Article paru le 12 avril 2010 dans le New York Time
"Urgence pour l'Europe à partager son électricité"
Un nouveau rapport sur l'avenir de l'électricité propre en Europe
Il nous faut parfois chercher dans la presse étrangère pour découvrir qu’en dehors de notre cher pays ’’nucléarisé’’, certains font des efforts pour penser un avenir plus intelligent.
C’est ainsi que j'ai eu connaissance, par un article paru dans le New York Time, d’un nouveau rapport présenté à la commission européenne à Bruxelle concernant le partage des sources de production d’électricité en Europe.
L’article est consultable en ligne par le lien suivant :
Voici ma traduction de cet article :
Selon un rapport dont les conclusions induiraient des défis importants pour une région morcelée comme l’Europe, les énergies renouvelables devraient être produites et distribuées à l’échelle continentale pour une plus grande contribution à la réduction des gaz à effet de serre.
Le rapport, qui sera publié mardi, a été établi par ’’European Climate Foundation’’, un groupe financé par des organisations philanthropiques, en utilisant des études réalisées par McKinsey, un cabinet de conseil.
Parmi ses recommandations, un câble d’alimentation gigantesque qui relierait les fermes solaires en Espagne avec les pays demandeurs d’énergie, comme la Pologne. Une telle liaison pourrait expédier d’importants volumes d’électricité propre, mais elle pourrait rencontrer la forte opposition politique de pays comme la France.
Le rapport souligne comment les différentes sources d’énergie renouvelables, y compris le vent de la mer du Nord, devraient être liés à un réseau transcontinental pour générer un approvisionnement sûr et fiable d’énergie alternative afin de remplacer les combustibles fossiles.
Un tel réseau serait probablement plus facile à construire dans des pays qui s’étendent sur les continents, comme les États-Unis et la Chine. En Europe, les réseaux électriques restent largement confinés aux pays, avec peu de liaisons transfrontalières.
Le rapport, qui sera présenté à Bruxelles au commissaire à l’énergie, Günther Oettinger, et au commissaire du climat, Connie Hedegaard, indique que les liaisons transfrontalières devront évoluer si l’on veut distribuer plus largement l’énergie propre.
L’ajout d’une grosse interconnexion traversant la France pourrait aider les services publics français à exporter de l’énergie nucléaire, mais elle pourrait aussi les pénaliser en fournissant à ses clients une source alternative d’électricité.
Les pays, dont la France, auraient besoin « d’envisager l’intérêt des régions plus largement qu’ils ne sont actuellement", indique le rapport.
Un autre facteur qui susceptible d’entraver ces projets, pourrait être l’ancienne opposition à des réseaux de pylônes et câbles disgracieux dans des zones frontalières comme les Pyrénées, la chaîne de montagnes entre l’Espagne et la France.
La capacité actuelle entre l’Espagne et la France est inférieure à un gigawatt et devrait pouvoir s’élever à 40 gigawatts par des quantités suffisantes d’électricité solaire, selon le rapport. Des efforts seront nécessaires "pour changer les réactions du public vis-à-vis de l’infrastructure aérienne de transport de grande échelle," précise-t-il, sinon, des "solutions alternatives" à des lignes aériennes sur les Pyrénées, comme des câbles souterrains et sous-marins ", pourraient être étudiées." L’European Climate Foundation a déclaré qu’il avait invité tous les grands services publics européens à participer à l’étude.
EDF, qui exploite des centrales nucléaires en France, n’était pas impliquée. Une porte-parole d’EDF a déclaré qu’il était possible que des filiales aient été impliquées dans le rapport, mais elle n’avait pas plus de détails.
GDF Suez, un autre producteur d’électricité français avec d’importantes activités nucléaires, a été impliqué mais n’a pas appuyé les conclusions. Une porte-parole de GDF Suez a dit qu’elle avait été incapable d’obtenir une explication des raisons pour lesquelles la compagnie avait pris ses distances avec le rapport.
Le rapport semble également avoir irrité Alstom, une société d’ingénierie française qui met un accent important sur la technologie pour réduire les émissions des centrales électriques alimentées par du charbon ou du gaz naturel. Alstom a participé mais n’a pas approuvé les conclusions, car, a-t-elle dit, certaines parties du rapport sous-estiment le rôle des technologies de capture du carbone. Une porte-parole de la société, Mary Varkados, a déclaré qu’Alstom se félicitait des principales conclusions du rapport, mais a ajouté que « des travaux complémentaires seront nécessaires" sur la façon d’atteindre les objectifs de réduction des émissions.
De grandes entreprises énergétiques ont signé le rapport final comme Shell, la compagnie anglo-néerlandaise de pétrole et de gaz, et RWE, une société de production électrique allemande qui a produit ces dernières années plus de dioxyde de carbone qu’aucune société établie dans l’Union européenne. RWE participe aux efforts visant à fournir de l’électricité solaire produite à partir de l’Afrique du Nord. Le secteur de l’énergie est actuellement le plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans de nombreuses parties de l’Europe.
Le rapport dit que l’Union européenne aurait besoin de combiner l’énergie solaire de l’Espagne avec l’énergie éolienne en mer du Nord si elle devait répondre à sa promesse faite l’été dernier de réduire les émissions de 80% d’ici 2050.
D’après le rapport, ce serait cher, mais gérable. L’Union européenne devrait déjà investir 4,2 milliards d’euros, soit 5,7 milliards de dollars, à travers l’économie au cours des 40 prochaines années pour assurer une puissance suffisante d’ici le milieu du siècle, selon celui-ci. Pour atteindre son objectif de réduction des émissions, l’Union Européenne aurait à investir un total de 7 milliards d’euros, ou environ 66% de plus, précise-t-il.
Mais le coût de l’énergie pour l’économie devrait commencer à baisser à partir de 2020 en raison de la réduction de l’utilisation de combustibles fossiles et des économies d’efficacité qui aideraient à compenser le coût de construction de cette infrastructure ’’basse-carbonique’’.
PS : Pendant ce temps là, en France...