lundi 24 juin 2024

Transitio 2.0

Article mis à jour le 12 juin 2023.



Transitio.net a déménagé sur Google !

    La première version de Transitio, mise en ligne le 4 févier 2012, a fini par disparaître car le logiciel que j'avais utilisé pour créer le site est devenu périmé et impossible à mettre à jour. La dernière fois que je l'avais consulté il avait compté plus de 845.000 lecteurs.
    
    Heureusement que j'ai créé ce blog de sauvetage à temps ! On y retrouve les 220 anciens articles de Transitio.net (qui ont été corrigés et mis à jour !), ainsi que tous les nouveaux, car TRANSITIO continue ! 

Transitio ? Pourquoi ce drôle de nom ?

    Le vieux dictionnaire Latin/Français, le Gaffiot donne la définition suivante du mot latin "transitio" : "action de passer, passage..."
    Je n'ai pas trouvé plus joli nom pour ce site dont l'objet est d'analyser la formidable période de transition que nous vivons : transition énergétique, économique et sociale.

Pourquoi ce site ?

    L'humanité a bien sûr déjà vécu maintes périodes de transitions (Je me passionne pour l'Histoire), mais assurément aucune n'a jamais eu l'importance de celle dans laquelle nous sommes engagés. La différence de celle-ci par rapport aux précédentes, c'est son extraordinaire enjeu : Soit la mutation profonde de nos sociétés, soit l'effondrement...

    Nous ne pouvons plus réagir aux grandes mutations de notre environnement comme nous le faisions depuis 20.000 ans. Plus possible de changer de vallée lorsque les ressources diminuent. Plus possible de découvrir de nouveaux continents ni d'exterminer, asservir ou coloniser d'autres peuples pour piller leurs ressources.
    Nous venons de réaliser que nous vivions dans un monde fini, et nous commençons de découvrir avec inquiétude que nos réserves énergétiques s'épuisent, et comme si cela ne suffisait pas, le climat se réchauffe !

    Vous comprendrez mieux le problème de l'épuisement des ressources dans une société finie en regardant l'excellente petite vidéo ci-dessous.



C'est qui Transitio ?

    Ingénieur thermicien, c'est en 2003 que j'ai commencé à prendre conscience de la crise vers laquelle nous allions. Ce fut à l'occasion d'un congrès professionnel auquel j'avais assisté. Un représentant du gouvernement, le député Jean Besson (à l'époque membre du conseil supérieur de l'énergie et administrateur de GDF), missionné par la ministre de l'Industrie pour rédiger un livre blanc de l'énergie (une sorte d'état des lieux), avait introduit la journée de débat par un petit discours. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre dire que le gouvernement savait très bien qu'il n'y aurait plus de pétrole d'ici quelques décennies, ou que le peu qui resterait serait hors de prix. Il précisa même que la guerre que les USA venaient de commencer en Iraq s'inscrivait dans cette perspective. Le sujet était déjà évoqué à l'époque dans mon travail, mais là c'était un représentant du gouvernement qui en faisait l'aveux.

    Etant amené à réaliser des études prospectives dans le cadre de mon travail (schémas directeurs énergie, plans climat, etc.), penser l'avenir était une nécessité. J'ai donc commencé à suivre avec la plus grande attention, la progression de cet épuisement des ressources énergétiques (fin du pétrole, du gaz, du charbon, etc.).

    Grâce à Internet il était plus facile que jamais d'accéder à de précieux documents, autant dans les grandes compagnies de l'énergie que dans les institutions internationales et les gouvernements. Très peu dans la presse mainstream, vous vous en doutez. La presse ayant de plus en plus vocation à former l'opinion qu'à l'informer, elle ne se contente la plupart du temps que de rapporter ce que des chargés de communication lui donnent. Ce disant, je ne porte pas de jugement de valeur, car lorsque l'on prend réellement la mesure du problème, on comprend la difficulté qu'il y a à en parler.

    Le fameux déni n'existe pas seulement avec le réchauffement climatique. Il est encore bien plus grand vis-à-vis de la crise énergétique. Les uns disent que l'on saura s'adapter au nouveau climat en s'habillant léger et en poussant la climatisation, et les autres croient dur comme fer que l'on trouvera une nouvelle énergie miraculeuse pour remplacer le pétrole (en l'occurrence, en France, c'est le nucléaire qui sert de miroir aux alouettes).

    Toutes les guerres qui ont lieu depuis plus de 20 ans, ont pour véritable objet l'énergie. Lorsqu'un conflit éclate ou menace d'éclater quelque part (Ukraine par exemple), il vous suffit de taper pétrole, gaz ou uranium, avec le nom du pays, et vous comprendrez !

    La crise économique perpétuelle, elle aussi, est une résultante de l'épuisement des ressources. Les économistes comprennent peu à peu (pas assez) que la fameuse croissance infinie nécessaire pour équilibrer le marché (remboursement des dettes), ne reviendra jamais plus. (Vous avez regardé la vidéo ci-dessus ?).

    Etant passionné d'histoire, de philosophie et même de psychologie, j'ai très vite compris que cette transition énergétique allait provoquer une transition sociétale majeure, sans commune mesure avec les périodes de transition précédentes que l'humanité avait traversées. (La dernière glaciation a réduit l'humanité de moitié, mais à l'époque nous n'étions que quelques centaines de milliers d'individus.) Raison pour laquelle j'ai de plus en plus souvent abordé des sujets de société, en plus des sujets relatifs à l'énergie.

    La grande différence de notre époque par rapport aux précédentes, c'est que nous bénéficions d'un savoir extraordinaire et (normalement) de notre expérience transmise par l'étude de l'histoire.

    Alors voilà, Transitio, c'est cela ; des années d'études de la transition, des centaines de documents précieux dans mes archives et de temps à autres un nouvel article.

A l'origine du site, je concluais ainsi cette page de bienvenue :

"Vivons cette transition, ce passage, comme une heureuse opportunité et non comme une triste fatalité. Une formidable occasion pour les sociétés humaines d'évoluer...

L'avenir doit redevenir ce qu'il était autrefois, c'est à dire une source d'espoir, un projet. Ne gardons des legs du passé que le meilleur, enrichissons-nous des plus belles idées du présent et sourions à l'avenir.

L'avenir commence aujourd'hui !"

Alors bienvenue sur Transitio ! 

 

Petite mise à jour en 2022 : 

    Hélas, je ne suis plus aussi optimiste à présent. Pourtant, en 20 ans, énormément de choses sont allées dans le bon sens, principalement dans les domaines scientifiques et techniques et la date fatidique de la catastrophe climatique recule sans cesse depuis 50 ans. Mais dans le domaine de la pensée, c'est autre chose. Nous ne parvenons pas à nous libérer de certains déterminismes pesants hérités de notre longue évolution. Nos politiques se comportent comme s'ils vivaient encore au 19ème siècle, mais ils disposent des terribles moyens du 21ème. Quant à la population, comment ne pas constater avec inquiétude son ignorance grandissante, révélée par la pandémie de la COVID, et sa progressive mise à l'écart ?



Quelques conseils 😊
  • L'ancien site n'est hélas plus en ligne, raison pour laquelle certains lien des articles de ce blog risquent d'être rompus quand ils menaient vers des articles de l'ancien site. J'essaie de restaurer les liens au fur et à mesure.
  • Sur ce blog, on retrouve les articles par années, dans le menu à droite.
  • Transitio se trouve aussi sur une page Facebook sur laquelle je partage des infos que je juge intéressantes et où je publie également les articles de ce blog.
La page Facebook de Transitio !

La médiocrité est-elle le prix de la démocratie ?

Source Graphique : 
https://fr.statista.com/infographie/25769/carte-indice-de-democratie-dans-le-monde/

Le souci de la Démocratie

    J’aime beaucoup cette phrase de Churchill : “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes”.

    Rassurez-moi, vous êtes démocrate ? A la bonne heure ! je puis alors vous parler en confiance. Je suis sûr que vous vous souciez de l’avenir de la démocratie autant que moi.

    Comment ne pas s’inquiéter en effet pour l’avenir de celle-ci? Les dangers qui la mettent en péril sont si nombreux ! Mais dans les faits, sont-ils plus nombreux que par le passé, au cours duquel elle fut sans cesse combattue ?

    Dès sa naissance en Grèce, elle fut attaquée, et pas par les moindres ! L’aristocrate Platonne cessait de la critiquer avec haine et mépris. Platon fut d’une certaine façon le premier penseur politique de la réaction et du totalitarisme,  Mais qu’avait-il à opposer à la Démocratie, sinon la société de cauchemar qu’il dépeint avec délectation dans son ouvrage majeur, sa fameuse « République » ; mirage d’une société aristocratique injuste et violente, reposant sur le rêve d’un passé merveilleux qui en vérité n’avait jamais existé ?


C’est tellement facile de critiquer la Démocratie !

    La Démocratie n’est bien sûr pas un système parfait, mais la perfection ne peut pas être un projet politique, pas plus que le bonheur d’ailleurs. Le bonheur est subjectif, c’est une affaire individuelle, tous les régimes qui ont voulu l’instaurer par des lois, ont été des régimes totalitaires. Un gouvernement raisonnable ne peut que tenter de réaliser une société favorisant son épanouissement. Il en est de même pour l’idée de perfection. Si l’on veut un régime politique parfait, il faut que l’ensemble de ses citoyens soient parfaits. Vaste programme…


Société ouverte

    La Démocratie est née en même temps que la société ouverte, si bien décrite par Karl Popper. Une société ouverte au monde, née de l’empire commercial athénien, qui peu à peu permit à ceux-ci de se dégager de l’esprit de caste et de tribu, en constatant que les étrangers, les fameux « métèques », partageaient de nombreux points communs avec eux. La Démocratie est née en même temps que l’idée de l’universalisme.

On ne le sait pas assez, cette prise de conscience d’une sorte de fraternité humaine, s’étendit également à la perception de l’esclavage qui, si la Démocratie n’avait pas été mise à bas par les Tyrans, aurait peut-être fini par être aboli. Mais la route était encore si longue !...

A lire absolument !

    Dans la Grèce antique, la Démocratie fut pensée pour des citées états, des villes de tailles réduites où presque tous les citoyens se connaissaient. Cela peut paraître un détail, mais voter pour quelqu’un que l’on connait réconforte quelque peu l’électeur qui doit choisir. J’ai en mémoire ce paragraphe d’un courrier du sieur Adrien-Joseph Colson, avocat au parlement de Paris en avril 1789, qui écrivit ceci : « Je ne suis pas allé, comme je le projetais, à l'assemblée préliminaire des États, n'ayant la liberté de nommer pour électeur que des personnes de mon district, c'est-à-dire d'une partie de la paroisse, n'en connaissant pas trois qui aient pour cet effet les qualités requises, ni tout ce qu'il faut, et n'ayant pas le temps de m'informer pour en connaître d'autres. » 

    Voter, c’est donner sa voix à quelqu’un qui va parler à votre place. Si l’on y réfléchi bien, cela demande de la confiance. Il est donc préférable que le candidat soit connu, ce qui implique que celui-ci ait les moyens de se faire connaître, et ce disant, on ne peut que penser à l’importance que prendra la presse dans l’essor des démocraties. 

    L’éducation des citoyens est également très importante. Les écoles doivent pouvoir fabriquer des esprits instruits et critiques, afin que ceux-ci puissent faire de bons choix et évitent de tomber dans les pièges de la démagogie ou du populisme. Plus les citoyens sont excellents, plus la Démocratie sera bonne. Mais ne rêvons pas, contrairement à ce que certaines utopies du siècle dernier ont voulu nous faire croire en cherchant à créer des hommes nouveaux, tout le monde ne peut pas devenir Mozart, Einstein ou Périclès.


Le principal problème

    Plus une société grandi, plus elle s’étend, et plus sa Démocratie se fragilise. Un pays peuplé de millions d’individus, voire de centaines de millions, semble ne pouvoir construire qu’une apparence de Démocratie. Qui plus est, celle-ci devra être étayée par une puissante ingénierie sociale, guidant, voire fabriquant l’opinion publique. C’est ce que nous observons de nos jours. Indépendamment de ses paramètres historiques et culturels, la Chine, par exemple, avec son milliard et 400 millions d’habitants risque de ne jamais devenir une Démocratie. Ou alors ce ne sera qu’une parodie de Démocratie, comme l’Inde et bien d'autres pays...


Inévitable médiocrité ?

    Le but de ce texte n’est pas de vous raconter l’histoire de la Démocratie et ni de vous détailler ses nombreux problèmes. Il est plutôt de nous rendre compte d’une sorte d’évidence, celle de l’inévitable médiocrité et de la nécessité de s’en accommoder.

    La Démocratie, c’est la loi du plus grand nombre et plus les citoyens sont nombreux, plus la moyenne est basse. Les gens critiquent les politiciens et les condamnent volontiers pour leur incompétence ou leur malhonnêteté. Mais ce sont ces mêmes gens qui élisent et réélisent toujours ces mêmes politiciens ! Certains élus vont même jusqu'à affirmer que leurs électeurs sont cons ! Nous pouvons en déduire, quoi qu’on en dise, qu’ils trouvent ces comportements « normaux ». De là à conclure que les citoyens élisent des gens qui leurs ressemblent, il n’y a qu’un pas. Il ne s’agit pas d’une ressemblance sociale, mais plutôt d’une ressemblance dans les comportements, choix moraux, etc. Il faut faire avec la médiocrité démocratique.

"La plupart des gens sont cons" dit Nicolas Perruchot.

    L’alternative, soit l’excellence à tout prix, ce serait le gouvernement par les meilleurs ! Cela s’appelle l’aristocratie. Ce disant je songe à Joseph II, empereur d’Autriche Hongrie, dont la devise était : « Tout pour le peuple, rien par le peuple ». Mais tout ce qu’il fit de bien pour l’émancipation de son peuple : nationalisation de biens de l’église, fermeture de monastères, pour financer des écoles, (et bien d'autres choses) fut rétabli à la demande dudit peuple après sa mort. (Le peuple a tendance à aimer les chaînes qu'il a portées durant des siècles.)

 Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas se laisser illusionner par le mirage du gouvernement par les meilleurs. C’est d’ailleurs un fantasme qui revient de nos jour par le biais du mouvement transhumaniste, dont certains prophètes prédisent un futur gouvernement régi par des hommes « augmentés » par la technologie, et devenus des dieux (lisez ou écoutez les idées de Laurent Alexandre). C’est une résurgence de nos antiques pulsions de soumission à des divinités, que nous avons hérité de notre longue évolution, et qui malheureusement font encore le bonheur de nombreux gouvernement théocratiques, aussi anachroniques que totalitaires (retour aux sociétés fermées postérieures à la démocratie).


Risque limité ?

    Tant que le système démocratique persiste, rien n’est véritablement perdu. Un mouvement populiste, nationaliste et raciste, pourra par exemple à un moment donné séduire les citoyens et se faire élire ; comme c’est déjà arrivé en Europe, au Brésil ou aux USA. Mais tant que les institutions politiques sont préservées, il peut être viré lors des élections suivantes. Le danger étant bien sûr que ledit mouvement change les institutions une fois au pouvoir (comme Hitler après son élection en 1933)

    Mais il existe d’autres barrières que l’on sous-estime, celles de la finance par exemple. Comme je l’ai déjà expliqué dans un autre article sur le pouvoir, les banques refuseront de financer certaines politiques qui s’éloigneront trop de leur dogme libéral et mondialiste. Jusqu’à présent elles ont constitué un indiscutable frein au progrès social. Mais il est fort probable qu’un parti d’extrême droite aurait presque autant de mal à financer sa politique qu’un parti d’extrême gauche, une fois parvenu au pouvoir. C’est d’ailleurs ce que l’on a déjà observé en Europe ou nombre de partis d’extrême droite ont révisé leurs discours isolationnistes, après avoir emporté des élections (qu’ils perdirent d’ailleurs ensuite).

    Concernant la mécanique du pouvoir, je vous conseille la lecture de mon article "Transition ? Quel pouvoir avons-nous ?"


    Le danger de l’incompétence, c’est tout de même le risque de guerre. C’est ce que l’on a vu avec l’Ukraine qui a élu un président populiste qui s’était rendu célèbre à la télé en faisant semblant de jouer du piano avec son pénis (et autres fantaisies du même genre) et qui s’est laissé manipuler par nos amis américains jusqu’à rendre dingue le psychopathe du Kremlin. Pour son excuse, il faut reconnaître que ses électeurs, aussi nationalistes, religieux et revanchards que les Russes, rêvaient depuis longtemps d’en découdre, sous couvert bien sûr de la protection américaine. Mais là n’est pas le sujet de mon article (Lire plutôt celui-ci).

Zelensky jouant du piano avec son pénis.

S'en accommoder ?

    Il faut donc s’accommoder de la médiocrité, autant faire se peut. Sauf exceptions, les politiciens médiocres, sont à l’image de leurs concitoyens et ne sont que moyennement dangereux.

    De toute façon, quelle alternative avons-nous ? Voudriez-vous vivre en Chine, en Russie ou en Inde ? Voire même aux USA ? Pas moi, soyez-en sûrs.

    D’une certaine façon, la Démocratie est plus un objectif, une destination, qu’un état ou une situation véritablement atteignable. Il faut tendre vers celle-ci, tout en sachant que l’on risque de ne jamais y parvenir. Ce dont je suis cependant convaincu, c’est que toutes les religions, ainsi que tous les partis nationalistes, sont des vestiges des antiques sociétés fermées, qui constituent des obstacles à la Démocratie…


Conclusion ?

    Autrefois j’aurais écrit un article plus militant, plus vindicatif. Mais avec l’âge, je suis devenu pragmatique. J’ai réalisé que le combat pour l’instruction des citoyens avait été perdu. Au siècle de la robotisation et des Intelligences Artificielles, une population éduquée n’est plus nécessaire pour produire des richesses. (Lire mon article sur le Tittytainment).

    J’ai vraiment été horrifié par le niveau de bêtise généralisée que l’on a pu mesurer lors de la pandémie de la COVID 19. Autrefois, les gens avaient honte de leur ignorance, à présent ils en sont fiers et ils la brandissent même comme un symbole de leur liberté vis-à-vis des institutions.

Distraire ceux qui sont devenus inutiles.

    J’aurais aimé finir cet article autrement. Je le voulais optimiste et j’ai quelques doutes… 😉

 

Post Scriptum :

    En faisant des recherches pour illustrer cet article, j'ai découvert un article intitulé "La médiocrité menace la démocratie" publié sur le site de l'Institut de Recherches économiques et Fiscales, rédigé par un monsieur portant le nom d'un paradis fiscal, . Il a écrit ce que l'on s'attendrait à lire sur le sujet. Vous pouvez vous faire une idée en cliquant sur l'image ci-dessous :





 

 


dimanche 23 juin 2024

Ce que les électeurs du RN devraient savoir du programme du RN

 


    Pas de long discours argumenté, c'est inutile avec les électeurs du RN. Voici juste une liste que vous pourrez éventuellement leur proposer de lire.


Social

Le RN a voté contre le blocage des prix de première nécessité

Le RN a voté contre le gel du prix des loyers (21 juillet 2023)

Le RN a voté contre l’augmentation du SMIC (20 juillet 2023)

Le RN a voté contre l’indexation des salaires sur l’inflation (20 juillet 2023)

Le RN a voté contre la revalorisation des APL de 10%

Le RN est contre la hausse du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires

Le RN a voté contre la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires (26 juillet 2023)

Le RN a voté contre  la proposition de sortir du marché de l’électricité, au Parlement européen.

Le RN s’est abstenu sur la création d’une garantie d’autonomie pour les étudiants  (25 juillet 2023)

Le RN s’est abstenu sur la revalorisation des minima sociaux au niveau du seuil de pauvreté (25 juillet 2023)

Le RN a voté contre l’encadrement des écarts de rémunération de 1 à 12 au sein d’une même entreprise

Le RN s’est abstenu sur l’instauration de prix planchers pour les agriculteurs

Le RN veut couper les subventions du Planning familial

Le RN veut réduire le nombre de logement sociaux et supprimer le minimum de 25 % de logements sociaux imposés aux communes.

Le RN a renoncé à abroger la réforme des retraites (le 11 juin sur RTL), ne la considérant plus comme une priorité

Le RN est contre le recrutement de sapeurs-pompiers et la revalorisation de leurs salaires

Le RN est contre l’augmentation des budgets des universités

Le RN est contre la gratuité des fournitures scolaires pour les plus modestes


Fiscalité

Le RN est contre la hausse des moyens pour lutter contre la fraude fiscale

Le RN veut supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) (proposition N°16)

Le RN a voté contre la taxe sur les superprofits

Le RN a voté contre le rétablissement de l’Impôt Sur la Fortune (23 juillet 2023)

Le RN est contre l’augmentation de la TVA sur les produits de luxe

Le RN veut créer un ministère de la lutte contre les fraudes, sans les différencier, alors qu’en 2019 la fraude sociale était estimée à 2,3 milliards d’euros contre entre 80 et 100 milliards d’euros pour la fraude fiscale, et que 35% des bénéficiaires potentiels pour le RSA renoncent à ce droit.


Droit des femmes

Le 4 mars 2024, trente-et-un députés du RN n’ont pas voté la constitutionnalisation de l’IVG 

Les députés  RN ont voté contre ou se sont abstenus sur la proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique. (Juin 2023)

Le RN est contre l’attribution d’un milliard d’Euros dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes


Au Parlement européen :

Le RN s’est opposé à une résolution  invitant les États membres « à prendre des mesures efficaces pour promouvoir l’égalité » salariale entre les hommes et les femmes, notamment dans les domaines où celles-ci sont sous-représentées. (Janvier 2020)

Le RN n’a pas condamné la nouvelle réglementation polonaise entérinant la quasi-illégalité de l’avortement dans ce pays.

 

Écologie

Le RN a voté contre le verdissement de la prochaine Politique agricole commune (2023-2027), 

Le RN a voté contre une proposition d’exclure les élevages intensifs des aides directes versées par l’Union européenne

Le RN est contre la taxation des yachts et jets privés

Le RN est contre la suppression de la niche fiscale du kérosène aérien

Le RN veut arrêter les énergies renouvelables parce que « ce n'est pas propre, et en plus c'est alternatif » (Dixit Le Pen le 5 juin 2024). 
C’est techniquement faux, lire mon article sur le RN et l’énergie : https://www.transitio.info/2024/06/analyse-du-programme-du-rn-relatif.html

Le RN veut construire 20 EPR (L’EPR actuel a été mis en service avec 12 ans de retard (2024 au lieu de 2012) et a coûté 6 fois plus cher que prévu (19,1 milliard au lieu de 3.3)).

Le RN a voté contre « l’ensemble du texte européen “De la ferme à la table” », qui avait « pour objectif 25 % de bio sur la surface cultivée du continent dans les huit prochaines années ».


Gestions communales

Dans toutes les municipalités où le RN a obtenu une majorité, le constat est le même : à des discours proches du peuple pendant la campagne ont succédé des mesures libérales et antisociales.

Au Pontet, en 2014, le conseil à dominante Front national a voté la fin de la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles démunies, afin d’économiser 30 000 euros sur un budget municipal de 50 millions.

À Villers-Cotterêts, « la baisse des impôts locaux s’est traduite par une augmentation du tarif des cantines et des centres de loisirs pour les familles modestes, ou la fin de la gratuité des ateliers de la médiathèque ». De même à Cogolin (Var), Fréjus, Béziers (Hérault) et Beaucaire (Gard), où le budget des écoles et les subventions socio-éducatives ont été diminués, et le prix des repas en cantine augmentés.

Fin 2016, le maire (RN) de Hayange, en Moselle, a coupé le gaz et l’électricité au Secours populaire, qu’il voulait expulser de locaux municipaux occupés légalement depuis 2005. (le courant ait été rétabli sur injonction du tribunal).


Préférence nationale...

Nota :Depuis 1515, le droit du sol permet à l’enfant d’un étranger né et résidant en France de devenir français. En 1889, le principe devient un fondement de la République : l’accès à la nationalité française par la naissance sur le sol s’applique progressivement et de plus en plus fermement au fil des générations.

Le RN affirme que « l’immigration massive incontrôlée est une menace pour nos comptes publics », alors que c’est faux. L’immigration a en fait un effet positif sur les finances publiques. Ce que les migrants paient en impôts et cotisations sociales est largement supérieur à ce que beaucoup d’entre eux reçoivent. L’Institut La Boétie l’a démontré dans une note accessible par ce lien : https://institutlaboetie.fr/note-immigration/

Le RN prétend défendre « le patriotisme économique » (que ceux qui produisent français puissent avoir une priorité sur les marchés français) ». Pourtant, au Parlement européen, il siège dans un groupe qui vote pour les accords de libre-échange


Un peuple crédule et sous-informé sert toujours de marchepied au fascisme pour accéder au pouvoir. 


lundi 10 juin 2024

Analyse du programme du RN, relatif à l'énergie...

Fusion de deux affiches, dont une des années 40.

 

    Voici donc le RN, un parti tout neuf (ou plutôt un vieux parti remis à neuf), qui s’apprête à prendre le pouvoir. Je ne vais pas me disperser en de multiples considérations politiques et morales et je vais m’efforcer d’analyser dans le programme du RN, le sujet que je connais le mieux, c’est-à-dire l’énergie. (L'article est bref. Vous pourrez lire une analyse beaucoup plus détaillée sur le site du think tank Terra Nova dont je vous donne le lien en bas de page).

    Des millions de gens ont été séduits par ses promesses car le RN fait croire au retour à un passé merveilleux devenu pourtant totalement impossible du fait des changements irréversibles du monde (croissance démographique, épuisement des ressources, etc.). Rappelons que l’indépendance de la France qui fait tant rêver ses électeurs, reposait autrefois sur un empire colonial, et que même si notre armée a fait ce qu’elle pouvait pour préserver notre approvisionnement en uranium au Niger, elle a tout de même fini par se faire virer. On peut ajouter également (pour faire plaisir au RN russophile) que, malgré nos rodomontades belliqueuses, nous dépendons toujours autant de la Russie aussi bien pour notre approvisionnement en uranium que pour le traitement des déchets radioactifs notre approvisionnement en uranium que pour le traitement des déchets radioactifs

    Mais soyons pragmatiques ! Pas d’attaques injustifiées ! Efforçons-nous de respecter le vote de nos concitoyens égarés et analysons ledit programme.

Voici quelles sont les propositions du Rassemblement National concernant l’énergie

  • ·      Opposition au développement de l’éolien, 
  • ·  Investissement dans le nucléaire de nouvelle génération (EPR), l’hydrogène, la géothermie,
  • ·        Opposition à la libéralisation des concessions des barrages hydroélectriques,
  • ·      Assouplissement des obligations européennes de rénovation énergétique des bâtiments (DPE),

Analyse

    Le RN ne fait pas mention de la sortie des énergies fossiles dans son programme ; preuve qu’il n’a pas compris ou qu’il ne sait rien de l’épuisement des gisements d’énergies (les rares découvertes ici et là ne pouvant égaler les gisements du passé et le pétrole qui reste est devenu trop coûteux à extraire car trop profond). Le RN semble également se contrefiche des effets déjà visibles et désastreux du réchauffement climatique, effets causé par la surconsommation des énergies fossiles depuis 150 ans, en rapport avec la croissance démographique (Lire cet article : https://www.transitio.info/2022/07/le-meme-de-transitio-sur-le-climat-si.html).

    En refusant le développement de l’éolien au nom de la variabilité (appelée intermittence), le RN va priver l’Europe de son énergie la plus prometteuse, qui remplace rapidement et efficacement les énergies fossiles (de plus en plus couteuses). Preuve également qu’il n’a pas compris ou qu’il ne sait pas que les intermittences des énergies renouvelables se gèrent aisément au travers d’un réseau interconnecté (merci Linky), ainsi que par des techniques performantes : stockage thermodynamique, stockage souterrains (air comprimé ou eau), pompage-turbinage des barrages, piles à combustibles, etc. (Lire mon article : https://www.transitio.info/2011/05/via-les-echos-intermittence-stockage.html)

    Les reculs souhaités par le RN sur la rénovation thermique des logements (démagogie à l’attention des propriétaires de biens), freinent la lutte contre la précarité énergétique des usagers qui ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie ! Les énergies dont le développement est mentionné dans le programme du RN (hydrogène, géothermie, nucléaire) sont soit de nature marginales (Hydrogène dont la production demande de l’énergie, et géothermie qui dépend du sous-sol et ne peut être utilisée partout), soit des paris technologiques comme le nucléaire dont le déploiement est trop long pour atteindre nos objectifs. Le prochain réacteur nucléaire à être construit en France ne sera pas connecté au réseau, si tout se passe bien, avant 2038 ! Rappelons que le nucléaire est un pari technologique qui ne tient pas ses promesses de miracle depuis 80 ans et qu’il ne représente que 4.5 % de la production mondiale d’énergie, avec seulement 100 ans de réserves d’uranium pour le parc de centrales existantes. (Lire mon article : https://www.transitio.info/2021/04/le-nucleaire-na-pas-davenir-preuve-par.html)

Nota : Concernant le nucléaire (seulement le nucléaire ?) il semble que le RN change d'avis sur celui-ci au gré des courants d'opinions. Lire cet article à propos des revirements de Marin Le Pen : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-marine-le-pen-a-t-elle-dit-en-2017-que-le-nucleaire-etait-dangereux_5591082.html


Conclusion

    On a l’impression que le RN a fait ses choix en écoutant les conversations au café du commerce et sans prendre l’avis auprès d’experts. « Bla-bla-bla les éoliennes ! », « Bla-bla-bla l’indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire », etc.

    Fondé sur une compréhension erronée des enjeux énergétiques, le programme de la liste du Rassemblement National privera l’Europe de son énergie la plus prometteuse en refusant le développement de l’éolien.

    Les reculs proposés sur les énergies renouvelables et sur la rénovation thermique des bâtiments précipiteront les citoyens dans une précarité énergétique encore plus grave. Rappelons également que la rénovation thermique est également créatrice d’emplois.


Alors que dire ?

    Je me souviens de ce rapport du Centre d’Analyse Stratégique du Gouvernement, publié en 2008 dans lequel il était écrit en page 13 « la poursuite des errements actuels (scénarios dits « tendanciels ») est le chemin le plus court et le plus certain vers des perspectives de catastrophes mondiales. (…) Aucune correction spontanée n’est envisageable ; il faut agir avec détermination et sans délai, comme le prévoit l’Union européenne pour 2020. L’inaction ne laissera ouverte à terme qu’une alternative : changer de société par la force ou la voir disparaître, »

Ca y est nous y sommes…

Vous trouverez le rapport ici :
https://strategie.archives-spm.fr/cas/system/files/rapport_energie_synthese_volume_1.pdf

Voir également cette autre analyse très pointue du programme du RN :

https://tnova.fr/ecologie/transition-energetique/le-paradis-energetique-de-jordan-bardella/


 

Une dernière question :"Le RN est-il aussi incompétent dans tous les domaines ?"