samedi 6 avril 2013

Aux USA, 45 États vont rendre l’apprentissage de l’écriture manuscrite optionnelle à l’école !


    La fin de l’écriture manuscrite ? 
    L’écriture manuscrite est si indissociablement liée à l’histoire de la civilisation humaine que l’on peine à croire cette incroyable nouvelle !


    C’est pourtant ce que viennent de décider 45 Etats américains, qui vont rendre son apprentissage optionnel. Voilà bien un sacré bond dans l’évolution, mais il n’est pas sûr que celui-ci aille en avant…



    Pareille nouvelle ne pouvait venir que d’Amérique, bien sûr. Après avoir décrété la fin de l’histoire il y a quelques années, les Américains peuvent bien décréter celle de l’écriture !


    La raison invoquée est l’utilisation générale des claviers. Du fait de leur confiance aveugle dans le progrès, les Américains sont en effet persuadés que tout un chacun dans leur beau pays utilisera désormais ce nouveau moyen pour écrire.


    Il n’est semble-t-il pas venu à l’idée de leurs législateurs que le clavier lui-même pouvait n’être qu’un outil passager. Si l’on partage un instant leur vision euphorique du progrès, ou peut évoquer le retour de l’écriture manuscrite sur les écrans tactiles de toutes les tablettes qui remplaceront bientôt tous les ordinateurs. Personnellement je prends toutes mes notes professionnelles sur ma tablette avec un stylet, un peu comme cette dame de Pompéi qui illustre mon article…


    Peu importe, c’est décidé, plus de crayons ni de stylo, plus de papiers, plus de petits mots griffonnés à la hâte, poèmes ou antisèches, plus de belles lettres d’amour calligraphiées, plus de slogans bombés sur des murs. Le clavier ou rien !


    Peut-être auront-ils bientôt la lumineuse idée de supprimer l’apprentissage de la lecture ? Après tout, quoi de plus facile pour un Smartphone de déchiffrer un texte et de le lire à haute voix synthétisée ? L’écriture et le texte subsisteront bien sûr, mais en tant que moyens parmi d’autres de coder de l’information, codage réservé bien sûr à des spécialistes, tout comme les actuels langages informatiques.


    Georges Orwell, dans son livre 1984, avait eu l’idée d’un régime totalitaire qui rendait impossible de penser certains concepts jugés dangereux, en supprimant peu à peu des mots du dictionnaire de la langue officielle, la Novlangue.  Mais supprimer l’apprentissage de l’écriture, ça, il n’y avait pas songé dans ses pires visions !


Et l’étape suivante, quelle sera-t-elle ? Je vous laisse imaginer…



Pour en savoir plus sur cette incroyable nouvelle, je vous recommande de lire cet article sur le site ActuWIKI.

Comme d’habitude, je le reproduis ci-dessous pour le cas où il serait supprimé, mais de grâce, faites-moi plaisir et allez le lire sur le site de ActuWIKI :




45 États américains vont rendre l’apprentissage de l’écriture manuscrite optionnelle à l’école

L’apprentissage de l’écriture à l’école ne sera peut-être plus qu’un lointain souvenir, prévient la journaliste Émilie Lanez dans l’édition du Point du 21 février. À l’heure où nous envoyons des mails, textos ou messages tchats au détriment de belles lettres manuscrites, est-il toujours légitime d’apprendre à écrire à l’école ? La question peut surprendre. Pourtant aux États-Unis, elle a déjà été tranchée : d’ici 2014, l’écriture manuscrite sera un enseignement optionnel dans 45 États américains. À la place, sera privilégié l’apprentissage de … Word. Après tout, en Grande Bretagne d’après un sondage, 40% des citoyens déclarent n’avoir rien écrit à la main depuis 6 mois.
Pour Monica Baerg, 16 ans, élève au lycée d’Arcadia en Californie, interrogée par AP, écrire en attaché, ça ne sert à rien. Les devoirs sont systématiquement tapés à l’ordinateur. Quand Monica est forcée d’utiliser un stylo, elle écrit en lettres d’imprimerie. « Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l’écriture cursive, donc c’était pénible de mémoriser les lettres «, raconte cette adolescente… qui a cependant des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent.

Savoir écrire à la main, c’est savoir lire
Car comme l’expliquent les chercheurs du CNRS Jean-Luc Velay et Marieke Longchamps, interrogés par Le Point, savoir écrire à la main, c’est savoir lire.
Tous deux ont étudié la lecture par imagerie cérébrale. « Quand l’œil lit, le cerveau écrit à la main. Lire, c’est écrire », expliquent-ils au Point. Quand on lit, plusieurs zones du cerveau simulent l’acte d’écriture manuscrite. Lorsqu’on écrit à l’aide d’un clavier, c’est différent : quelle que soit la lettre choisie, le geste est identique : frapper une touche.

Écrire à la main aide à exprimer ses émotions
En outre, une écriture manuelle reste très personnelle, et permet de retranscrire ses émotions, note Jacques Gilbert, maître de conférence en littérature à l’université de Nantes, interrogé par Le Point.
« Dans l’écriture manuelle, le corps s’exprime, on voit si le scripteur était en colère, heureux, pressé. Le lecteur peut imaginer la personne et reconnaître dans sa graphie manuscrite dans quel contexte émotionnel elle a été produite. L’écriture sur écran renvoie une image distante ».

Mais taper sur un clavier « libérerait » notre écriture
Pour d’autres, taper sur une machine à écrire puis sur un clavier aurait une influence bénéfique sur le mode de notre écriture.

 Dans son livre Internet nous rend-il bête (Robert Laffont), que cite Le Point, l’essayiste américain Nicholas Carr raconte l’achat par le philosophe Friedrich Nietzsche d’une machine à écrire :
« Une fois qu’il eut maîtrisé la frappe, il fut capable d’écrire les yeux fermés, utilisant uniquement le bout de ses doigts. Les mots pouvaient de nouveau couler de son esprit à la page. Mais la machine eu un effet plus subtil sur son travail. Un des amis de Nietzsche, un compositeur, remarqua un changement dans son style d’écriture. Sa prose, déjà laconique, devint encore plus concise, plus télégraphique. (…) "Tu as raison, répondit Nietzsche, nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées".
En outre, la facilité d’effacer son texte, de le réécrire, le découper via le traitement de texte informatique permet à un amateur de désinhiber son écriture : « Le couper / coller a libéré le geste d’écrire de l’enjeu de la décision. Avec un clavier, on pense un mot plus gratuitement, plus légèrement », analyse pour Le Point Roland Jouvent, psychiatre et directeur du centre émotion du CNRS. Quitte à moins réfléchir au mot juste, ou à enrichir son vocabulaire, agrémenter son texte de figures de styles ? « Les outils de la création de l’esprit se perfectionnent mais ne se substituent pas au talent : Léonard de Vinci aurait probablement peint ‘La Joconde’ avec autre chose qu’un pinceau », tempère le psychiatre.
Pour lui, quoiqu’il arrive, les nouvelles générations n’auront plus la patience d’écrire avec de l’encre. « Je crois que, dans vingt ans, un maître d’école ne pourra plus tenir vingt bambins dans sa classe en leur faisant reproduire des pleins et des déliés ».
Mais à six ans (âge d’apprentissage de l’écriture en France), un enfant ne préfère-t-il pas montrer à ses parents les jolies courbes de couleurs écrites de sa main hésitante représentant son prénom, aux caractères universels tapés sur un clavier ?
Source : « Et si l’on cessait d’apprendre à écrire », par Émilie Lanez, Le Point du jeudi 21 février 2013.




Post Scriptum :

    Bon, ma réaction est peut-être excessive, j'ai tout de même rédigé cet article avec un clavier. Mais il y a tout de même quelque chose de dérangeant à cette nouvelle, quelque chose de gênant que je n'arrive pas bien à expliquer.

    Une idée me vient, une image, peut-être maladroite. Je me souviens avoir été étonné un jour en apprenant que des automobilistes bloqués par une tempête de neige sur un autoroute traversant une forêt, avaient grandement souffert du froid. Au milieu d'une forêt...
Pas un de ces naufragés d'un soir n'avait eu l'idée de faire un feu avec du bois mort de la forêt toute proche ! Ils avaient perdu l'une de ces spécificités de l'être humain, savoir-faire du feu.

    L'idée qu'un être humain ne sache plus écrire autrement qu'avec un clavier me fait la même impression désagréable. Ce n'est peut-être pas aussi grave que ça, mais ça me fait une impression désagréable...





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