mercredi 11 juin 2014

Etats généraux sur le Titanic

(Mais qu'est-ce que c'est que ce titre !)



Un rêve ridicule ?

    Ce soir j’ai fait un rêve ridicule. Si vous me le permettez, je vais vous le raconter, puisque sur Transitio nous sommes entre-nous.

    Vous l’avez peut-être deviné, je me fais, à juste raison je pense, du souci pour notre avenir commun. Comme vous le savez sûrement, nos rêves se nourrissent souvent de ce que nous avons vécu, ou lu…
    Certaines personnes, dont je fais partie, lisent non-pas parce qu’ils n’ont pas de vie, mais parce qu’ils aiment en avoir plusieurs, ou parce qu’ils ont envie d’apprendre de celles des autres…



Vœux pieux

    Je vais m’efforcer de rédiger un article court, car je connais mon penchant pour la digression et je ne désire rien tant que vous lisiez celui-ci jusqu’au bout.



Début précautionneux,

    Comme moi, vous avez compris que tout semblait aller de plus en plus mal. Alors que le progrès et la croissance auraient dû nous apporter le bonheur rêvé par nos parents, nous nous rendons compte que nous vivons de plus en plus mal et que cela sera encore pire pour nos enfants. Nous sommes de plus en plus nombreux à faire ce constat consternant.




    En fait, c’est comme si nous étions des passagers de troisième classe, tapis au fond de la cale d’un énorme paquebot dénommé "Société". Sans cesse de nouvelles vagues de crises toujours plus hautes, toujours plus violentes, viennent se fracasser sur la coque du navire. Et chaque fois un galonné descend des salons dorés des premières classes, pour nous faire la morale et nous demander de ne pas bouger et surtout de nous débarrasser du peu qui nous reste, que l’on nous accuse d’être cause du déséquilibre du navire. Nous les écoutons et nous perdons toujours plus, au grand bénéfice des bienheureux qui font la fête en première classe. Sans que personne ne fasse le rapprochement, le bateau est de plus en plus déséquilibré et bien sûr, un officier expert ne tarde jamais à venir nous le reprocher. Les officiers experts se sont bien rendu compte que le bateau ne tenait plus très bien la mer. Ils se réunissent parfois sur le pont supérieur pour discuter du problème. La principale doctrine qu’ils ont retenue de leur école de marine économique, a été jusqu’à présent de faire descendre tous les passagers de la seconde classe, (appelée autrefois classe moyenne), en troisième classe. Certains avant-gardistes imaginent déjà hardiment d’automatiser la presque totalité du bateau et de se débarrasser progressivement de cette 3ème classe qui bientôt ne servira plus à rien.

3ème classe, bientôt inutile...


    Non, ne souriez pas, c’est presque cela. Chaque jour, un expert officier vient vous expliquer dans votre journal ou à la télé que c’est à cause de vous que le navire ne tient pas la tempête. C’est pourtant vous et vos parents qui avez construit ce magnifique et riche bateau que l’on appelle Société…

Experts en marine économique libérale



    Bien sûr, de temps en temps, on nous demande de voter pour donner notre avis. Mais pour bien voter, il faut savoir, il faut se souvenir, se souvenir par exemple par qui et dans quel but ce beau bateau que l’on appelle Société a été construit. De toute façon, bientôt l’accès à la bibliothèque nous sera refusé, bientôt nos enfants ne sauront peut-être plus rien lire d’autre que les consignes de sécurité du bord, joliment ornementées de pictogramme avertisseurs. N’oublions pas non plus que pour ne pas arranger les choses, tout est fait pour entretenir la zizanie entre les passagers de troisième classe de tribord et les passagers de troisième classe de bâbord…

Alors que faire ? Une mutinerie ? Elire de nouveaux officiers qui prendront les commandes et qui dès qu’ils se retrouveront dans les salons dorés oublieront d’où ils viennent et rédigeront de nouvelles règles de vie à bord toujours plus sévères ?



Article trop long ! 😒

    Oups ! Ça y est ! Je deviens trop long ! Peut-être que certains d’entre vous ont déjà cliqué ailleurs. Je compte sur ceux qui sont encore là pour leur raconter la suite.



La suite, la voilà... 😋

    Vous et mon petit moi, sommes conscients du moment du naufrage qui approche et nous ne voulons pas rester à l’attendre en fond de cale avec une nausée grandissante.

    Nous n’avons plus confiance dans nos élites autoproclamées. La myopie de notre dernier "grand timonier" est la pire qui ait jamais été diagnostiquée, l’incompétence de ses experts officiers et autres valets a atteint des sommets, et nous nous méfions de plus en plus de ceux qui au milieu de nous veulent parler en notre nom !

"Le grand timonier"



Encore un livre,

    En me promenant entre les étagères surchargées de livres de mon cerveau, j'ai retrouvé le souvenir d’un excellent livre lu récemment qui évoquait les Etats Généraux de 1789…
Excellent livre (Cliquez sur l'image)


    Cela se passait en un temps lointain où nos aïeux qui souffraient misère depuis des siècles eurent pour la première fois l’idée de secouer leurs chaines. Bien sûr leur tragique histoire a depuis longtemps été réécrite par des officiers experts en révision.
    Hélas, ceux pour qui 1789 n’est pas la date de la première guerre mondiale (ce que l’on m’a dit hier), sont presque tous convaincus à présent que leurs grands-parents affamés se sont comportés comme des psychopathes sanguinaires avec la si gentille Marie Antoinette. Bref !

Pseudos historiens révisionnistes (et royalistes)


Ils l'ont fait !

    En 1788, certains ont eu l’idée, compte tenu de la situation de crise et de faillite du pays, de demander au roi de convoquer les états généraux de France. À la suite de cette idée que tout le monde ou presque a trouvé géniale, dans chaque village et ville de France, les gens sont venus dicter ou écrire dans des cahiers leurs doléances au roi. Une fois ces cahiers remplis, ils ont été portés en délégation à Paris, afin que le roi en prenne connaissance et que des délégués élus débattent en bonne entente avec le roi des initiatives à prendre. (Il s’est trouvé que ce bon roi n’avait pas bien compris la situation et que, sûrement mal conseillé, il ne prit que des mauvaises décisions. Mais c’est une vieille histoire.)

    Pourquoi ne pas faire de même à présent ? Le précédent "petit timonier" de l’Elysée n’avait-il pas organisé un grand débat sur l’identité nationale pour diviser encore plus les passagers de troisième classe ?

Le "petit timonier"
Nicolas Sarkozy



Pas une révolution.

    Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Je ne rêve pas d’une révolution sanglante ! Vous le savez déjà si vous avez lu certains de mes articles sur Transitio.

    Je pense en toute bonne foi (et naïveté bien sûr) que c’est peut-être l’ultime solution pacifique avant la vague qui nous emportera.

    Peut-être même aurons-nous alors l’agréable surprise de nous découvrir un peuple aussi bon et généreux que l’étaient nos aïeux, bien différents de ces pauvres hères de l’extrême tribord, rendus mauvais par la peur, qui rêvent de balancer par-dessus bord les derniers arrivés dans la soute ?

    Cliquez sur l'image ci-dessous et vous serez surpris de découvrir dans ce cahier de doléance de 1789, combien les habitants de ce village de Champagne avaient le "cœur pénétré de la plus vive douleur" de savoir les souffrances endurées par les noirs des colonies !




Impossible ?

    Comment faire ? La tâche est impossible, pensez-vous ? Mais près de 25 millions de Français y sont bien arrivé en 1789 avec de simples cahiers de papier de l’encre et des plumes !


    Alors on y va ? On se dit un cahier pour mille habitants ?
Qui ira porter ces cahiers au roi de l’Elysée ? Pourquoi pas des citoyens tirés au sort ?



Un rêve...

    Un rêve vous avais-je dit. Un rêve que j’ai pris à plaisir à vous raconter ce soir et dont j’espère que certains d’entre vous ont eu un peu envie de partager.

    C’était un rêve ridicule, peut-être même le rêve d’un homme ridicule, que bien sûr, d’autres ont fait avant moi. Mais l’alternative, c’est quoi ?





Post Scriptum :

    Il y a des moments où je me sens moins seul. Comme ce jour où j'ai vu que le journal Marianne avait eu la même idée que moi, en titrant à sa une du 28 août 2014 :"Les cahiers de doléances des Français"...

Il n'y a pas eu de suites, bien sûr, mais ça m'a fait plaisir.

Merci Marianne 😉
Cliquez sur l'image pour accéder à leur site.



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