mercredi 27 mars 2013

L'homme, dernière espèce menacée d'extinction...

Article mis à jour le 18/03/2023.

Cet article publié initialement le 27 décembre 2012, avait été actualisé à l'occasion de la parution de la traduction française du livre d'Hanna Rosin "La fin des hommes".

Mise à jour au 18/03/2023 :
La société a beaucoup évolué depuis 10 ans, et dans le bon sens pour les femmes. Plus qu'un progrès, j'y vois une évolution logique. J'insiste sur le mot évolution car d'un point de vue darwinien, il s'agit bien de cela. L'environnement et la société ont changé. Les aptitudes des mâles ne sont plus pertinentes et encore moins indispensables à la survie de l'espèce. Les rôles ou fonctions attribué-e-s par l'évolution à chaque sexe sont donc redistribuées. Il n'y a rien là que de plus normal...



Transitio essaye, dans la limite de ses (mes) modestes moyens, de découvrir des signes de changements dans nos sociétés en transition.

    Mais voilà bien un changement auquel au moins une bonne moitié d’entre vous ne s’attendait pas (l’autre moitié en rêvant peut-être). 

    La dernière espèce menacée d’extinction ne serait rien d’autre que les hommes, et la nouvelle espèce dominante en voie de remplacer les hommes serait les femmes…



    J’ai découvert ce "signe de changement" à la lecture d’un article du journal anglais "The Independent" lors de mes vacances d’été en 2010. La journaliste anglaise Christina Paterson se faisait l’écho d’un article publié dans le journal The Atlantic aux Etats Unis par Hanna Rosin, un article au titre évocateur : "La fin des hommes". Vous constaterez que j’ai longuement réfléchi avant de vous en parler, mais devant l’importance du sujet, je ne pouvais retarder plus longtemps cette révélation.

    Voulant m’informer de la progression de ce changement avant de rédiger cet article, je me suis aperçu que ladite Hanna Rosin avait même réalisé un site web consacré à la fin de l’homme ! (Voir le lien en bas de page).

Christina Paterson et Hanna Rosin...


    Nous voici au cœur des préoccupations de Transitio ! Nos comportements hérités de notre évolution ne sont plus adaptés aux sociétés que nous avons créées et si nous ne les changeons pas assez rapidement, nous aurons de très gros soucis, économiques, sociaux, environnementaux, voire pires. Mais de quels comportements parlons-nous, si ce n’est de ceux de l’homo sapiens dans sa version mâle, dominant et prédateur ?

    En vérité, nos sociétés post-industrielles n’ont plus que faire de primates musclés et agressifs sachant courir vite et lancer très loin une pierre (où une bombe). Les compétences les plus précieuses aujourd'hui sont l’intelligence sociale, l’aisance à communiquer, la capacité à rester assis et à se concentrer, talents qui ne sont pas, loin s’en faut, des spécialités masculines.
    Cette interprétation ne plaira probablement pas à certaines féministes qui prétendent que les seules différences entre hommes et femmes sont d'origines culturelles et non pas naturelles. Il s'agit là d'un autre débat, mais si le sujet vous intéresse, je vous suggère de lire cette interprétation darwinienne ici.




    Je vous propose donc de lire ci-dessous ma traduction laborieuse de cet article daté du 7 juillet 2010. Traduction laborieuse, je m'en excuse, car l’humour anglais et quelques expressions idiomatiques singulières m’ont causé, je l’avoue, quelques soucis.

    Je remercie au passage Jean-Philippe, un lecteur attentif qui a repris ma traduction défaillante de certains passages et corrigé mes fautes d'orthographe ! 😊


    Vous pouvez bien sûr aller sur le site de The Independent pour lire l’original : Men: the latest endangered species.

Christina Patterson - Les Hommes : la dernière espèce menacée d'extinction

Les garçons sont vomis d'un système scolaire inadéquat à 16 ans et laissés à l'abandon. Si l'état les empêche de mourir de faim, ce ne sera probablement plus pour longtemps.

Bon d’accord, ils gèrent l'économie et le pays, et le monde aussi. D’accord ils gagnent plus, d’une manière générale, énormément plus. C’est vrai qu’ils ont vraiment pris au pied de la lettre ce fichu bobard à propos de la domination sur les poissons de la mer, les oiseaux dans les cieux, et tout ce qui se meut sur la terre – vraiment à fond, en l'étendant à toutes sortes de domaines que Dieu avait oublié (la couette, la télécommande). Mais les hommes feraient mieux de prendre garde. Pauvres chéris, ils sont condamnés.

C'est, du moins, la conclusion d'un nouvel article publié dans Atlantic Monthly, qui a créé un peu d’agitation des deux côtés de la mare. "C’est au début de cette année », explique son auteur, Hanna Rosin, « que les femmes sont devenues la main-d'œuvre majoritaire pour la première fois dans l'histoire américaine. La plupart des managers sont également des femmes. Et trois femmes obtiennent un diplôme universitaire cette année pour seulement deux hommes. Pendant des années, l’émancipation des femmes a consisté dans un combat pour l'égalité. « Mais quoi », se demande-t-elle, un peu à la manière de Carrie  Bradshaw, l’héroïne de Sex and the City, superbement coiffée, tapotant sur son ordi portable avant de feuilleter un Cosmopolitan, « Et si l'égalité n'était pas le point final ?  Et si cette si moderne société post-industrielle ne convenait tout simplement pas mieux aux femmes ? "

Les femmes des régions pauvres de l'Inde, dit-elle, apprennent l'anglais plus vite que les hommes. Les femmes possèdent plus de 40% des entreprises en Chine. Dans certains pays déchirés par la guerre, les femmes interviennent « comme une sorte d'équipe matriarcale de secours". Et en Amérique, les parents commencent à préférer les filles aux garçons. « Nous pouvons observer », dit-elle, « avec une clarté absolue, que dans les décennies à venir, la classe moyenne sera dominé par les femmes." Il s'agit en d'autres termes, comme le titre l’affirme d’une façon frappante comme une évidence, de "La fin des hommes".

Eh bien oui. Toutes les bonnes choses ont une fin,… Quoi qu'il en soit, ils ont eu leur heure de gloire. Et être mis à l'écart n'est pas si mauvais que ça. Qu’ils prennent soin de leurs cheveux, de leurs pectoraux et de leurs brioches et tout ira bien. Rassurez-vous, les gars ! Peut-être que cela n’arrivera pas !

Dans son argumentaire, Rosin s'appuie sur des chiffres qui, comme souvent avec nos encombrants cousins ​​d’outre-Atlantique, sont plus extrêmes que les nôtre. Il n'y a aucune preuve ici (et guère plus, semble-t-il, aux USA) que les parents choisissent les filles plutôt que les garçons. La main-d'œuvre britannique n'est pas composée de plus de femmes que d'hommes. Il y a encore plus de managers masculins que féminins, et il n'y a pas trois femmes pour deux hommes qui obtiennent un diplôme. Mais il est vrai que les filles sont maintenant plus nombreuses à accéder à l'enseignement supérieur, 57% de plus que les garçons. Il est vrai que plus de femmes que d’hommes entreprennent des études de troisième cycle. Et il est vrai que les garçons ne sont pas plus mauvais que les filles au GCSE (examen en fin de seconde) pour avoir le niveau A (le meilleur). Mais ils représentent aussi la plus forte proportion de diplômés au chômage.

Selon un nouveau rapport de l’institut supérieur de politique éducative, 17.2% des jeunes hommes diplômés ne parviennent pas à trouver un emploi, comparativement à 11,2% chez les femmes. "Une raison possible", explique Carl Gilleard, le directeur général de l'Association de recrutement de diplômés, lorsqu'il est interpellé à propos de cet effondrement d’une grande partie de la classe moyenne masculine « pourrait être une certaine suffisance résultant de longues études ... peut-être que ces étudiants masculins pensent que le fait qu’ils sont allés à l'université va être suffisant pour leur garantir une carrière de rêve."

Alors, gâtés, paresseux et débordants d’une confiance inappropriée ? Serait-ce là l'héritage de ces écoles primaires qui donnent des autocollants, des sourires ou des soupirs aux enfants qui redoublent ? Les écoles primaires comme celle où j'avais fait une fois un séjour, et où les enfants qui faisaient le bilan d’un match de football de l'école en se félicitant de leur performance, à qui je faisais remarquer qu’ils avaient perdu, m’avaient juste regardée d’un air perplexe ? Est-ce un legs de ces soirées de parties de "pass parcel" (sorte de passe à ton voisin) où tout le monde gagne ? Est-ce là le résultat d’une éducation trop laxiste donnée par ces parents qui veulent être cool avec leurs enfants, et qui souvent, se comportent comme des enfants ?

Dieu seul le sait (ou peut-être Hanna Rosin). Si l’excès de confiance était le problème, alors le chômage de masse qui se trouve sur son chemin devrait aider à la prise de conscience. Un peu tard peut-être, pour la promotion actuelle de diplômés, mais une fois revenus à la dure réalité, ils pourraient songer à réduire leurs prétentions et à se démener, comme la plupart d'entre nous l’avons fait à nos débuts, pour éviter de sombrer. Au moins, avec un diplôme, sont-ils probablement capables de lire et écrire, voire de sortir du lit.

En fait, le problème est beaucoup plus grand pour les garçons sans diplômes, les garçons sans aucune qualification du tout. Les garçons de la classe ouvrière blanche vont mal, de même que les noirs malheureusement. Avec les délocalisations d’emplois manuels vers l'Extrême-Orient, et la disparition de la plupart des cols bleus traditionnels, ces garçons - dont un grand nombre n'ont qu’un parent qui travaille, et souvent pas un homme - sont vomis à 16 ans d'un système scolaire inadapté et laissés à l'abandon. Si l'état les empêche encore de mourir de faim, ce ne sera probablement plus pour très longtemps.

Frank Field, avait été sollicité par Tony Blair pour « penser l'impensable » à propos de la réforme de l'aide sociale, puis, quand l'impensable s'est avéré difficile à faire passer, l’a tranquillement expédié, tel le nouveau tsar de la pauvreté de la coalition, planifiant la suppression de la plupart des aides. Il n'a pas encore dit comment il va forcer les employeurs, qui se détournent des diplômés qui n'ont pas le niveau 2:1, d'opter plutôt pour les garçons sans même un GCSE.

Et qui, soit dit en passant, les épousera ? Probablement pas les femmes qui forment à présent 40% de la profession médicale (et qui, en 2017, la domineront) ou les femmes qui constituent maintenant 60% des diplômes d'avocats. (Mais ne nous emballons pas trop. Seuls 11% des entreprises du FTSE (Equivalent britannique du CAC 40) ont des femmes dans leur conseil d’administration. Moins d'un quart des nominations publiques sont des femmes. Un cinquième des députés sont des femmes, et seulement un sixième du Cabinet. Des 17 éditeurs des journaux nationaux, deux seulement sont des femmes. L'écart salarial entre hommes et femmes est encore d'environ 16 pour cent, dans le secteur financier jusqu'à 55%. La fin des hommes ? Chérie, vous voulez rire ?

La triste réalité est que nous produisons une sorte de sous-espèce d'hommes dont personne ne veut. Les employeurs ne veulent pas d'eux. La société ne veut pas d'eux. Les femmes ne veulent pas d'eux, ou alors seulement pour leur sperme, qui assure ainsi la perpétuation du carrousel des enfants sans pères. Seul un petit nombre de modèles de rôles masculins continuent à lancer leurs pitoyables feux (si l'on ne compte pas les idiots immatures qui sont célèbres pour être célèbres et les footballeurs qui sont célèbres pour être nuls). (Merci Jean-Philippe pour la traduction plus élégante de ce passage)

Nous avons le choix. Nous pouvons, à un moment où la destruction généralisée des espoirs et des moyens de subsistance semble être devenue un sport national, décider de nous concentrer sur l'éducation et les besoins de la déjà présente « génération perdue », ou nous pouvons encourager Toby Young et ses équivalents à continuer de sillonner le pays pour collecter des fonds pour les soi-disant « écoles libres ». Avec des restrictions budgétaires qui de 25 %, sont soudain passée à 40%, on ne peut pas faire les deux.

Parmi les compétences qui font défaut à beaucoup de ces jeunes hommes, ce qui ajoute à leur profonde inadaptation au monde du travail en mutation, figure ce que Rosin appelle « l’intelligence sociale » plus communément appelée » l’art de la conversation ». Et franchement, ce ne sont pas seulement les jeunes gens, les hommes de la classe ouvrière, les hommes sans instruction, ou les hommes au chômage qui en sont privés. C'est une compétence qui pourrait utilement être enseignée à tous les garçons, dans toutes les écoles, et ce, dès le plus jeune âge. Cela dispenserait les femmes de devoir être aussi insistantes qu’un Jeremy Paxman (corrosif interviewer de la BBC) ne serait-ce que pour obtenir un rendez-vous, et d’en pleurer de reconnaissance. Un talent dont l'absence a été mise en évidence à l’occasion d’une enquête menée dans un journal du week-end.

Ted, un haut fonctionnaire du Parlement, à qui l’on demandait quelle avait été la teneur de la conversation à l’occasion d’un rendez-vous qu’il avait eu avec Anna, une enseignante d’école primaire, avait répondu, sans aucune trace d’ironie ou de gêne, que "la plupart du temps ladite conversation avait semblé tourner autour de lui".



Messieurs, vous avez compris, si vous ne voulez pas disparaître, seul l'art de la conversation pourra vous sauver, peut-être...

    Et si vous voulez mieux prendre la mesure du danger, je vous propose de visiter le site de cette terrible Hanna Rosin, son site sur la fin de l'homme.

Mise à jour au 18/03/2023 : Le site porte à présent son simple nom. Je vous préviens qu'en m'y connectant, mon antivirus m'a averti de la dangerosité du site. Mon antivirus est-il misogyne ?



Bon, soyons positifs, si ça peut nous sauver de l'extinction totale ! 😀

A moins qu'un jour prochain les femmes puissent se passer des hommes y compris pour faire des enfants ? 😕

Mais j'y pense, n'est-ce pas déjà le cas ? 😟


Bertrand Tièche

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