vendredi 11 août 2023

Transitio 2.0

Article mis à jour le 12 juin 2023.



Transitio.net a déménagé sur Google !

    La première version de Transitio, mise en ligne le 4 févier 2012, a fini par disparaître car le logiciel que j'avais utilisé pour créer le site est devenu périmé et impossible à mettre à jour. La dernière fois que je l'avais consulté il avait compté plus de 845.000 lecteurs.
    
    Heureusement que j'ai créé ce blog de sauvetage à temps ! On y retrouve les 220 anciens articles de Transitio.net (qui ont été corrigés et mis à jour !), ainsi que tous les nouveaux, car TRANSITIO continue ! 

Transitio ? Pourquoi ce drôle de nom ?

    Le vieux dictionnaire Latin/Français, le Gaffiot donne la définition suivante du mot latin "transitio" : "action de passer, passage..."
    Je n'ai pas trouvé plus joli nom pour ce site dont l'objet est d'analyser la formidable période de transition que nous vivons : transition énergétique, économique et sociale.

Pourquoi ce site ?

    L'humanité a bien sûr déjà vécu maintes périodes de transitions (Je me passionne pour l'Histoire), mais assurément aucune n'a jamais eu l'importance de celle dans laquelle nous sommes engagés. La différence de celle-ci par rapport aux précédentes, c'est son extraordinaire enjeu : Soit la mutation profonde de nos sociétés, soit l'effondrement...

    Nous ne pouvons plus réagir aux grandes mutations de notre environnement comme nous le faisions depuis 20.000 ans. Plus possible de changer de vallée lorsque les ressources diminuent. Plus possible de découvrir de nouveaux continents ni d'exterminer, asservir ou coloniser d'autres peuples pour piller leurs ressources.
    Nous venons de réaliser que nous vivions dans un monde fini, et nous commençons de découvrir avec inquiétude que nos réserves énergétiques s'épuisent, et comme si cela ne suffisait pas, le climat se réchauffe !

    Vous comprendrez mieux le problème de l'épuisement des ressources dans une société finie en regardant l'excellente petite vidéo ci-dessous.



C'est qui Transitio ?

    Ingénieur thermicien, c'est en 2003 que j'ai commencé à prendre conscience de la crise vers laquelle nous allions. Ce fut à l'occasion d'un congrès professionnel auquel j'avais assisté. Un représentant du gouvernement, le député Jean Besson (à l'époque membre du conseil supérieur de l'énergie et administrateur de GDF), missionné par la ministre de l'Industrie pour rédiger un livre blanc de l'énergie (une sorte d'état des lieux), avait introduit la journée de débat par un petit discours. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre dire que le gouvernement savait très bien qu'il n'y aurait plus de pétrole d'ici quelques décennies, ou que le peu qui resterait serait hors de prix. Il précisa même que la guerre que les USA venaient de commencer en Iraq s'inscrivait dans cette perspective. Le sujet était déjà évoqué à l'époque dans mon travail, mais là c'était un représentant du gouvernement qui en faisait l'aveux.

    Etant amené à réaliser des études prospectives dans le cadre de mon travail (schémas directeurs énergie, plans climat, etc.), penser l'avenir était une nécessité. J'ai donc commencé à suivre avec la plus grande attention, la progression de cet épuisement des ressources énergétiques (fin du pétrole, du gaz, du charbon, etc.).

    Grâce à Internet il était plus facile que jamais d'accéder à de précieux documents, autant dans les grandes compagnies de l'énergie que dans les institutions internationales et les gouvernements. Très peu dans la presse mainstream, vous vous en doutez. La presse ayant de plus en plus vocation à former l'opinion qu'à l'informer, elle ne se contente la plupart du temps que de rapporter ce que des chargés de communication lui donnent. Ce disant, je ne porte pas de jugement de valeur, car lorsque l'on prend réellement la mesure du problème, on comprend la difficulté qu'il y a à en parler.

    Le fameux déni n'existe pas seulement avec le réchauffement climatique. Il est encore bien plus grand vis-à-vis de la crise énergétique. Les uns disent que l'on saura s'adapter au nouveau climat en s'habillant léger et en poussant la climatisation, et les autres croient dur comme fer que l'on trouvera une nouvelle énergie miraculeuse pour remplacer le pétrole (en l'occurrence, en France, c'est le nucléaire qui sert de miroir aux alouettes).

    Toutes les guerres qui ont lieu depuis plus de 20 ans, ont pour véritable objet l'énergie. Lorsqu'un conflit éclate ou menace d'éclater quelque part (Ukraine par exemple), il vous suffit de taper pétrole, gaz ou uranium, avec le nom du pays, et vous comprendrez !

    La crise économique perpétuelle, elle aussi, est une résultante de l'épuisement des ressources. Les économistes comprennent peu à peu (pas assez) que la fameuse croissance infinie nécessaire pour équilibrer le marché (remboursement des dettes), ne reviendra jamais plus. (Vous avez regardé la vidéo ci-dessus ?).

    Etant passionné d'histoire, de philosophie et même de psychologie, j'ai très vite compris que cette transition énergétique allait provoquer une transition sociétale majeure, sans commune mesure avec les périodes de transition précédentes que l'humanité avait traversées. (La dernière glaciation a réduit l'humanité de moitié, mais à l'époque nous n'étions que quelques centaines de milliers d'individus.) Raison pour laquelle j'ai de plus en plus souvent abordé des sujets de société, en plus des sujets relatifs à l'énergie.

    La grande différence de notre époque par rapport aux précédentes, c'est que nous bénéficions d'un savoir extraordinaire et (normalement) de notre expérience transmise par l'étude de l'histoire.

    Alors voilà, Transitio, c'est cela ; des années d'études de la transition, des centaines de documents précieux dans mes archives et de temps à autres un nouvel article.

A l'origine du site, je concluais ainsi cette page de bienvenue :

"Vivons cette transition, ce passage, comme une heureuse opportunité et non comme une triste fatalité. Une formidable occasion pour les sociétés humaines d'évoluer...

L'avenir doit redevenir ce qu'il était autrefois, c'est à dire une source d'espoir, un projet. Ne gardons des legs du passé que le meilleur, enrichissons-nous des plus belles idées du présent et sourions à l'avenir.

L'avenir commence aujourd'hui !"

Alors bienvenue sur Transitio ! 

 

Petite mise à jour en 2022 : 

    Hélas, je ne suis plus aussi optimiste à présent. Pourtant, en 20 ans, énormément de choses sont allées dans le bon sens, principalement dans les domaines scientifiques et techniques et la date fatidique de la catastrophe climatique recule sans cesse depuis 50 ans. Mais dans le domaine de la pensée, c'est autre chose. Nous ne parvenons pas à nous libérer de certains déterminismes pesants hérités de notre longue évolution. Nos politiques se comportent comme s'ils vivaient encore au 19ème siècle, mais ils disposent des terribles moyens du 21ème. Quant à la population, comment ne pas constater avec inquiétude son ignorance grandissante, révélée par la pandémie de la COVID, et sa progressive mise à l'écart ?



Quelques conseils 😊
  • L'ancien site n'est hélas plus en ligne, raison pour laquelle certains lien des articles de ce blog risquent d'être rompus quand ils menaient vers des articles de l'ancien site. J'essaie de restaurer les liens au fur et à mesure.
  • Sur ce blog, on retrouve les articles par années, dans le menu à droite.
  • Transitio se trouve aussi sur une page Facebook sur laquelle je partage des infos que je juge intéressantes et où je publie également les articles de ce blog.
La page Facebook de Transitio !

jeudi 10 août 2023

Le véritable et horrible danger de la lecture

 Attention, la lecture de cet article présente un risque !


    « De l’horrible danger de la lecture » est le titre d’un pamphlet publié par Voltaire en 1765, dans lequel il s’en prenait à l’intolérance religieuse et à la censure obscurantiste. Voltaire fut le penseur de l'idée de tolérance. Vous trouverez un lien pour le lire, à la fin de cet article dans lequel je vous déconseille de le lire...

    En 1989, l'écrivaine Céline Romane avait repris pratiquement le même titre : « De l’horrible danger de la lecture : aide-mémoire à l’usage des intolérants ». Il s’agissait d’une anthologie de textes qui avaient été censurés, ou qui avaient provoqué de vives réactions de l’Église et de l’État, depuis Copernic jusqu’à Desproges. Cet essai n'est plus en vente mais on le trouve facilement d'occasion sur le WEB.

    Bien sûr, j’avais acheté et lu ce livre de Céline Roman. J’avais 20 ans. Dans les années 80, les censeurs faisaient rire tout le monde, à présent ils font peur à tout le monde. Qu'est-il arrivé ?

Trop de tolérance, tue la tolérance.

    Voltaire était un génie, et ce, quoi qu'en disent les philosophes du bazar médiatique. On ressort toujours plus intelligent et aussi plus bienveillant de la lecture de ses écrits qui sont souvent très drôles. Voltaire a été génial lorsqu’il a pensé le concept de tolérance, une idée nouvelle qui a largement contribué dans les siècles qui suivirent à beaucoup moins s'entre-égorger pour des âneries (Voltaire avait 40 années de guerres de religions derrière lui). Mais le philosophe Karl Popper a été tout aussi génial quand il a énoncé « le paradoxe de la tolérance ».

    Karl Popper, né à Vienne en 1902, a rédigé son essai politique intitulé « La Société ouverte et ses ennemis » à l’époque de la montée du nazisme. Il a développé l’idée de la nécessité de défendre la démocratie sans renier ses difficultés inhérentes, parmi lesquelles la plus difficile à penser est le fameux "paradoxe de la tolérance ", à savoir que l’on peut tout tolérer, sauf l’intolérance.

    Il ne faut pas être tolérant avec les intolérants, sinon arrive ce qui nous arrive à présent, le triomphe des complotistes, antivax et autres neuneus qui font le bonheur des populistes de tous poils.

Les neuneus !

    Les neuneus connaissent intuitivement l’horrible danger de la lecture. Ils ne lisent pas, ou alors ils ne lisent qu’un seul livre, bien souvent commenté par quidam aussi bête qu’eux. Vingt-minutes d’une vidéo complotiste sur YouTube leur suffira pour claquer le bec de quelqu’un qui a fait dix années d’études sur le sujet. Le nombre des neuneus ne cesse de s'accroitre. Ils sont de plus en plus puissants. Ils se fédèrent sur les réseaux sociaux. Ils votent et ils bâtissent un monde à leur image, et ce, sans jamais lire...

    Ne vous méprenez pas sur mon propos, la lecture ne préserve pas de la bêtise. Cette faiblesse peut nous toucher tous, comme l'a si brillamment expliqué Michel Adam dans son "Essai sur la bêtise". La lecture peut même être un vecteur voire un amplificateur de bêtise, comme l'ont si brillamment démontré les religions.

Comprend qui peut :

    Nul ne vous oblige à suivre la voie ardue du savoir comme Tamino dans la Flûte enchantée. Vous avez le choix d'être tout simplement Papageno nous dit Mozart.


Lire ne vous rendra pas plus heureux, bien au contraire !

    Lire, c'est partager les vies de milliers de personnages, leurs goûts, leurs expériences ! Si vous n'y prenez pas garde, vous risquez un jour d'avoir envie de faire le tour du monde en voilier, de devenir cantatrice ou cosmonaute, alors que vous êtes pauvre, que vous chantez mal et que vous avez le vertige sur un tabouret ! Certains me répondront qu'il peut leur arriver la même chose en voyant un film au cinéma. Peut-être un peu, mais pas autant ! Car au cinéma ou à la télé, vous voyez des gens qui vivent déjà à votre place dans un univers créé par le réalisateur, alors que dans un livre, c'est vous qui vivez l'histoire, c'est vous le metteur en scène, le décorateur. Ça vous pénètre bien plus profondément ! Vous êtes acteur d'un livre et seulement spectateur d'un film. Ce n'est pas un hasard si longtemps la lecture a été l'apanage de la bourgeoisie !

    Qu'adviendra-t-il de vous si vous découvrez des plaisirs qui vous seront à jamais inaccessibles du fait de votre misérable condition ? Vous achèterez des livres de développement personnel écrits par des escrocs qui vous convaincront que tout est possible ?

La lecture fera de vous un paria !

    La lecture vous fait vous intéresser à des choses que les gens ne veulent pas savoir et immanquablement vous finirez par vous faire détester en pourrissant l'ambiance dans les dîners entre amis, à cause de vos idées sorties de vos fichus livres plutôt que des rayons du prêt-à-penser !

    Ne prenez le risque de lire que si, dès votre enfance, vous voyez beaucoup de gens lire autour de vous. Sinon, n'essayez pas ! Car même votre famille vous reniera ! La lecture est une pratique élitiste, comme le fit remarquer une principale de collège à une professeure de lettre en 2014. Raison pour laquelle, quoi qu'on en dise, l'école se préoccupe avant tout de dégoûter vos enfants de la lecture (sauf s'ils sont nés au bon endroit bien sûr).

    Ne croyez pas ces lecteurs bravaches qui vous disent que les livres leurs suffisent et que l’on vit mieux seul que mal accompagné ! La pire des compagnies, c’est soi-même, soi-même dans la solitude. La solitude est une abomination. Elle agit comme un solvant qui peu à peu vous dissout et vous efface du monde.

    Quand vous serez seul, ne croyez pas ceux qui vous diront qu'il suffit d'aller vous promener seul, aller à la piscine ou au cinéma seul, en vacances seul et que peu à peu vous rencontrerez des gens et que vous irez mieux. Dès que vous tenterez de discuter avec un quidam, y compris à propos de sujets dont vous vous contrefichez mais qui le passionnent, tôt ou tard vous ferez un faux pas qui vous dénoncera. Vous apparaitrez tel que vous êtes, un lecteur ou une lectrice ! Vous ignorez tant de ces choses de celles qu'il est inutile de savoir !


Je vais vous faire un aveu...

    La lecture constitue effectivement un véritable danger. J'en sais quelque chose. Après avoir lu ce livre quand j’avais 20 ans, j’aurais dû comprendre la leçon et m’acheter une télé. Durant les 44 années qui ont suivi, je n’ai jamais cessé de lire. Mes 2 heures de métro par jour, durant plus de 40 ans, m’ont permis de lire énormément et l’écoute assidue de France Culture m’a malheureusement guidé dans mes choix.

    Toutes ces années ont en fait constitué une sorte de voyage qui n’a fait que m’éloigner toujours plus loin de mes contemporains. Paradoxalement, plus je les comprenais eux et moins ils me comprenaient moi. Plus on comprend, moins on juge et plus on relativise (j'allais écrire "plus on pardonne".) Peut-être que si j'avais lu plus de psycho que de philo et surtout plus tôt, j'aurais appris la nécessité d'être dans le jugement et la condamnation pour être respecté ? Mais c'est une autre histoire...

    Un jour, quelqu’un me retrouvera mort au milieu de mes livres, certains précieux ; livres qui finiront tous dans une déchetterie ou une braderie. Les milliers de lignes que j’ai écrites s’effaceront lorsque seront supprimés les fichiers de mon ordinateur et que mes sites et autres blogs seront fermés. Ultime effacement de ce que j’étais devenu, un personnage de livre, déjà hors du monde des vivants.

    Alors croyez-moi, ne lisez pas ! Le danger est réel ! Ou alors lisez ces faux livres que les librairies vendent à profusion, ces livres écrites par des équipes de professionnels sous le nom d’un auteur bidon et bientôt ces livres écrits par des Intelligences Artificielles.


    Surtout ne lisez pas et vous serez heureux. « Bienheureux les simples d’esprits » comme disait l’autre…

Bertrand Tièche


Le livre de Voltaire se trouve en ligne par le lien ci-dessous.

Mais surtout, ne le lisez pas !

https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99horrible_danger_de_la_lecture