mercredi 21 avril 2010

Le département de l’énergie US refuse de commenter sa propre hypothèse

CHOC PÉTROLIER IMMINENT



Le département de l'énergie US refuse de commenter sa propre hypothèse


CHRONIQUE DU DÉBUT DE LA FIN DU PÉTROLE - MATTHIEU AUZANNEAU

Je ne puis que vous conseiller de consulter souvent le blog de ce journaliste indépendant, Matthieu Auzanneau.

Ses articles sur le "début de la fin du pétrole", sont passionnants, et vous avez hélas peu de chance de les lire dans la presse ’’traditionnelle’’. Inutile de vous expliquer pourquoi...Voici l’adresse du blog : http://petrole.blog.lemonde.fr/

Voici l'un des derniers articles de Matthieu Auzanneau :

Faudra-t-il attendre de se prendre un mur en pleine face pour reconnaître que c’en est un (mur) ?

Ni le secrétaire à l’énergie Steven Chu, ni aucun cadre politique du Département de l’énergie (DoE) américain ne souhaite réagir à l’hypothèse d’une chute de la production mondiale de pétrole à partir du 2011, émise par le principal analyste au sein de ce même DoE dans un entretien exclusif. Il aura fallu quatorze jours au service de presse du DoE pour se décider à m’annoncer ce “no comment”...

D’après l’enquête publiée ici le 23 mars, Glen Sweetnam, responsable de l’analyse économique au sein du DoE, admet qu’“il existe une chance pour que nous fassions l’expérience d’un déclin” de la production mondiale de carburants liquides entre 2011 et 2015 “si les investissements font défaut”.

Glen Sweetnam est l’auteur d’un graphique faisant état d’un déclin dès 2011 de la production de la somme de toutes les sources connues de production de carburants liquides. Ce graphique (p.8) qualifie de projets “non identifiés” l’ensemble des projets de production qui permettraient de combler l’écart grandissant à partir de 2011, prévu par Sweetnam, entre une demande de plus en plus forte et une production connue en chute à partir de cette année-là.

Pendant son entretien avec moi, Glen Sweetnam n’a PAS dit :
Mais hey, voici de nouveau projets que nous avons récemment ‘identifiés’, qui prouvent que les investissements ne feront pas ‘défaut’, et que donc la production mondiale de pétrole ne fera pas ‘l’expérience d’un déclin’ à partir de l’an prochain !
Au contraire, au cours des nombreux contacts avec le DoE depuis la parution de mon enquête, jamais ni Glen Sweetnam, ni personne d’autre au sein de l’administration de l’énergie américaine n’est venu corriger le pronostic d’un déclin imminent des extractions mondiales de pétrole, ou proposer un quelconque autre scenario.

L’hypothèse de Sweetnam restera une éventualité jusqu’à ce qu’elle soit (éventuellement) vérifiée. Le problème, encore une fois, c’est que Sweetnam n’a pas avancé une autre hypothèse : ses projets “non-identifiés”, capables d’éviter une crise de l’offre et un profond choc pétrolier, restent à ce jour ce qu’ils sont, c’est-à-dire “non-identifiés”. Et ils ont toutes les chances de le demeurer d’ici à 2015, compte tenu de la lourdeur des infrastructures pétrolières : ils n’existent pas, tout simplement. Par ailleurs, le Pentagone défend strictement la même hypothèse d’une “crise énergétique sévère” d’ici à 2015, comme l’indique un rapport de l’état-major interarmées (p. 29) publié en mars.

Un cadre du département de l’énergie témoigne, sous couvert d’anonymat :

1- Steven Chu ne peut rien contester dans l’analyse de Sweetnam, vu que Sweetnam est son principal analyste ; 2- Chu ne commente pas non plus, car réagir à un pronostic aussi lourd de conséquences reviendrait à en reconnaître la solidité, et du coup à déclencher une panique financière. Donc 3- le DoE vous sert un “no comment”. C’est dingue, mais ils n’ont pas le choix !

Ce point de vue est partagé par David Fridley, un chercheur qui a travaillé sous la responsabilité de Steven Chu, à l’époque où ce dernier dirigeait le Lawrence Berkeley National Laboratory.

Dans un portrait publié en 2009, David Fridley déclare : Chu était mon patron (...) Il sait tout sur le peak oil, mais il ne peut pas en parler. Si le gouvernement annonçait que le peak oil menace notre économie, Wall Street s’effondrerait. Il ne peut juste rien dire.

Mon enquête a été largement reprise sur l’internet. Mais dans la presse, à ce jour, seuls le Guardian et le Financial Times l’ont citée. Le Monde lui-même (qui héberge ce blog) a jugé bon jusqu’ici de garder ses distances. Une crise de l’offre non-anticipée aurait des conséquences terribles, comme l’ont montré les émeutes de la faim qui ont eu lieu en 2008, lorsque le baril de brut à frôlé les 150 dollars.

Faudra-t-il attendre de se prendre le mur en pleine face pour mettre en question le pronostic du DoE et du Pentagone, et ses conséquences ? Tout se passe comme si nous étions des singes dans une fusée.

L’hypothèse d’un réchauffement du climat induit par la combustion des hydrocarbures a été émise il y a plus d’un siècle. Et nous commençons tout juste à nous dire que peut-être il faudrait agir... Pourquoi ne pas regarder une réalité probable en face ?

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