mardi 31 janvier 2012

Via le Monde : "La troisième révolution industrielle", de Jeremy Rifkin

Article mis à jour le 11 juin 2023.

    J'ai découvert dans les pages "économie" du Monde cet article à propos du dernier ouvrage de Jeremy Rifkin. Je ne pouvais pas ne pas en parler sur Transitio, car il traite de la formidable transition que nous vivons.


Voici la copie de l'article, mais bien sûr il vaut mieux lire l'original sur le prestigieusite du Monde.
(Transitio conserve les copies de certains articles sachant que beaucoup finissent par disparaitre du WEB un jour ou l'autre).

Certes, le nouvel opus de l'économiste Jeremy Rifkin n'apporte pas de nouveauté renversante, par rapport à ses précédents essais, notamment L'Age de l'accès (La Découverte, 2005), ou L'Economie hydrogène (La Découverte, 2002), des best-sellers. Son principal mérite est de présenter de façon particulièrement claire et stimulante les défis auxquels nous sommes confrontés, en ce début de XXIe siècle, et de proposer également des solutions.

Nous vivons la fin d'une époque ; celle d'une économie fondée sur les énergies fossiles ; mais aussi, celle du travail à temps plein, du capitalisme patrimonial, de l'organisation pyramidale des entreprises, et de la gestion exclusivement marchande du monde.

Sans que nous nous en apercevions, nous sommes déjà entrés dans une troisième révolution industrielle ; celle-ci va bouleverser nos façons de vivre, de travailler, de consommer. Telle est, en substance, la thèse de l'économiste américain, qui affirme, après d'autres : "L'humanité est à un carrefour."


"METTRE ADAM SMITH À LA RETRAITE"

Si M. Rifkin aime le poids des formules - Il faut "mettre Adam Smith à la retraite" -, il ne dédaigne pas également le choc des images. Ainsi compare-t-il les actuelles compagnies de production et de distribution d'électricité - "la vieille garde" -, aux géants du disque "confrontés pour la première fois au partage des fichiers".

Le titre à rallonge de cet essai ("Comment le pouvoir latéral va transformer l'énergie, l'économie et le monde") l'indique : c'est d'abord notre rapport au pouvoir qui va changer, estime l'auteur.

Le passage du pouvoir hiérarchique au pouvoir latéral, décentralisé et démythifié, va transformer notre rapport au monde, prophétise-t-il. Dans cette perspective, on pourra lire le chapitre consacré à la refonte du système éducatif, qui n'est pas le moins intéressant du livre. Mais aussi les pages consacrées à l'Europe. Un Vieux Continent, selon Jeremy Rifkin, plus avancé que les Etats-Unis, et le reste du monde, dans cette troisième révolution industrielle. En ces temps d'euro-morosité, voilà une bonne nouvelle !


lundi 30 janvier 2012

Global Chance analyse le rapport énergie 2050

Article mis à jour le 11 juin 2023.

Benjamin Dessus et Bernard Laponche de Global Chance, réagissent à la publication du rapport de la Commission énergie 2050.



    Vous trouverez leur analyse détaillée de ce rapport (sauvegardé sur Transitio) en cliquant sur l’image ci-dessous.

    Et je vous propose de lire le texte suivant rédigé à la suite de la publication d'un article sur Médiapart le 30 janvier 2012 à propos de ce "fumeux" rapport.

    Le site Mediapart leur a en effet demandé de faire l’analyse critique d’une version non encore définitive, mais manifestement très avancée et qu’il s’est procurée très récemment, du rapport de la Commission Energie 2050 mise en place par le ministre Eric Besson et qui doit lui être remise dans les jours qui viennent.

    Cette version provisoire du rapport de la Commission Energie 2050 ainsi que son analyse critique ont été présentés le 30 janvier sur le site de Médiapart. Son article de présentation fait mention de plusieurs des critiques apportées par Benjamin Dessus et Bernard Laponche à ce rapport.

    Je partage ci-dessous quelques-uns des commentaires formulés par ces deux experts, qu’ils ont eu l’amabilité de me transmettre :

Les rapporteurs de la Commission se proposent d’examiner les différentes trajectoires possibles du système énergétique français d’ici 2050 en comparant des scénarios contrastés produits par différents acteurs. Il apparaît cependant très vite que la question centrale qui intéresse le gouvernement est celle de l’électricité et plus particulièrement la production d’origine nucléaire.

Le rapport est donc très marqué par une approche presque exclusivement « offre » de la question énergétique, avec une insistance permanente sur le « mix énergétique », considéré comme beaucoup plus important que la demande d’énergie, et bien évidemment la place de l’énergie nucléaire dans ce mix. Ce biais, manifeste dès le début du rapport, en réduit considérablement l’intérêt comme outil de prise de décision en matière de politique énergétique globale.

L’analyse du corps du rapport qui comporte 5 chapitres principaux nous conduit à mettre l’accent sur plusieurs points.

Du point de vue méthodologique, l’étude exclut de façon incompréhensible l’analyse des seuls scénarios contrastés établis sur une base commune, ceux d’Enerdata, pourtant utilisés officiellement par le gouvernement dans les négociations européennes, au profit de notes et scénarios produits dans la hâte par des acteurs du nucléaire. Elle privilégie ouvertement l’analyse du seul mix électrique au détriment du système énergétique, laissant ainsi à l’écart les questions qui concernent 75% de l’énergie finale du bilan français, ne prend pas en compte les marges de manœuvre ouvertes par les économies d’électricité et exclut corrélativement toute discussion sur le coût d’accès à ces mesures d’économie d’électricité.

Elle réduit le concept de transition énergétique à la question des émissions de CO2 et fait l’impasse totale sur les risques environnementaux associés aux filières non fossiles, et très particulièrement nucléaires en faisant l’hypothèse que le suivi des recommandations du dernier rapport de l’ASN règlent définitivement ces questions.
Elle réduit enfin le débat à la seule question du coût unitaire du kWh électrique associé à différents mix électriques, en « oubliant » que le coût pour l’usager et la collectivité dépend aussi des quantités d’électricité distribuées.

S’ajoutent à ces critiques des erreurs factuelles telles que l’oubli du rôle prépondérant des économies d’énergie dans les scénarios bas carbone (450 ppm) de l’AIE, ou sur la définition même de grandeurs comme l’énergie primaire ou l’indépendance énergétique.
Nous considérons donc que le document dont nous disposons aujourd’hui est un exercice de médiocre qualité, biaisé par des erreurs factuelles, des non-dits, des hypothèses implicites et des omissions majeures, sans aucune analyse de cohérence, ni aucun recul par rapport aux études analysées. Il distille çà et là des affirmations non étayées qui relèvent plus de partis pris ou d’opinions subjectives que de jugements objectifs. Cette complaisance et cette médiocrité méthodologique nuisent gravement aux conclusions qui sont ainsi suggérées, sinon proposées aux pouvoirs publics pour une politique énergétique à long terme de la France.

Benjamin Dessus et Bernard Laponche



Le rapport de la Commission Besson, se trouve sur le site de Médiapart à l’adresse suivante : "Le rapport Besson sur l'énergie plaide pour une prolongation du nucléaire"


PS : Vous aurez noté que j'ai classé cet article dans la rubrique "énergies fossiles", puisque le seul avenir que semble envisager la Commission énergie du gouvernement, repose sur cette énergie fossile qu'est l'uranium...

mercredi 4 janvier 2012

Via le Monde : Pourquoi faut-il que les Etats payent 600 fois plus que les banques ?

Article mis à jour le 06/02/2022


Pourquoi faut-il que les Etats payent 600 fois plus que les banques ?


Voici un article étonnant rédigé par Michel Rocard ancien premier ministre, et Pierre Larrouturou, économiste, paru dans l'édition du Monde du 03.01.12.

Étonnant, parce qu’il est plus habituel de lire ces chiffres et ces considérations sur des sites plus engagés que sur celui du Monde. Pour vous donner une idée, je vous propose de visionner cette édifiante vidéo "Comprendre la dette publique".


Voici une copie de l'article mais je vous invite à lire l'original sur le site du Monde :


Ce sont des chiffres incroyables. On savait déjà que, fin 2008, George Bush et Henry Paulson avaient mis sur la table 700 milliards de dollars (540 milliards d'euros) pour sauver les banques américaines. Une somme colossale. Mais un juge américain a récemment donné raison aux journalistes de Bloomberg qui demandaient à leur banque centrale d'être transparente sur l'aide qu'elle avait apportée elle-même au système bancaire.

Après avoir épluché 20 000 pages de documents divers, Bloomberg montre que la Réserve fédérale a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1 200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 %.
Au même moment, dans de nombreux pays, les peuples souffrent des plans d'austérité imposés par des gouvernements auxquels les marchés financiers n'acceptent plus de prêter quelques milliards à des taux d'intérêt inférieurs à 6, 7 ou 9 % ! Asphyxiés par de tels taux d'intérêt, les gouvernements sont "obligés" de bloquer les retraites, les allocations familiales ou les salaires des fonctionnaires et de couper dans les investissements, ce qui accroît le chômage et va nous faire plonger bientôt dans une récession très grave.

Est-il normal que, en cas de crise, les banques privées, qui se financent habituellement à 1 % auprès des banques centrales, puissent bénéficier de taux à 0,01 %, mais que, en cas de crise, certains Etats soient obligés au contraire de payer des taux 600 ou 800 fois plus élevés ? "Etre gouverné par l'argent organisé est aussi dangereux que par le crime organisé", affirmait Roosevelt. Il avait raison. Nous sommes en train de vivre une crise du capitalisme dérégulé qui peut être suicidaire pour notre civilisation. Comme l'écrivent Edgar Morin et Stéphane Hessel dans Le Chemin de l'espérance (Fayard, 2011), nos sociétés doivent choisir : la métamorphose ou la mort ?

Allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour ouvrir les yeux ? Allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour comprendre la gravité de la crise et choisir ensemble la métamorphose, avant que nos sociétés ne se disloquent ? Nous n'avons pas la possibilité ici de développer les dix ou quinze réformes concrètes qui rendraient possible cette métamorphose. Nous voulons seulement montrer qu'il est possible de donner tort à Paul Krugman quand il explique que l'Europe s'enferme dans une "spirale de la mort". Comment donner de l'oxygène à nos finances publiques ? Comment agir sans modifier les traités, ce qui demandera des mois de travail et deviendra impossible si l'Europe est de plus en plus détestée par les peuples ?

Angela Merkel a raison de dire que rien ne doit encourager les gouvernements à continuer la fuite en avant. Mais l'essentiel des sommes que nos Etats empruntent sur les marchés financiers concerne des dettes anciennes. En 2012, la France doit emprunter quelque 400 milliards : 100 milliards qui correspondent au déficit du budget (qui serait quasi nul si on annulait les baisses d'impôts octroyées depuis dix ans) et 300 milliards qui correspondent à de vieilles dettes, qui arrivent à échéance et que nous sommes incapables de rembourser si nous ne nous sommes pas réendettés pour les mêmes montants quelques heures avant de les rembourser.

Faire payer des taux d'intérêt colossaux pour des dettes accumulées il y a cinq ou dix ans ne participe pas à responsabiliser les gouvernements mais à asphyxier nos économies au seul profit de quelques banques privées : sous prétexte qu'il y a un risque, elles prêtent à des taux très élevés, tout en sachant qu'il n'y a sans doute aucun risque réel, puisque le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est là pour garantir la solvabilité des Etats emprunteurs...

Il faut en finir avec le"'deux poids, deux mesures" : en nous inspirant de ce qu'a fait la banque centrale américaine pour sauver le système financier, nous proposons que la "vieille dette" de nos Etats puisse être refinancée à des taux proches de 0 %.

Il n'est pas besoin de modifier les traités européens pour mettre en oeuvre cette idée : certes, la Banque centrale européenne (BCE) n'est pas autorisée à prêter aux Etats membres, mais elle peut prêter sans limite aux organismes publics de crédit (article 21.3 du statut du système européen des banques centrales) et aux organisations internationales (article 23 du même statut). Elle peut donc prêter à 0,01 % à la Banque européenne d'investissement (BEI) ou à la Caisse des dépôts, qui, elles, peuvent prêter à 0,02 % aux Etats qui s'endettent pour rembourser leurs vieilles dettes.

Rien n'empêche de mettre en place de tels financements dès janvier ! On ne le dit pas assez : le budget de l'Italie présente un excédent primaire. Il serait donc à l'équilibre si l'Italie ne devait pas payer des frais financiers de plus en plus élevés. Faut-il laisser l'Italie sombrer dans la récession et la crise politique, ou faut-il accepter de mettre fin aux rentes des banques privées ? La réponse devrait être évidente pour qui agit en faveur du bien commun.

Le rôle que les traités donnent à la BCE est de veiller à la stabilité des prix. Comment peut-elle rester sans réagir quand certains pays voient le prix de leurs bons du Trésor doubler ou tripler en quelques mois ? La BCE doit aussi veiller à la stabilité de nos économies. Comment peut-elle rester sans agir quand le prix de la dette menace de nous faire tomber dans une récession "plus grave que celle de 1930", d'après le gouverneur de la Banque d'Angleterre ?

Si l'on s'en tient aux traités, rien n'interdit à la BCE d'agir avec force pour faire baisser le prix de la dette. Non seulement rien ne lui interdit d'agir, mais tout l'incite à le faire. Si la BCE est fidèle aux traités, elle doit tout faire pour que diminue le prix de la dette publique. De l'avis général, c'est l'inflation la plus inquiétante !
En 1989, après la chute du Mur, il a suffi d'un mois à Helmut Kohl, François Mitterrand et aux autres chefs d'Etat européens pour décider de créer la monnaie unique. Après quatre ans de crise, qu'attendent encore nos dirigeants pour donner de l'oxygène à nos finances publiques ? Le mécanisme que nous proposons pourrait s'appliquer immédiatement, aussi bien pour diminuer le coût de la dette ancienne que pour financer des investissements fondamentaux pour notre avenir, comme un plan européen d'économie d'énergie.

Ceux qui demandent la négociation d'un nouveau traité européen ont raison : avec les pays qui le veulent, il faut construire une Europe politique, capable d'agir sur la mondialisation ; une Europe vraiment démocratique comme le proposaient déjà Wolfgang Schäuble et Karl Lamersen 1994 ou Joschka Fischer en 2000. Il faut un traité de convergence sociale et une vraie gouvernance économique.

Tout cela est indispensable. Mais aucun nouveau traité ne pourra être adopté si notre continent s'enfonce dans une "spirale de la mort" et que les citoyens en viennent à détester tout ce qui vient de Bruxelles. L'urgence est d'envoyer aux peuples un signal très clair : l'Europe n'est pas aux mains des lobbies financiers. Elle est au service des citoyens.


Michel Rocard est aussi le président du conseil d'orientation scientifique de Terra Nova depuis 2008. Pierre Larrouturou est aussi l'auteur de "Pour éviter le krach ultime" (Nova Editions, 256 p., 15€)





samedi 31 décembre 2011

Statistiques mondiales en temps réel ?

 Article mis à jour et complété le 06/02/2022

Source carte : CONSO-GLOBE


Le site CONSO-GLOBE est une petite merveille. Il vous donne une multitude de statistiques mondiales en temps réel ! Mais...

Mise à jour du 06/02/2022 :

J'ai voulu vérifier si le site CONSO-GLOBE, copyrighté en 2012, était encore mis à jour. Il semble que oui, puisque certains encarts donnent des chiffres plus récents (2018, 2019). Néanmoins, comme toutes les simulations de ce genre, il faut considérer celle-ci comme un outil d'appréciation, permettant une meilleure prise de conscience et aucunement comme un reflet de la stricte vérité. C'est le cas d'absolument toutes les modélisations de ce genre. Aucun mathématicien sérieux ne vous affirmera jamais qu'une telle modélisation de flux planétaires de cette ampleur, représente l'exact vérité. 

Je vous ai donc trouvé un autre site du même genre, WORLDOMETER, qui intègre même les statistiques relatives au coronavirus ! Certains chiffres sont vraiment effarants. Je vous laisse les découvrir.

Mais vous pourrez constater par l'exemple ci-dessous, de la croissance démographique planétaire, que les chiffres des deux simulations ne coïncident pas.

Site CONSO-GLOBE le 06/02/2022 à 10h55

Site WORLDMETER le 06/02/2022 à 10h55

Tout ce que l'on peut déduire de ces deux simulations, c'est que nous franchissons actuellement le seul des 8 milliards d'habitants sur Terre. Rien de plus.


Modélisations et réalité ?

Les modélisations sont des outils. Celles de CONSO-GLOBE et de WORLDOMETER, sont des outils qui permettent par exemple, de mieux appréhender certains problèmes de société, pas seulement des problèmes d'environnement ou d'énergie.

Regardez ces deux exemples concernant la nourriture et les médias :

 
Il y a plus 2 fois plus de gens en surpoids sur la planète que de gens en manque de nourriture, 1.7 milliards, contre 858 millions !
Plus de 4 millions d'articles ont été postés sur des Blog aujourd'hui et 137 milliards d'emails ont été envoyés !

Ces chiffres sont des estimations. Ils sont issus de bases de données, ce sont ce que l'on appelle les datas de nos jours. Certains datas sont très fiables, comme ceux provenant par exemple d'administrations gouvernementales ou de fournisseurs de services. Mais toutes ces datas de présentent pas le même degré d'exactitude. Peu importe ces simulations ne servent pas à commander des régimes diététiques ou des télévisions. Elles servent à avoir une vision globale.

Ce que j'essaye de vous faire comprendre c'est que certains outils peuvent être faux ou disons avoir un degré de précision très relatif, mais être néanmoins utiles.


Ne pas prendre la carte pour le territoire.

Dans mon article "Le 2ème monde, celui de l’économie et de ses mathématiciens roublards", je rapportais que le scientifique Ruppert Riedl avait expliqué comment un monde théorique était peu à peu venu s’ajouter au monde observable, un deuxième monde permettant de tout pouvoir penser, le monde des mathématiques.

Dans mon métier d’ingénieur, j’ai souvent eu l’occasion de lire des études "très légères", mais malgré tout nimbées de l’aura de la vérité, puisque réalisées par des "sachants". J'en ai d'ailleurs moi-même rédigées quelques-unes, quand le résultat de l'étude était imposé par le client ! (Une forme d'ingénierie sociale).

L’arrivée de l’informatique et de sa bureautique a démultiplié cette impression de vérité dans les études. Croyez-moi si je vous dis que la plus vaseuse des études de faisabilités, peut prendre tous les aspects des tables de la loi, si elle est élégamment présentée dans un rapport rédigé avec Word et agrémentée de gracieux graphiques réalisés avec Excel ! Ne parlons même pas de la présentation avec PowerPoint qui fait le même effet que dieu parlant au travers du buisson ardent !


Modélisations et crédibilité

Si l'on commet l'erreur de confondre les modélisations avec la réalité, on peut perdre en crédibilité.

Heureusement que la plupart des gens ont la mémoire très courte, car si l'on s'intéresse par exemple aux prédictions de l'ONU et du GIEC sur le climat depuis les années 70, on se rend vite compte que toutes les dates et prévisions données jusqu'à présent se sont avérées fausses ! Cela ne veut pourtant pas dire qu'il n'y a pas de réchauffement climatique et que le bouleversement qui va en résulter ne va pas bouleverser nos sociétés.

Comme je l'explique dans mon article "Ces catastrophes qui n'ont pas eu lieu", il y a une raison principale à ces "erreurs". C'est que la société a pris des décisions en fonction de ces prévisions, qui ont contribué à repousser les dates. Mais ne négligeons pas non-plus le fait que ces prévisions sont avant tout des outils de nature plus politique que scientifique.

Cela ne retire rien à l'utilité de ces modélisations du climat. Mais vouloir les faire passer à toute force pour des vérités scientifiques constitue une sorte d'imprudence qui fait ricaner les mathématiciens.


Embarras des scientifiques

Tout le monde n'a pas la capacité de comprendre vraiment à quoi sert ce type de modélisation et cela embarrasse bien les scientifiques un peu scrupuleux.

Le fameux "jour du dépassement" constitue lui aussi un outil bien plus politique que scientifique, même si son utilité est incontestable. Il s'agit d'un outil créé en 2003 par l'ONG Global Footprint (partenaire du WWF). Chaque année, cette ONG donne le jour exact où l'humanité a dépensé l'ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an. Selon ses calculs en 1961 l'humanité ne consommait que les ¾ des ressources naturelles de la Terre et le basculement de la dette écologique s'est produit le 29 décembre 1970.

Je vous propose d'écouter cette excellente émission de France Culture, diffusée le 28 août 2020, qui traite avec un certain embarras scientifique du mode de "détermination" de ce fameux jour du dépassement. Les chroniqueurs scientifiques ne peuvent se retenir de regretter le manque de transparence de cette modélisation qui mélange parfois les choux et les carottes (22min : 10 sec) et qui comporte beaucoup de trous dans la raquette. Ils concluent que cet outil gagnerait "en pertinence et en respectabilité" s'il était confié à une institution internationale.

Je vous laisse écouter l'émission en cliquant sur l'image ci-dessous. La partie concernant le "jour du dépassement" se situe entre 15:35 et 28:24.


Je vous laisse réfléchir à tout cela. 😊




Accès aux données :

Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à celles du WORLDOMETER.



La liste ci-dessous vous conduira directement aux de statistiques de CONSO-GLOBE :


samedi 10 décembre 2011

Via Romandie.com : « La fin du pétrole ? Pas tout de suite, répondent les industriels »

Article mis à jour le 11 juin 2023.

Pour quand les dernières gouttes ?


    Afin de ne pas être accusé de donner dans le catastrophisme (ce que je reproche souvent à mes amis écologistes), je me fais l’écho de cette dépêche de l’AFP rapportée par le site Romandie.com (Ce site n'existe plus en 2023) : "La fin du pétrole n’est pas pour tout de suite", voilà une bonne nouvelle !

Mais ce qui est pour tout de suite, en revanche, c’est la fin du pétrole pas cher…

    Et la date de la dernière goutte de pétrole ne sera péniblement reportée qu'à la condition de chercher le pétrole dans l'Arctique, les eaux profondes du Brésil, du Golfe du Mexique, du Golfe de Guinée mais aussi sur l'Afrique de l'Est ou sur les sables bitumineux du Canada.

    Les sables bitumineux du Canada, vous savez, le cauchemar écologique ! Cette région massacrée où Total a même envisagé d’installer une centrale nucléaire pour y extraire plus aisément le funeste bitume ! 
    Lisez pour preuve, sur cette page de Transitio, la présentation du 25 octobre 2008 réalisée à l’attention du cercle des actionnaires de Total (Téléchargez le "pdf").

Alors le pétrole ? Combien de temps encore ? A quel prix ? Et pour qui ?

    Si tout doit continuer d'aller pour le mieux, ce sera uniquement pour les "industriels du pétrole", n'en doutons pas...


Voici l'article :


"La fin du pétrole ? Pas tout de suite, répondent les industriels"


DOHA - Un jour, il n'y aura plus de pétrole. Oui, mais pas tout de suite : les réserves mondiales d'or noir ont gonflé ces dernières années et la tendance devrait se poursuivre, selon les industriels, même si la production, elle, risque d'avoir du mal à suivre.

Dire à quelqu'un qu'il va mourir n'est pas une prédiction, c'est une tautologie. Ce qu'il veut savoir, c'est quand, et comment, résume Nasser Al Jaidah, le PDG de la compagnie Qatar Petroleum International, lors du Congrès pétrolier mondial de Doha qui s'est penché sur la question.

Sur un coin de table, le calcul est très simple : les réserves mondiales de pétrole --prouvées-- étaient de 1.383 milliards de barils fin 2010, selon la BP Statistical Review. L'an dernier, il s'en est brûlé 31,9 milliards. Une division, et le verdict tombe : en 2053, le monde sera à court de pétrole.

Trop simple, évidemment. D'autant qu'en 2000, le même calcul donnait pour résultat... 2040. Autrement dit, en dix ans, le monde s'est offert 13 années de plus à pomper sa dose d'huile préférée.

Si des gisements anciens s'épuisent, le monde pétrolier a désormais les yeux braqués sur l'Arctique, les eaux profondes du Brésil, du Golfe du Mexique, du Golfe de Guinée mais aussi sur l'Afrique de l'Est ou sur les sables bitumineux du Canada. Charge à lui de convaincre que ces nouveaux horizons sont aussi ceux de l'humanité...

Il faut bien se rappeler que de grandes parties du globe n'ont jamais été explorées, même dans de grands pays pétroliers comme l'Iran ou l'Arabie saoudite, souligne Noé Van Hulst, secrétaire général du Forum énergétique international (IEF).

En outre, on ne sait pour l'heure extraire que 35% du pétrole d'un gisement, ce qui pourrait changer en cas de percée technologique, souligne-t-il. Et chaque pourcent de plus, c'est deux années de consommation supplémentaires.

Avant de se risquer à calculer une date de déplétion -- l'épuisement des réserves en anglicisme pétrolier-- les experts de l'or noir, des industriels aux environnementalistes, se penchent sur celle du peak oil, le pic pétrolier où la production atteindra son niveau maximal.

A Doha, le PDG de Total Christophe de Margerie a expliqué que le groupe prévoyait que la production de pétrole brut plafonne à 95 millions de barils par jour (contre 82 millions l'an dernier) au cours de la décennie 2020-2030.

La suite, c'est un point d'interrogation, concède-t-il, tout en se disant optimiste. Il y a beaucoup de ressources, le problème c'est d'extraire les ressources, a résumé le patron français.

A chercher toujours plus profond, dans des zones toujours plus inhospitalières, avec des technologies toujours plus complexes, les coûts explosent. C'est la fin du pétrole bon marché, reconnaît M. de Margerie.

Est-ce qu'à la place du +peak oil+, il ne faut pas parler plutôt de +peak money+ (pic d'argent), s'interroge à Paris Claude Mandil, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

On a du pétrole, on a du gaz, mais on n'a plus l'argent pour aller le chercher, souligne l'expert.

L'AIE, le bras énergétique des pays développés, estime en effet à la somme inconcevable de 38.000 milliards de dollars (27.700 milliards d'euros) d'ici 2035 les investissements nécessaires dans le domaine de l'énergie -- soit chaque année 1.500 milliards ou encore 2,5% de la richesse mondiale.

Car l'offre n'est pas le seul problème. Tirée par les géants en développement --Chine, Inde, Brésil...--, la demande devrait dépasser 99 millions de barils par jour en 2035, selon l'AIE. Biocarburants ou gaz transformés en carburants devraient aider à suivre, mais la pression sur le brut sera forte.

Les grands scénarios internationaux prévoient tous que le pétrole et le gaz restent les sources de la majorité de l'énergie mondiale dans les 20 à 30 ans à venir, proches de leurs 54% actuels.