dimanche 30 septembre 2012

Invisible misère



Il n'y a pas de misère en France ?
Une vidéo pour rire ou s’énerver et un petit texte pour réfléchir…


Un des plus grands dangers qui menace les pauvres en France, après la faim et le froid, c’est l’invisibilité !

    La France comptait pourtant en 2010 plus de 8,6 millions de pauvres si l’on utilise le seuil de 60 % du niveau de vie médian (964 euros). Soit un taux de pauvreté de 14,1 %. Et le chiffre n’a fait qu’augmenter depuis (Voir les données de l'INSEE).



Le meilleur des mondes, est à l'UMP...

    Mais pour certaines personnes, la pauvreté n’existe plus. Voyez plutôt cette interview de M. Balkany, le fameux député UMPami fidèle de l'ancien président Sarkozy.


Balkany piégé par les Yes Men par seldjoukid



    Il croit répondre aux questions d’un journaliste d’une chaîne de télé américaine, qui est en fait l’un des facétieux Yes men ! M. Balkany lui affirme tout simplement qu’il n’y a pas de misère en France ! Il concède qu’il y a malgré tout quelques pauvres qui dorment dans les rues, mais il affirme qu’il ne s’agit là que de rares marginaux qui ont choisi ce mode de vie. Non, vous ne rêvez pas ! Et le pire, le pire c’est qu’il croit peut-être ce qu’il dit. Un peu comme lorsque Nicolas Sarkozy prétendait défendre lesystème de santé (en fait il défendait le système de santé de son frère, patron de la mutuelle de santé Malakoff Médéric).

    Vous pourrez retrouver le texte de cette mémorable interview, ainsi que des informations précieuses sur ce pathétique politique, sur le blog suivant : Sarkostique

Méfiez-vous de ce que vous lirez sur Balkany sur Wikipedia (par exemple), car ce triste sir a des sbires à son service, spécialistes de la "réécriture".

Lisez cet article édifiant sur Rue89 : "Balkany, spécialiste du vandalisme sur Wikipedia".



Aimer les Tatares, pour être dispensé d'aimer nos voisins.


    Pour nombre de nos concitoyens les plus aisés, les pauvres n’existent plus qu’à l’étranger. Et comme ils ont parfois bon cœurs (certains aiment même les animaux), ils adorent se lancer de belles et grandes causes pour soulager la misère du monde. Il ne s’agit pas de nier l’utilité de ces grandes et belles croisades humanitaires (le système économique dominant fait assez de ravages comme ça sur la planète), mais plutôt de s’interroger sur le mal d’invisibilité qui frappe les pauvres de notre grand et beau pays.


    Ce mal n’est hélas pas nouveau si l’on en croit l’ami Jean-Jacques Rousseau qui écrivait dans "Emile ou de l’éducation" :
« Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins. » (C'est moi qui souligne).


    Il existe encore de ces philosophes, qui chemise blanche offerte à la mitraille des flashs, savent parler à l’oreille des puissants et faire pleurer dans les chaumières, pour mener de glorieuses croisades en terres étrangères contre l’injustice.


    Il peut nous arriver pourtant de passer un soir devant des ombres cherchant nourriture dans les poubelles du Monoprix du coin. Et très souvent nous entendons des miséreux demander une pièce dans le métro. Mais l’environnement médiatique qui seul fait foi en matière de description de la réalité, à tôt fait de nous rappeler à de plus criantes misères à l’autre bout de la terre. Alors si nous n’y prenons pas garde, il peut nous arriver de ne plus voir ni entendre cette misère si proche de nous, et ce, peut-être parce qu’elle nous fait peur, parce que l’on sait au fond de nous qu’il suffirait d’un faux pas, « un accident de vie » comme ils disent, pour que nous rejoignons ces invisibles.

    Nous savons combien il est devenu difficile pour nos enfants de trouver un emploi. Et même s'ils en trouvent finalement un (après de multiples stages sous-payés), nous savons que leur salaire ne leur permettra probablement pas de trouver un loyer avant longtemps (L’immobilier sert à spéculer, pas à loger des gens, vous ne saviez pas ?). Et ne parlons même pas de l’accès aux soins (27% des Français déclarent avoir reporté ou renoncé à des soins médicaux) ni de nos hypothétiques retraites sans cesses repoussées pour payer les intérêts d’une dette absurde.


    Alors qui ose encore voir la misère en France ? Qui ose en parler ? Qui ose la combattre ?


    Prenons garde de ne pas laisser ce combat à la pathétique valkyrie du Front National qui sait, elle, que ces pauvres hères ont encore le droit de voter…


    Mais j’étais injuste tout à l’heure lorsque je médisais des philosophes. Le très attaqué Michel Onfray a su très bien parler de cette misère qu’il appelle « la misère sale ». Hélas, hélas, mal inspiré selon moi, il a rejoint la meute des philosophes de salon qui se sont lâchés sur Jean-Luc Mélenchon durant la campagne présidentielle. 





Le danger de la misère...


Voici ce que disait l’honorable Victor Hugo de la misère :

"Je vous dénonce la misère, qui est le fléau d’une classe et le péril de toutes ! Je vous dénonce la misère qui n’est pas seulement la souffrance de l’individu, qui est la ruine de la société, la misère qui a fait les jacqueries, qui a fait Buzançais, qui a fait juin 1848 ! Je vous dénonce la misère, cette longue agonie du pauvre qui se termine par la mort du riche !
"Législateurs, la misère est la plus implacable ennemie des lois ! Poursuivez-la, frappez-la, détruisez-la ! (...). La misère, comme l’ignorance, est une nuit, et à toute nuit doit succéder le jour."
 
    Victor HUGO : Projet de discours après la visite des caves de Lille en février 1851. Devenu ‘Joyeuse vie’ pièces des ‘Châtiments’.


    C’est peut-être en songeant à cela que Paul B. Farrell publia dans l’édition numérique du Wall Street Journal le 16 aout 2011 un article au titre provocateur : « Taxez sur les super-riches ou les émeutes feront rage en 2012 ».



L'argent peut-il tout à présent ?


    Certains, malgré tout, voient la misère et en ont peur. Aussi décident-ils, cyniquement de s'en protéger physiquement. C'est ainsi que des quartiers riches de villes américaines, ont décidé de faire sécession ont fondants des villes privées, bien à l'abri de hauts mûrs vidéo-surveillés. Sandy Spring dans la banlieue chic d’Atlanta fut la première ville américaine "à contrat" (suivie très vite par d'autres). De plus en plus de ces villes privées se créent partout dans le monde. Nous avons en France une ville privée depuis 1967, Port Grimaud).

    L'argent peut-il vraiment donc tout à présent ? Une caste ploutocrate peut-elle vraiment s'épanouir ainsi vergogne à l'abri d'oasis fortifiées ?

    Il y a eu les murs de la honte, séparant les peuples, comme celui de Berlin autrefois et celui de Palestine de nos jours. A présent va-t-il y avoir des murs séparant les riches des pauvres ?



Misère de misère…


Bertrand Tièche

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