Les visions du patron d'EdF !
Ou ce qu'il faut savoir, pour mieux comprendre pourquoi la construction de l'EPR est si... "laborieuse".
Les travaux de l’EPR ont en effet été lancés en 2007, après le feu vert donné par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en 2004. EDF avait prévu à l’époque 5 ans de travaux et un raccordement au réseau électrique en 2012. L’échéance a ensuite été repoussée à 2014. Mais en 2011, EDF a annoncé que la mise en service ne pourrait pas intervenir avant 2016.
En 2005, le prix de l’EPR de Flamanville était estimé à 3,3 milliards d’euros, comme celui d’Olkiluoto en Finlande, construit par AREVA. En 2008, soit un an après le début de la construction, la facture grimpe à plus de 4 milliards. La note passe de 4 à 6,5 milliards entre 2009 et décembre 2012. En septembre 2014, EDF a annoncé que le coût final allait s’élever à 10,5 milliards d’euros, Donc plus de 3 fois plus cher que le coût annoncé au départ.
Voir cet article : Nouvelles révélations d'une source interne à EDF sur la dangerosité de l'EPR
Ou celui-ci : Un pli anonyme reçu par des associations anti-nucléaire
Quel dommage que le responsable d'EDF ne prenne pas l’avis de ses ingénieurs ! J’ai travaillé en 2008 avec un cabinet d’experts en sécurité industrielle dont le patron, habitué à travailler pour EDF, m’avait confié que plus personne chez EDF ne savait vraiment comment construire une centrale nucléaire, les compétences s’étant perdues avec la génération qui venait de partir à la retraite. Cette information étonnante s’est vérifiée au fil des années.
Plus ces sociétés grossissent, moins leurs techniciens et ingénieurs sont nombreux, et moins ceux-ci disposent de moyens pour travailler. J'ai de plus en plus souvent en face de mois des ingénieurs commerciaux quand ce ne sont pas des juristes, dont la seule préoccupation est d'obéir aux directives de leurs directions qui se résument à "Plus de fric à moins de risque".
Ces sociétés ne sont plus que de monstrueuses pompes à fric alimentant des actionnaires toujours plus avides de remontées financières. Leurs directions rêvent de conquérir le monde, sans se préoccuper des troupes nécessaires à cette conquête.
Le problème des renouvelables, c'est que c'est possible et rentable. Rentable pour la société, mais pas pour "ces sociétés"
Le "parapluie" nucléaire
La principale justification du nucléaire, pour faire simple,... c'est l'arme atomique. Le programme atomique français a été lancé par une génération qui avait subi l'humiliante défaite de 1940.
La bombe permettait une sanctuarisation du territoire, et effectivement, cela a fonctionné.
Je recommande aux plus jeunes de regarder cette vidéo qui explique la "Campagne de France" de 1940 (en 45 jours, 552 900 soldats furent tués ou blessés dans les deux camps, dont 342 000 Français). Mes parents, alors enfants, ont connu la peur sur les routes de l'exode.
Je ne porte pas de jugement, car le contexte était particulier. Mais comme cela coûtait fort cher, il fallait bien trouver une justification plus,... "politiquement correcte".
L'énergie providentielle !
Le premier choc pétrolier du début des années 70 a été l'occasion rêvée de présenter le nucléaire comme une solution.
Histoire de Comprendre - 62 - 1973, Le Premier... par tonio000001
Certains pays, comme le Danemark, se sont efforcés de réduire leur dépendance au pétrole en développant les énergies renouvelables. En 1972, le Danemark était l’un des pays de l’OCDE les plus dépendants du pétrole (92 % de sa consommation énergétique totale). En 1996, à la suite de trois plans énergétiques (1976, 1981, 1990), sa dépendance pétrolière était réduite de 50 %.
Lire cet article sur le modèle énergétique nordique à l'horizon 2030.
La France, elle, a décidé de développer à outrance le nucléaire, en présentant cette fatale énergie, comme une énergie miraculeuse...
L’aberration du chauffage électrique
L'idée formidables des grands génies d'EDF a été celle du chauffage électrique, cette aberration française.
Lisez donc cet article de Transitio intitulé "Les chevaux de Troie du nucléaire".
Lisez aussi cet excellent article de Terraeco "Comment EDF a vendu le grille-pain à la France".
Mise à jour au 20/10/2021 : Je me rends compte que cet article du 8 février 2012 sur Terraeco, a curieusement été vidé de de toutes ses images et vidéos. Fort heureusement, le texte subsiste. Mais comme j'ai déjà vu souvent des articles intéressants disparaître, je me permets de le retranscrire ci-dessous :
Pub : comment EDF a vendu le grille-pain à la France
Alors que l'Hexagone vient de battre un nouveau record de consommation d'électricité, retour sur vingt ans de matraquage publicitaire en faveur du chauffage électrique.
Près d’un logement sur trois se chauffe à l’électricité en France. Ce mode de chauffage s’est considérablement étendu en France depuis 1975. A l’époque, 20% des logements neufs optaient pour l’électrique, contre 80% aujourd’hui. Un choix clair et net, que la France est la seule à avoir fait. Selon une étude menée par l’association Alternative pour les énergies renouvelables et l’environnement (pour le compte de Greenpeace et à partir de données de 2005), les ménages français posséderaient à eux seuls autant d’appareils de chauffage électriques que l’ensemble des foyers européens réunis. Ailleurs la pratique est rare. Le Danemark l’a tout bonnement interdit tandis que la Belgique en a proscrit la publicité. Et pour cause, ce mode de chauffage a de graves inconvénients (voir encadré).
Comment expliquer cette spécificité française ? A Terra eco, notre petit doigt nous dit que c’est en bonne partie grâce au lobbying d’EDF qui [a montré sa capacité à défendre le chauffage électrique pendant le Grenelle mais aussi grâce à ses très nombreuses publicités. La preuve en image :
Tout commence en 1972, où en 46 secondes et avec une pub animée en noir et blanc, EDF avance que le « chauffage électrique intégré isole du bruit » et qu’avec lui « les plantes revivent, les balais balaient moins, les odeurs s’évanouissent, les enfants s’enrhument moins l’hiver, tout le monde est plus heureux ». Conclusion : « le chauffage électrique intégré recrée les conditions naturelles de la vie. » Une perle à visionner ci-dessous.
En 1986, en couleur cette fois, EDF fait rouler un petit garçon sur une musique jazzy dans un appartement pour vanter son système « bien-être ». La pub loue notamment la bonne régulation et le confort du système, sans cette fois citer le terme « chauffage électrique ». Les références aux watts sont plus subtiles : la maison a la forme d’une prise électrique, et le spot se termine sur le très subtil jeu de mot « soyez courant » :
En 1991, retour au dessin. Une femme à la voix lascive vante les mérites de son « chauffage électrique » qui « a déjà tout chauffé avant de (la) voir arriver ». Elle prend même son chauffage, représenté par un homme chauve en toge, dans les bras. Là encore, tout se passe comme si c’était grâce à l’énergie électrique que l’on peut se chauffer intelligemment et avec un thermostat :
En 1992, retour du même couple, et de la même stratégie. La femme EDF célèbre à nouveau les mérites de la programmation de la chaleur : « Mon chauffage électrique, je règle son thermostat une fois pour toute et après on ne voit plus le temps passer » :
En 2000, changement de tactique. Le système vendu et vanté s’appelle désormais Vivrelec. La publicité annonce une « révolution » dans le chauffage électrique. A l’époque, EDF va jusqu’à verser une prime aux acquéreurs d’un logement neuf qui se chauffent à l’électrique. Une prime qui durera jusqu’en 2004.
En 2001, nouvelle publicité pour Vivrelec, qui flatte les vertus de l’électrique, mais sans le nommer. Peu de nouveauté dans cette pub, mais on ne résiste pas à regarder cet homme qui n’arrive pas à quitter sa maison tant il aime « ses serviettes toujours tièdes ».
En 2004, encore une pub pour Vivrelec. Cette fois, elle montre une famille dont les enfants tristes sont contraints d’ouvrir leurs cadeaux de Noël dans la neige. Et leur propose de rénover leur chauffage électrique via un numéro azur. No comment.
Un choix doublement dommageable
La France a battu mardi un nouveau record de consommation d’électricité. Le principal responsable de ces pics de consommation est le chauffage électrique. Ce ne sont pas les anti-nucléaires qui le disent mais RTE, Réseau de transport d’électricité, la filiale d’EDF chargée de veiller à l’équilibre entre consommation et production. Dans son rapport annuel 2011, elle indique : « L’usage du chauffage électrique augmente la sensibilité de la consommation aux températures froides. Cette sensibilité à la température de la consommation d’électricité est aujourd’hui de 2 300 MW par degré à 19h, heure de la pointe de consommation journalière en hiver. Elle n’a cessé de progresser ces dix dernières années, gagnant près de 70 MW par an. » Résultat, en hiver, un degré de moins entraîne une augmentation de la consommation équivalent à deux fois celle de la ville de Marseille.
Deuxième problème de cette production : elle entraîne beaucoup de pertes. En effet, le circuit de production de chaleur via l’électricité, principalement nucléaire, est plein d’embûches. Il faut d’abord que la centrale produise de la chaleur qui va être transformée en électricité. Mais cette électricité doit à nouveau être transformée via votre chauffage avant de vous réchauffer les mimines. Résultat : plus de 72% de l’énergie est perdue dans ce circuit. Un manque d’efficacité qui vaut aux convecteurs électriques le surnom moqueur de « grille-pain ».
Le mensonge de l'indépendance énergétique !
Rendez-vous compte, brave gens, que l'on a même réussi à nous faire gober que le nucléaire nous apportait l'indépendance énergétique !
C'est à croire que la présence permanente de l'armée française dans certaines anciennes colonies comme le Niger ou le Mali, n'à pour but que de défendre les Droits de l'Homme !
Depuis 1978, 58 réacteurs nucléaires ont été mis en service en France !
Une énergie subventionnée !
Le nucléaire devient même à présent l'énergie la plus subventionnée ! Regardez cette vidéo expliquant comment le gigantesque EPR que EDF veut construire à Hinkley Point en Angleterre.
Transitio en avait déjà parlé en 2012 ! Cliquez sur ce lien : EPR, Le scénario du pire.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez comme moi déposer un recours devant la commission européenne contre ce projet scandaleux, en cliquant sur l'image ci-dessous :
Une industrie malade, prête à toutes les "collaborations"
Le journal Les Echos, a révélé le 19/10/2015 que EDF était parvenu à un accord avec ses partenaires chinois sur la construction des deux EPR de Hinkley Point !
Ceux-ci devraient prendre une participation de 33,5 % dans le projet. Le géant étatique chinois CGN jouera un rôle leader sur cet investissement, tandis que l’autre acteur chinois du nucléaire, CNNC, sera associé à la démarche via une coentreprise avec CGN ! Lisez la suite sur le site des Echos en cliquant sur l'image ci-dessous :
Et que croyez-vous qu'il advienne ensuite ?
Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour le savoir !
The Washnington Post a annoncé ce 4 décembre 2015, que la Chine avait l'intention de mettre en service 110 réacteurs nucléaires d'ici 2030 !
Comment réagir ?
Que faire effet face à l'extraordinaire matraque médiatique auquel s'est livré EdF à l'occasion de la COP 21 ?
Signer cette pétition peut-être ? En cliquant sur l'une des images ci-dessous ?
Encore un mot sur le nucléaire ?
Le site ci-dessous est un bon exemple. Cela ne changera peut-être plus grand chose, mais au moins vous saurez.
Une conclusion à cet article ?
Mais il semble que d'autres, prennent conscience de la dérive du discours moralisateur et culpabilisant. Lisez cet article très édifiant :
Mise à jour au 3 février 2016 :