en 2012 de rassurer les banquiers, pendant que son vieil ami François Hollande provoquait l'enthousiasme lors d'un meeting de sa campagne électorale, en évoquant son terrible adversaire sans visage, "le monde de la finance".

Dans la première version de ma présentation du 28 avril, j'écrivais ceci :
"Deuxième tour des catastrophiques élections présidentielles en France. Je ne vais bien sûr pas voter pour la peste brune. Il me reste donc 3 possibilités : ne pas voter, voter blanc, ou voter pour Monsieur Macron."

    Le choix électoral se réduisait entre voter pour celui qui défend un système économique qui est cause de misère, et voter pour un parti populiste, raciste et haineux, effet de la misère causée par le précédent. Peste ou Choléra ?

La cause et l'effet...



Front Républicain ?

    Au nom du sacro-saint "Front Républicain", j'ai voté contre Le Pen. Otage de la naïveté de mes concitoyens, j'ai dû voter pour le si séduisant Macron, sémillant représentant des libéraux.

    Qu'est-ce que le libéralisme ? Plus précisément qui sont les libéraux ? J'aime beaucoup cette lucide définition donnée par l'historien Henri Guillemin :
"Les libéraux sont des affairistes qui sont costumés en républicains et qui ne pensent en réalité qu'à la protection des grands intérêts.

    Ecoutez cet extrait de l'une de ses conférences. Il est savoureux. Je vous conseille de lire et écouter les travaux de cet historien étonnant. La vidéo disparaît souvent, on ne se demande pas pourquoi. Si elle disparaît de cette page il vous faudra la chercher ailleurs.
On peut trouver le texte sur cette page de maquisards bretons en cliquant : Ici



    Vous pouvez également lire cet article, probablement écrit par un anachronique gauchiste "Libéral, ça veut dire quoi", sur le très sulfureux site Agoravox.

    Finalement, le candidat du système a gagné et l'idiote utile, la candidate antisystème du système a perdu (mais grâce au gagnant elle récoltera encore plus d'électeurs pour les élections de 2022).

    Ce fut une belle campagne, étonnante, pleine de rebondissements, mais le plus important c'est que le candidat enfanté par la finance et supporté presque unanimement par la presse ait gagné !...

C'est peut-être le moment de relire l'article de Transitio sur le fameux livre "Propaganda" ?


Vous trouvez que j'exagère ? Alors regardez et surtout écoutez bien les confessions de ce banquier très souriant dans la vidéo ci-dessous...

Une prophétie (de 2012, mais qui s'est réalisée !)


L'article de 2015 du Wall Street Journal ! (Enfin !)

    Après ma trop longue introduction, voici enfin ma traduction de cet article du WSJ ! J'y ai ajouté quelques liens, mais les mots soulignés dans le texte sont ceux de l'article en anglais. Veuillez excuser certaines lourdeurs, mon anglais n'est pas excellent.

 
    L'article est signé de Stacy Meichtry et William Horobin. Il est réservé aux seuls abonnés du Wall Street Journal, mais j'ai réussi à le récupérer en entier (Hi hi hi !).


La version PDF en anglais est téléchargeable en cliquant sur la bannière ci-dessous :

By Stacy Meichtry and William Horobin
Updated March 8, 2015 6:13 p.m. ET

Hollande met le sort de la France entre les mains de l'ex-banquier Macron

Alors que le président des Français se détourne d’une politique de taxation des riches, le ministre de l’économie s’engage à être « plus conflictuel » (NDT : Plus intransigeant)

Le Ministre français de l'Economie Emmanuel Macron en a pris plein les oreilles en janvier de la part de responsables d’entreprises américaines de technologie et de vente qui l’ont sermonné à propos de la réputation d’inhospitalité de la France envers les entreprises, lors d'une réunion à l'hôtel Venetian à Las Vegas.

Ils se sont plaints que le gouvernement intervenait trop, que le marché du travail était trop encadré de règles et que les impôts sur les sociétés étaient onéreux, surtout que depuis deux ans une taxe de 75% sur les salaires de plus de € 1.000.000 (1,1 million $) a été imposée par le président François Hollande après son élection en 2012.

M. Macron, un ancien banquier d'investissement de 37 ans qui est devenu le plus haut fonctionnaire de l’économie de la France en août dernier, a croisé ses mains comme pour une prière et a répondu qu'il était venu de Paris en avion pour délivrer le message suivant : "je suis d'accord avec tout." (NDT : tous ces reproches)
Il a ajouté : « Je pense que la taxation à 75% était une grosse erreur »

Le coup de pique envers son patron n’était pas un lapsus. Depuis des années, il a poussé M. Hollande et le Parti socialiste à se décider de procéder à une modernisation longtemps retardée de l'économie de la France, la deuxième plus grande de la zone euro. A présent, le président français conditionne la survie de son gouvernement à l’agenda de M. Macron.
En Février, M. Hollande a mis en avant des réformes économiques conçues par M. Macron, connues sous le nom de "Loi Macron" devant l’assemblée nationale. L’opposition du propre parti du président était si virulente que M. Hollande a utilisé des pouvoirs constitutionnels spéciaux pour contourner l'Assemblée nationale, la première utilisation de cette procédure depuis près d'une décennie.

Les législateurs en colère ont riposté en soumettant le gouvernement de M. Hollande à un vote de confiance. Bien que le vote n'ait pas abouti, il a mis en évidence les dissensions suscitées par la décision du président français d’abandonner sa méthode de recherche du consensus qui l’avait porté au pouvoir, mais qui faisait de lui un réformateur économique lent.

Sous la pression croissante
La France est sous la pression croissante des fonctionnaires de Bruxelles et de Berlin pour apporter des changements structurels aux sclérotiques règles de travail et aux tracasseries administratives qui ont contribué à faire de l'économie française un boulet pour la croissance de la zone euro. Au quatrième trimestre de l'an dernier, le produit intérieur brut a augmenté de seulement 0,1% en France, contre 0,7% en Allemagne.

En soutenant M. Macron, M. Hollande se détourne de son passé d’apparatchik qui se souciait d’apaiser la gauche du parti socialiste avec des politiques de taxation des riches et de politiques pour l’emploi qui pesaient sur les finances de la France, comme les subventions à l'emploi pour plus de 150 000 jeunes.

Il est de plus en plus clair que le chef français a décidé de lier son destin politique avec les gouvernements européens, menés par l'Allemagne, qui considèrent les droits et la protection de l'emploi comme autant de causes de l'inertie économique.

"Je suis heureuse", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel alors qu’elle se tenait au côté de M. Hollande à Paris trois jours après son bras de force avec le Parlement français. "Il montre que la France a la capacité d'agir." Un proche collaborateur de M. Hollande a dit qu'il n’était pas compétent pour faire un commentaire.

Les fonctionnaires de l'Union européenne veulent qu'il aille beaucoup plus loin, en assouplissant la réglementation du travail qui limite les possibilités des entreprises de licencier des travailleurs et d'embaucher du sang neuf. Cela met M. Hollande sur une trajectoire de collision avec son propre parti.

Lors d'entretiens avec le Wall Street Journal, M. Macron a dit qu'il prévoyait de renforcer sa loi éponyme en moyens susceptibles d'élargir la fracture. Par exemple, il veut permettre aux entreprises de contourner les règles de travail rigides et de négocier directement avec les employés, un mouvement qui pourrait porter atteinte à la sacrosainte semaine de travail de 35 heures en France.

"On doit devenir plus conflictuel," dit-il. Le Sénat devrait être en mesure de commencer l'examen du projet de loi en avril.

L'ascension de M. Macron depuis le derrière de la scène, dans sa fonction d’architecte et de champion désigné de Monsieur Hollande a alarmé la base du Parti socialiste. M. Macron n'a jamais mené de campagne électorale et a montré du dédain pour les arrangements souvent nécessaires pour rallier à soi les députés.

Ces faits ont approfondi sa rupture avec les députés d’arrière-ban, qui rejettent également M. Macron comme appartenant à une élite sans aucun rapport avec l'identité de classe ouvrière du socialisme français. « Une partie de lui manque d’humanité », explique Jean-Marc Germain, un député socialiste.

La loi Macron "est dévastatrice au regard de nos principes, car elle anéantit une grande partie de ce que nous représentons en tant que socialistes," a-t-il ajouté.
Pourtant, M. Macron a clairement conquis le socialiste français qui importe le plus : M. Hollande.

Le lien s’est noué des années avant qu'il n'accède au pouvoir comme président et il s’est renforcé au travers du conflit avec le parlement, indique le conseiller de Monsieur Hollande.
M. Macron est adroit à susciter des admirateurs dans les hautes sphères, d’après les personnes qui l'ont parrainé au fil des ans. Il a déployé ces compétences tout en cultivant une relation d’amitié avec M. Hollande, 60 ans, se tenant prêt du politicien même quand ils étaient en désaccord (à titre privé). La raison : M. Macron croyait que le président y viendrait finalement.

"C’est une sorte d'accord implicite : Si je suis en désaccord, de lui dire toujours que je suis en désaccord", se souvient M. Macron. "Parfois, nous nous sommes affrontés."

Né dans une famille de médecins d’Amiens, une ville du Nord de la France, M. Macron a rencontré sa future épouse, Brigitte Trogneux, alors qu'il était à l'école secondaire et qu’elle était son professeur de théâtre. Il a joué dans une pièce de théâtre organisée par Mme Trogneux, qui a 20 ans de plus que M. Macron, et ils ont emménagé ensemble une paire d'années plus tard. 

Note perso : Pour être exact, il avait 15 ans quand il a été séduit par sa professeur de théâtre âgée de 39 ans. (Dans d'autres milieux, on appelle cela de la pédophilie).

Macron a gagné l'entrée dans les couloirs du pouvoir après son acceptation dans l'École Nationale d'Administration, une école très sélective qui compte de nombreux présidents parmi ses anciens élèves, y compris M. Hollande.

Comme l'un des meilleurs diplômés en 2004, M. Macron a obtenu un poste convoité à l'intérieur de l'Inspection Générale des Finances, une élite de hauts fonctionnaires qui contrôle les organismes gouvernementaux et qui sert d'école de perfectionnement pour la classe dirigeante française.
"L'aristocratie de l'aristocratie", dit Alain Minc, un homme d'affaires de premier plan. "C’est une caste de personnes influentes."

Lorsqu’il s’y trouvait, M. Macron a tenu à se faire connaître auprès des anciens inspecteurs les plus en vue de l'unité, y compris de M. Minc et de l’ancien Premier ministre Michel Rocard. M. Macron a parlé politique avec M. Minc et produits dérivés (NDT : financiers) avec M. Rocard. "C’est un bon professeur", se souvient M. Rocard.

M. Hollande a rencontré M. Macron lors d'un dîner organisé en 2008 par Jacques Attali, un conseiller de haut niveau du président François Mitterrand dans les années 1980. M. Attali avait pris M. Macron sous son aile, et l’avait recruté pour coordonner une commission spéciale créée par le président d'alors, Nicolas Sarkozy, pour recommander des réformes favorables aux entreprises.

Au cours du dîner, M. Hollande avait demandé à M. Macron s’il voulait se présenter à des élections. M. Macron n’était pas sûr. Il ne voulait pas dépendre de la machine politique. Au lieu de cela, il s’est porté volontaire pour devenir un conseiller en arrière de la scène.

À l'époque, les fortunes politiques de M. Hollande étaient en déclin. Le Parti socialiste l’avait disqualifié par la nomination de Ségolène Royal pour entrer en compétition avec M. Sarkozy en 2007. Après avoir perdu, les dirigeants des partis jetèrent leur dévolu sur Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du Fonds monétaire international.

M. Macron est resté près de M. Hollande, qui a cimenté leurs liens. "C’est le cœur de sa relation personnelle avec Hollande," dit M. Minc.

En 2011, la candidature de M. Strauss-Kahn s’est effondrée au milieu d'un scandale sexuel. M. Hollande était soudain un candidat à la présidence, et il voulait des conseils sur la façon de secouer l'économie de la France.

M. Macron a convoqué grands économistes à La Rotonde, sa brasserie parisienne préférée, et a finalement concocté un plan économique de 200 pages pour M. Hollande. Partant de l'idéologie du parti socialiste, le document confidentiel mettait en avant une feuille de route "de réformes" "pro-industrie, se souvient M. Macron.

"Il parle clairement. Pas de tabous ", dit Jean Pisani-Ferry, un économiste qui a assisté aux sessions. Le conseiller de M. Hollande dit que le document a jeté les bases pour son orientation pro-business.

M. Macron a cumulé son travail pour la campagne de M. Hollande avec ses fonctions de banquier d'investissement pour Rothschild & Cie. S’appuyant sur des connexions via M. Attali, M. Macron a aidé à arranger le rachat des activités d'alimentation pour bébés de Pfizer pour 11,85 milliards de dollars par Nestlé.

Ce rachat a rendu M. Macron riche et lui a permis de s’attirer les faveurs d'une caste de banquiers spécialiste des « Fusacq » (Fusions acquisitions). "Vous êtes en quelque sorte une prostituée," dit-il. "La séduction est le travail."

Pendant ce temps, M. Hollande a fait face à des tensions dans une campagne électorale serrée pour rassurer sa base du Parti socialiste. En janvier 2012, il a prononcé un discours grandiloquent dans lequel il mettait en garde contre une menace contre la France sans nom et sans visage.

"Cet ennemi c’est le monde de la finance", a déclaré M. Hollande à une foule en délire. Dans les coulisses, il avait envoyé M. Macron à Londres pour rassurer les investisseurs du fait que le candidat à la présidentielle n’était pas le tenant d’une ligne dure.

Les deux hommes se sont affrontés lorsque M. Hollande a promis de percevoir la taxe de 75% sur les salaires de plus d'un million d'euros. M. Macron décocha un courriel à M. Hollande, espérant l'orienter à une position plus souple : "C’est Cuba sans le soleil !"

Après son élection, les législateurs ont approuvé la taxe, et M. Hollande a constitué son cabinet son cabinet avec les membres de la gauche du Parti socialiste. Arnaud Montebourg, qui considérait le gouvernement comme un gardien contre les rachats d'entreprises par des étrangers, a été nommé ministre de l'Industrie de la France.

Mais en signe de la détermination de M. Hollande à équilibrer les intérêts concurrents, le nouveau président a embauché M. Macron comme chef de cabinet adjoint et lien principal avec le monde des affaires.

Sous la pression de l'Union européenne pour un équilibre des finances publiques, M. Hollande a annoncé 7,2 milliards d’€ en impôts supplémentaires sur les entreprises et les gens riches et a ensuite élevé la facture de l'impôt de 20 Md €.

Une rébellion des milieux d'affaires

Des chefs d'entreprise français se sont rebellés. Ils ont protesté publiquement contre le plan et les licenciements ont fait augmenter le taux de chômage de la France au-dessus de 10 %. M. Macron a exhorté M. Hollande à changer de tactique, et le président a dévoilé une baisse du coût du travail, étalée sur deux ou trois ans, d’environ 20 milliards d’euros pour les entreprises en novembre 2012. M. Macron a plus tard convaincu M. Hollande de doubler les allègements fiscaux malgré les critiques de la gauche.

M. Macron s’est aussi confronté à M. Montebourg lors de sa tentative de réaliser une fusion entre la société d'ingénierie française Alstom SA et sa concurrente allemande Siemens AG. M. Montebourg voulait empêcher la société américaine General Electric Co. d'acheter la partie turbine d'Alstom qui constituait le cœur de métier de celle-ci.

Lors d'une réunion en Juin 2013 au Palais de l'Élysée, M. Macron avait dit à M. Montebourg, qui avait été promu ministre de l'Economie : "Vous pouvez bloquer un mariage, mais vous ne pouvez pas forcer un mariage."

M. Montebourg a cédé.

Le lendemain, le gouvernement français a soutenu l'acquisition de 17 milliards de $ proposée par GE'S. Un porte-parole de M. Montebourg ne s’est pas rendu disponible pour commenter.

Malgré la volonté de M. Macron de s’opposer aux poids lourds du Parti socialiste, il a quitté l'administration de M. Hollande pour lancer une start-up Internet. Ses plans ont changé quand le président français lui a téléphoné en Août 2014 avec une offre urgente.

M. Hollande a renvoyé M. Montebourg et deux autres ministres qui s’opposaient aux coupes dans les dépenses publiques. C’était un reproche impensable pour la gauche rebelle. M. Hollande a proposé le poste de ministre de l'Économie à M. Macron s’il le voulait.

M. Macron a dit qu'il voulait un mandat clair de M. Hollande pour réformer l'économie. M. Hollande a répondu : ". Vous serez ici pour la réforme". Une heure plus tard, M. Macron accepta le poste.

Le voyage de janvier au Consumer Electronics Show de Las Vegas a montré comment M. Macron essaie de gagner les dirigeants d'entreprises ayant peu ou pas de présence en France en raison de ses impôts élevés et des règles de travail qui rendent difficile le licenciement des employés. Il a invité les dirigeants à un dîner de suivi avec M. Hollande cet automne au Louvre.

De retour à Paris, M. Macron a essayé d'apaiser les députés qui se sont opposés à aux réformes proposées, comme les restrictions plus souples pour le travail du dimanche dans les magasins de détail, les procédures de licenciement plus faciles, les réductions des frais de notaire et l’accélération des décisions de justice sur les conflits du travail.

M. Hollande tenta de minimiser le conflit, en disant que la loi Macron n’était "pas la loi du siècle." M. Macron s’attendait à ce que les changements passent avec une majorité faible mais fiable.

Son humeur changea bientôt. A 1 heures, le jour de la Saint Valentin, M. Macron rencontra un baron du Parti socialiste, Benoît Hamon, qui avait été congédié de son poste de ministre de l'Éducation lors du réaménagement ministériel qui avait fait ministre de l’Économie, M. Macron.

Alors que les deux hommes prenaient des boissons au bar de l'Assemblée nationale, M. Hamon avait proposé qu’en contrepartie d’un soutien des députés du Parti socialistes à M. Macron, la législation prévoirait une augmentation à l'échelle nationale des taux de rémunération pour les travailleurs du dimanche.

"J’aurais veillé à ce qu'il y ait une majorité", explique M. Hamon. "Je ne voulais pas aller à la guerre." Le lendemain, M. Macron livra sa réponse dans un discours enflammé à l’Assemblée nationale. "Je suis désolé, mais je ne suis pas ouvert à des compromis superficiels pour justifier un vote," déclara-t-il aux parlementaires.

Pour sauver le projet de loi, M. Macron et le Premier ministre français Manuel Valls décidèrent de demander à M. Hollande de convoquer les membres du cabinet et de demander l'autorisation d'utiliser l'article 49, qui permet de faire passer la loi au Sénat. "Nous sommes à court d'une majorité", a déclaré M. Valls au président.

L’utilisation des pouvoirs constitutionnels soumettait M. Hollande à une motion de censure qui aurait pu briser son gouvernement. Les divisions entre M. Hollande et son propre parti s’avèrent désormais si profondes que le gouvernement "risque d’avoir des difficultés à faire passer des mesures supplémentaires pendant le reste de son mandat", dit Sarah Carlson, analyste chez Moody 's Investors.

M. Macron n’est pas d’accord. Il affirme que le gouvernement se sent plus libre qu’avant de labourer avec son plan de réformes économiques, car il peut contourner l’Assemblée nationale si les députés refusent de faire des compromis.

Ses idées les plus récentes concernent la possibilité de donner aux entreprises et aux employés une plus grande marge de manœuvre pour négocier des dérogations sur les règles nationales pour les heures de travail et les salaires. "Mon souhait, mon désir est d'aller plus loin avec cette loi," dit-il.


Vous avez bien lu !

"La France est sous la pression croissante des fonctionnaires de Bruxelles et de Berlin pour apporter des changements structurels aux sclérotiques règles de travail et aux tracasseries administratives qui ont contribué à faire de l'économie française un boulet pour la croissance de la zone euro."

"En soutenant M. Macron, M. Hollande se détourne de son passé d’apparatchik qui se souciait d’apaiser la gauche du parti socialiste avec des politiques de taxation des riches et de politiques pour l’emploi qui pesaient sur les finances de la France, comme les subventions à l'emploi pour plus de 150 000 jeunes."

"Il est de plus en plus clair que le chef français a décidé de lier son destin politique avec les gouvernements européens, menés par l'Allemagne, qui considèrent les droits et la protection de l'emploi comme autant de causes de l'inertie économique."

"Les fonctionnaires de l'Union européenne veulent qu'il aille beaucoup plus loin, en assouplissant la réglementation du travail qui limite les possibilités des entreprises de licencier des travailleurs et d'embaucher du sang neuf. Cela met M. Hollande sur une trajectoire de collision avec son propre parti."

"Cet ennemi c’est le monde de la finance", a déclaré M. Hollande à une foule en délire. Dans les coulisses, il avait envoyé M. Macron à Londres pour rassurer les investisseurs du fait que le candidat à la présidentielle n’était pas le tenant d’une ligne dure."


Alors, qu'en pensez-vous ?


Puisque vous êtes sur Transitio, pourquoi ne pas en profiter pour lire ces quelques articles ?

Post Scriptum :

    Mon article est ennuyeux, car il y a trop de texte. L'époque est aux vidéos percutantes. Celle que je vous propose ci-dessous constitue un bel exemple. Baissez un peu le son car ce gamin crie plus qu'il ne parle. Je ne me mets pas en doute son engagement ni sa bonne foi. Mais ce jeune homme se trompe. Macron est bel et bien compétent ; compétent pour ce qu'il est payé à faire, pas pour ce pourquoi il a été élu. Il est au service des banques et des marchés financiers, pas au service de ses électeurs.

Un bilan...