mercredi 9 février 2022

Le nucléaire n'a pas d'avenir. Preuve par 2 chiffres.

 Article mis à jour le 13/02/2022 : Réponse à un commentaire "corrosif" (Voir en bas de page)



    Je voulais écrire un article lapidaire, définitif,  très court, avec seulement deux chiffres et quelques lignes d'explications (Car il suffit de deux chiffres en vérité pour régler définitivement la question du nucléaire).

    Mais à la suite d'un commentaire "un peu" critique, j'ai jugé pertinent non seulement de répondre à celui-ci mais de également d'ajouter de nouvelles informations. Il y a donc 3 versions (ou phases de lectures) à cet article !

Version courte.😊


Premier chiffre : 4.9%

Le rapport de 2019 sur les chiffres clés de l'énergie, publié par le Ministère de la transition écologique, indique (page 37, voir lien ci-dessous), que "la contribution du nucléaire à la production énergétique mondiale a été multipliée par 3 en 40 ans, atteignant 4.9% en 2016". (1)

Source : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-09/datalab-59-chiffres-cles-energie-edition-2019-septembre2019.pdf


Deuxième chiffre : 100 années

La note d'information d'EDF sur le cycle du combustible nucléaire, publiée en 2012 (page 12, voir lien ci-dessous) précisait que : "Les ressources en uranium connues à ce jour, permettent de garantir l’approvisionnement de toutes les centrales nucléaires existantes dans le monde pour les 100 prochaines années". (2)

Source : https://1drv.ms/b/s!Arp9DY0ZL8Xei6ZYVPoybbPqfySA1Q?e=dZBioQ

La Société Française d'Energie Nucléaire donne également le chiffre de 100 ans qui n'est en fait que celui donné par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique.


Vous trouverez une estimation plus optimiste de 135 années sur certains sites, comme celui de l'IRSN ou comme celui de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Mais sur le document produit en 2017 par cette commission, vous apprendrez que "Les ressources disponibles à l’heure actuelle – mines exploitées, projetées ou potentielles – peuvent répondre aux scénarios élevés de demande jusqu’en 2035"

Je vous rappelle que nous sommes en 2022 et qu'il faut "normalement" 10 ans pour construire un EPR, même si celui de Flamanville en est à 14 années de construction...


Résumé

    Vous avez bien compris. Pour le nombre de centrales existantes (2) qui ne fournissent que 4.9% de la production mondiale d’énergie (10% d'électricité), les ressources disponibles en uranium sont de 100 ans.

    Si, (soyons fous), vous triplez la part du nucléaire jusqu'à atteindre 15% de la production mondiale d'énergie, (sachant que durant les dix années de construction des centrales la consommation d'énergie aura augmenté), les ressources en uranium ne permettront même pas 30 années d'utilisation, alors que la durée de vie des nouveaux EPR est prévue pour 60 ans !

Le nucléaire ne représente RIEN et n'a AUCUN AVENIR dans le domaine de la production d'énergie. (3)

Document du ministère






Notes utiles :

(1) Attention ! Ne vous faites pas avoir par EDF ! EDF clame en effet, haut et fort, que la part mondiale du nucléaire est de 10%, mais il s'agit de la part de la production d'électricité ! Ainsi, ils "oublient" les autres utilisations de l'énergie, dans les transports, l'industrie, le chauffage, etc. Et par la même ils oublient de préciser que plus de 65% de l'énergie produite par l'uranium est dissipée sous forme de chaleur en pure perte (sinon pour les oiseaux et les poissons).

    Notez d’ailleurs que selon l’Agence Internationale de l’Energie, il est probable que la part du nucléaire dans le mix électrique mondiale restera constante, environ autour de 12 %, d’ici à vingt ans. (Info CNRS)

(2) Depuis 2012, le nombre de centrales existantes n'a guère évolué, sachant qu'il faut au moins 10 ans pour en construire une nouvelle et que les nouvelles ne font que remplacer les anciennes en fin de vie. Et quand je dis 10 ans, c'est pour être "gentil", car 10 ans, c'est déjà le nombre d'années de retard à la livraison de l'EPR de Flamanville dont le démarrage n'est pas prévu avant 2024 et surtout en mode réduit, à cause de ses nombreux défauts de conception.

(3) Pas d'avenir dans l'énergie pour produire de l'électricité, mais bien qu'écolo, je suis ingénieur et je ne nie pas son intérêt dans le cadre de la recherche fondamentale ou pour des applications plus pacifiques, comme la médecine nucléaire, ou (je vais en faire tousser certains)l'exploration spatiale (document plus technique, ici).


Version longue 😐

Informations complémentaires :

    J'espère que ces deux chiffres, de sources incontestables, vous aideront à répondre aux victimes de la propagandes du nucléaire, qui ont grandi dans l'idée que cette énergie était miraculeuse et source de notre indépendance énergétique (acquise au prix de la présence de notre armée coloniale au Niger et au Mali).

    Ne vous laissez pas abuser par les sophismes techniques du sinistre Jancovici, qui n'a pas dû mettre les pieds sur un site industriel depuis des décennies et qui vendrait sa mère pour une barre d'uranium.

    Il aime dire par exemple que le charbon a tué plus de gens que le nucléaire et que par conséquent, le nucléaire est moins dangereux. C'est comme dire que les lits sont plus dangereux que les motos parce que plus de gens meurent dans un lit qu'en moto, ou que la grippe saisonnière est plus dangereuse que l'anthrax parce qu'elle tue plus chaque année. C'est un sophisme. 

    Comprenez bien qu'un seul et unique accident dans une centrale nucléaire suffit à rendre inhabitable un continent, ou tuer un océan. Voici encore deux preuves.


Tchernobyl :

    En 1986, à Tchernobyl, dans les jours qui suivirent la catastrophe, si Alexei Ananenko, l’un des ingénieurs travaillant à la centrale, son confrère Valeri Bezpalov et le chef de quart Boris Baranov, n’avaient pas eu le courage d’aller dans l’obscurité, patauger dans l’eau radioactive accumulée sous le réacteur en fusion, pour aller ouvrir des vannes d’évacuation et de drainer l’eau, l’explosion qui s’en serait suivie aurait rendu l’Europe inhabitable pour 500.000 ans !

Ces trois hommes ont sauvé l'Europe d'un cataclysme.

    On vous dira que les Russes étaient des incapables (parce que communistes) et abrutis de vodka, mais fort curieusement, la stupeur passée, nos grands spécialistes français du nucléaire, prirent la décision de hâter la fermeture des Centrales Graphites - Gaz (Chinon 2 et 3, St Laurent 1 et 2 et Bugey 1) qui n’avaient guère plus d’enceinte de confinement que les réacteurs RBMK soviétiques (telle que la centrale de Tchernobyl). 


Fukushima :

    Dix ans après la catastrophe de 2011, le Japon va rejeter les 1,2 million de tonnes d’eau radioactive stockés dans les 1044 réservoirs de la centrale nucléaire de Fukushima. L’eau est dangereusement polluée au tritium (non retraitable), qui peut se transmettre aux organismes marins vivants et chargée de soixante-deux nucléides, dont du strontium-90 et du césium-137. 

Lien vers l'article de La Tribune


Carte de l’amplitude des vagues du tsunami
(Source : National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA))
Légende de l'image mise à jour le 13/02/2022, grâce au commentaire éclairé d'un lecteur.
Voir ci-dessous.


Version très très longue ! 😉


Mise à jour au 13/02/2022 :

    Je ne reçois pas souvent de commentaires, mais celui-ci constituant presque un cas d'école, je le publie ci-dessous avec mes réponses (en rouge).

"votre article est fumeux, cher Monsieur. C'est du grand n'importe quoi, comme quoi on peut faire croire ce que l'on veut avec des chiffres. Je vous le démonte en 3 lignes : - des gisements, ça fait comme le pétrole, on en découvre de nouveaux régulièrement ;

Faux : On ne découvre plus de nouveaux gisements de pétrole et l'uranium, tout comme le pétrole est lui aussi en phase de déplétion ; le pic de production ayant été dépassé dans les années 90.

Explications :

Pic pétrolier.

Concernant le pic pétrolier, je pense qu'il faut vivre dans un placard pour ne pas savoir que plus aucun gisement de pétrole d'importance conséquente n'a été trouvé depuis des décennies. Il suffit pour s'en assurer de consulter les publications annuelles de l'Agence internationale pour l'énergie ou les rapports des compagnies pétrolières.

Cet article publié sur le site de L'USINE NOUVELLE en 2018, donne un bon aperçu de la situation. Cliquez sur l'image ci-dessous :


 

Pic uranifère.

Concernant l'uranium, je veux bien admettre qu'en France, aveuglé par la propagande gouvernementale, on puisse ignorer que l'uranium soit dans la même situation de déplétion (même si les documents d'EDF le confirment, comme je l'ai prouvé dans mon article).

Les informations sont néanmoins très nombreuses, si l'on sait chercher.

La bible sur le sujet, c'est le fameux Red Book qui constitue la référence mondiale reconnue sur l'uranium, préparée conjointement par l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Cliquez sur l'image ci-dessous pour télécharger la dernière édition de 2020 :


 Je vous donne ci-dessous quelques grilles de lectures complémentaires :

 

"Pic d'uranium et durabilité de l'énergie nucléaire" (Dylan Bedford 25 janvier 2018)

Source Université de Stanford : http://large.stanford.edu/courses/2017/ph241/bedford1/

Extrait de l'article (Conclusion) : Alors que les estimations du Livre rouge pourraient être trop optimistes ou inexactes, dans le même temps, toute évaluation complète des réserves d'uranium sur Terre nécessiterait l'inclusion de l'eau de mer dans l'uranium, dans la croûte terrestre et également dans tous les gisements non découverts. Ainsi, connaître ce montant avec certitude est presque impossible. Cependant, nous savons que la quantité d'uranium (et de thorium) est finie, ce qui a été à l'origine de la proposition de pointe de Hubbert et des prévisions pessimistes des réserves d'uranium. En effet, l'idée du "pic d'uranium" évoque des images d'un avenir sombre et apocalyptique, dans lequel l'humanité a consommé toutes les ressources disponibles et s'éternise pour le reste de son existence condamnée. Naturellement, c'est une idée controversée. Cependant, quelle que soit la quantité d'uranium actuellement disponible, nous devons toujours chercher à planifier à l'avance et à garantir de nouvelles options énergétiques renouvelables et durables. Alors que les ressources en uranium pourraient potentiellement ne pas être aussi abondantes ou accessibles qu'on le pensait autrefois, l'idée que nous allons simplement manquer d'uranium et donc ne plus utiliser l'énergie nucléaire est pessimiste et ne tient pas compte non plus de l'ingéniosité des scientifiques et des chercheurs. Les discussions sur cette question ne doivent pas inciter à la panique ou, au contraire, endormir les gens dans le confort ; nous devrions plutôt aborder le sujet avec honnêteté et avec la détermination de créer un avenir meilleur et ne tient pas non plus compte de l'ingéniosité des scientifiques et des chercheurs. Les discussions sur cette question ne doivent pas inciter à la panique ou, au contraire, endormir les gens dans le confort ; nous devrions plutôt aborder le sujet avec honnêteté et avec la détermination de créer un avenir meilleur. et ne tient pas non plus compte de l'ingéniosité des scientifiques et des chercheurs. Les discussions sur cette question ne doivent pas inciter à la panique ou, au contraire, endormir les gens dans le confort ; nous devrions plutôt aborder le sujet avec honnêteté et avec la détermination de créer un avenir meilleur.

 

Sur le site du MIT, cet article publié en 2009 (dont j'avais parlé sur Transitio)

"La crise nucléaire à venir" "Le monde est à court d'uranium et personne ne semble l'avoir remarqué."

Extrait : "Le monde est sur le point d'entrer dans une période d'investissement sans précédent dans l'énergie nucléaire. Les menaces combinées du changement climatique, de la sécurité énergétique et des craintes concernant les prix élevés et la diminution des réserves de pétrole poussent les gouvernements vers l'option nucléaire. La perception est que l'énergie nucléaire est une technologie sans carbone, qu'elle rompt notre dépendance au pétrole et qu'elle donne aux gouvernements le contrôle de leur propre approvisionnement énergétique."…

 

Sur le site de l'université de Cornell :

L'avenir de l'énergie nucléaire : faits et fiction Chapitre III : Dans quelle mesure les données du Livre rouge sur les ressources en uranium sont-elles (non) fiables ?

Extrait : "Depuis plus de 40 ans, l'Agence pour l'énergie nucléaire des pays de l'OCDE et l'Administration internationale de l'énergie atomique des Nations Unies publient un document semestriel intitulé « Ressources, production et demande d'uranium ». Ce livre, connu sous le nom de "Livre rouge", résume les données sur la situation actuelle et proche de l'énergie nucléaire et présente les connaissances mondiales accumulées sur les ressources d'uranium existantes et attendues. Ces données sont largement considérées comme fournissant une base précise et solide pour les futures décisions concernant l'énergie nucléaire. Malheureusement, comme il est démontré dans cet article, ce n'est pas le cas. Les ressources mondiales conventionnelles en uranium sont estimées par les auteurs du Livre rouge à 5,5 millions de tonnes. Parmi celles-ci, 3,3 millions de tonnes sont attribuées à la catégorie raisonnablement assurée et 2,2 millions de tonnes sont associées aux ressources présumées non encore découvertes mais supposées exister. Notre analyse montre que ni les 3,3 millions de tonnes de ressources "assurées" ni les 2,2 millions de tonnes de ressources inférées ne sont justifiées par les données du Red Book et que les ressources exploitables réelles connues sont probablement beaucoup plus faibles. Malgré les nombreuses lacunes des données sur les ressources en uranium, certaines informations intéressantes et précieuses peuvent être extraites du Livre rouge. Peut-être plus important encore, les données sur les ressources du Livre rouge peuvent être utilisées pour tester « l'hypothèse économico-géologique », qui prétend par exemple qu'un doublement du prix de l'uranium augmentera la quantité de ressources d'uranium exploitables d'un facteur encore plus important. Les relations entre les ressources en uranium revendiquées pour les différentes catégories de ressources et leurs estimations de coûts associées s'avèrent clairement en contradiction avec cette hypothèse."

 

On trouve partout nombre d'articles sur le sujet. Il suffit de taper "pic uranifère" "déplétion uranium", "pic de production uranium". En voici 2 exemples :

Où en est le pic uranifère ?

Extrait : Le pic de production de l'uranium... "Il apparaît donc que toute volonté d’augmenter sensiblement la production nucléaire mondiale se heurtera aux plafonds de production et à des réserves limitées. Les militants qui préconisent une plus grande utilisation de l’énergie nucléaire pour remplacer les carburants fossiles et réduire les émissions de CO2 entretiennent donc des espoirs irréalistes, qui ne tiennent pas compte des réalités du pic uranifère."

 

 "La pénurie à venir d'uranium condamne le nucléaire"

Isabelle Chevalley, chimiste, présidente d'Ecologie libérale, Pierre Bonnard, physicien

Extrait : "Les 450 centrales existantes consomment plus de combustible qu'il n'en est extrait. L'uranium marin est pratiquement inexploitable.

Depuis 2001, le prix de l'uranium a été multiplié par 10, passant de 7 dollars la livre à plus de 75 dollars en 2007. Cette augmentation massive du prix de l'uranium montre bien l'incertitude qui règne autour de sa production. Le pic historique du prix de la livre d'uranium se situait autour de 43 dollars vers la fin des années 70 en raison de la conjonction de la demande militaire et de l'essor du nucléaire civil.

Depuis 1991, on n'extrait plus assez d'uranium pour couvrir les besoins des 450 centrales nucléaires civiles actuelles. La différence est comblée par l'utilisation des stocks militaires. En 2003, la demande en combustible nucléaire a été satisfaite pour moitié par des ressources minières et pour moitié par des ressources militaires. (Voir lien suivant)

Les gisements que l'on découvre aujourd'hui sont presque tous plus pauvres en uranium que ceux déjà exploités. De plus, un gisement n'est jamais exploité en totalité, par manque de rentabilité, même à un prix élevé de l'uranium, ou du fait d'un risque financier trop élevé. Cependant, vu qu'au prix actuel le combustible ne pèse que 5 à 10% des coûts d'une centrale, la principale limitation provient de la nature du gisement et des obstacles techniques à son exploitation, quel qu'en soit le coût. Le manque d'uranium limitera ainsi peu à peu l'utilisation d'une partie des centrales nucléaires entre 2015 et 2025. Puis la production d'uranium diminuera et, avec elle, la production d'électricité nucléaire. De quoi se faire du souci pour les nouvelles centrales à amortir en quarante ans au moins..."

 

Concernant l'utilisation d'uranium militaire pour pallier le manque de ressource minière, j'en avais déjà parlé sur Transitio le 5 octobre 2013 "Pénurie d'uranium russe aux USA"

Je donnais, entre autres sources dans mon article, celle du Département américain de l'énergie !

 

Reprenons l'analyse du commentaire :


 "- les réacteurs de 3ème et de 4ème génération n'ont pas du tout le même rendement que les générations précédentes et demandent moins de ressources ;"

Faux : Je vous invite à lire mon article rapportant les explications détaillées du physicien nucléaire Raymond Sené, concernant cette nouvelle génération de réacteurs qui est plutot une régression au niveau de la technique et de la sécurité qu'un progrès. 
Concernant le "moins de ressources" je vous invite à lire plus loin mes explications sur le combustible MOX...


 "- le nucléaire a un avenir assuré et qui survivra même à l'humanité : la fusion. "

Faux : Encore un de ces serpents de mer du nucléaire qui bluffent les candides depuis des décennies ! Je vous propose de lire cet autre article du physicien nucléaire Raymon Sené : "La fusion thermonucléaire, un défi, mais que du bluff"


"Par ailleurs : (1) part du nucléaire : vous oubliez une chose, l'énergie nucléaire ne permet de produire QUE de l'électricité, donc il est logique de comparer sa part avec les autres sources d'énergie produisant elles aussi de l'électricité. "

Bah oui mon gars, mais je l'ai dit en note n°1 en bas de l'article !

"Attention ! Ne vous faites pas avoir par EDF ! EDF clame en effet, haut et fort, que la part mondiale du nucléaire est de 10%, mais il s'agit de la part de la production d'électricité ! Ainsi, ils "oublient" les autres utilisations de l'énergie, dans les transports, l'industrie, le chauffage, etc.

    Notez d’ailleurs que selon l’Agence Internationale de l’Energie, il est probable que la part du nucléaire dans le mix électrique mondiale restera constante, environ autour de 12 %, d’ici à vingt ans. (Info CNRS)"



"(2) nombre de réacteurs : si nous n'avons aucun nouveau réacteur depuis 2012, ce n'est nullement la faute au nucléaire. "

Faux : On sent que le gars s'abreuve aux tétines de la propagande actuelle du nucléaire, comme celle du pathétique Bernard Accoyer, président de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine nucléaire et du climat" qui reproche dans un livre aux grands méchants socialistes, d'avoir cédé au puissant lobby des écolos du Larzac ! 

     En réalité, en 2012, l'industrie du nucléaire était dans l'impossibilité de faire face à un plan d'ampleur de construction de centrales. Elle avait déjà fort à faire avec la coûteuse mise aux normes résultant de Fukushima et de la pénible construction de son EPR.

    En 2014, le Journal Du Dimanche révélait même, sur la base d'un document interne d'EDF que près de 300 milliards d’euros devraient être investis dans les cinquante prochaines années si les centrales actuelles étaient reconstruites à l’identique et EDF chiffrait à 55 milliards d’euros le coût des travaux nécessaires pour prolonger la durée de vie de 58 réacteurs français de quarante à cinquante ans !
Source JDD

 Techniquement, l'industrie du nucléaire a dû repartir de zéro. J'ai assisté dans mon travail au réveil difficile de ce "Phénix". Tous les concepteurs de centrales nucléaires étant partis en retraites. Il a fallu former une nouvelle génération d'ingénieurs. A ce problème, s'est ajouté celui de la désindustrialisation du pays. Tout cela explique, la lamentable saga de l'EPR, avec ses innombrables malfaçons, qui feront que, si ce réacteur de "seconde génération améliorée" démarre un jour, ce sera à la suite de nombreux essais avec une puissance réduite afin de ne pas faire un désert de la moitié ouest de la France un désert...

     En revanche, pour ce qui concerne les pressions du lobby nucléaire, n'oublions pas qu'en novembre 2011, AREVA était intervenu auprès du PS pour faire modifier l’accord électoral qu’il venait de signer avec EELV, afin de sauvegarder son combustible MOX. Transitio en avait parlé à l'époque : "Une question de vie ou de MOX"

    Le MOX est l'une de ces petites "merveilles" fabriquées par AREVA à partir du plutonium et de l’uranium appauvri. Son avantage déclaré est que les 120 tonnes de MOX produites chaque année permettent d’économiser 120 tonnes d’uranium sur les 8000 tonnes nécessaires à notre parc nucléaire. Le second avantage du MOX, c'est qu'il est classé par L’Agence Internationale à l’Énergie Atomique (AIEA) comme un matériau "directement utilisable" pour la fabrication d’armes nucléaires.

    C'est probablement cette "amélioration" (120 tonnes d'économisées sur 8000) qui fait croire à notre commentateur que les centrales sont "plus performantes". 

 

"(3) avenir pour produire de l'électricité : vous irez dire cela au Chinois, "

Notre ami compare un pays peuplé par 1.402 Milliard d'individus avec notre micro-pays peuplé de seulement 67 millions (soit 21 fois moins).

La Chine est obligée de poursuivre sur la voie du nucléaire pour les mêmes raisons que la France, parce qu'elle est en retard sur le développement des énergies alternatives et aussi parce que le nucléaire lui assure une hégémonie militaire. Mais de toute façon, la Chine se trouvera confronté aux mêmes soucis d'approvisionnement en uranium que la France. A la différence que son armée à elle sera immensément plus puissante...

Choisir la dépendance à une énergie aux ressources limitées, c'est la voie assurée vers de nouveaux conflicts. Les guerres pour le pétrole qui ont animées la fin du 20ème siècle vont être remplacées au 21ème siècle par des guerres pour l'uranium et ce qui reste de gaz, comme en Ukraine, par exemple.

Ukraine et nucléaire : 2022 - le gouvernement Ukrainien vient d'annoncer un nouveau programme de construction nucléaire en collaboration avec les États-Unis et le fournisseur de réacteurs Westinghouse. La conception du réacteur AP1000 devra d'abord être déployée à la centrale nucléaire de Khmelnitsky, avec quatre autres unités à suivre dans d'autres centrales nucléaires existantes. Source World Nuclear News.

Ukraine et gaz : 2014 - Le gouvernement ukrainien et le géant américain Chevron ont signé un accord pour l'exploration et l'extraction de gaz de schiste dans la région d'Oleski, dans l'ouest de l'Ukraine. Source Usine Nouvelle.

 

Ne nous laissons pas abuser par le sophisme proposé par notre ami. Le fait que nous n'ayons actuellement plus d'autre choix que de vendre notre âme au nucléaire, ne retire rien au fait que celui-ci soit une impasse !

La solution des Energies Renouvelables n'est réaliste que dans un modèle de société totalement différent de celui que l'on nous impose actuellement, avec sa croissance infinie (dans un monde fini) et une consommation à outrance, qui dépendent d'une exploitation mortifère des ressources naturelles et humaines. Il fallait y penser avant...

 

"il est clair qu'ils ne pensent pas comme vous. Par ailleurs, comment peut-on être écolo et ingénieur à la fois ? À la limite être ingénieur et faire de l'écologie, mais pas l'inverse. "

Je vous laisse réfléchir à la logique du personnage. Selon lui, un ingénieur, c'est fait pour bouziller la nature. Heureusement que la nouvelle génération de jeunes ingénieurs que j'ai vue arriver, ne partage pas ce point de vue !

"Et pour terminer : - Tchernobyl : pourquoi toujours mettre sur le dos du nucléaire un accident dont l'origine est uniquement imputable au régime de l'union soviétique de l'époque ??? Leurs réacteurs RBMK n'avaient pas la moitié des protections des réacteurs occidentaux de l'époque, et ils faisaient tout pour en cacher les faiblesses !! "

La tarte à la crème sur les Russes incapables et imbibés de vodka ! Je l'adore celle-là ! Plus sérieusement, je vous invite à lire les explications de Raymond Sené "Après Tchernobyl, EDF décida de fermer en hâte les centrale Graphites - Gaz (Chinon 2 et 3, St Laurent 1 et 2 et Bugey 1) qui n’avaient guère plus d’enceinte de confinement que les réacteurs RBMK soviétiques…"

Pour info il n'a dû que survoler mon article, parce que j'y ai évoqué ce point... 


"- Fukushima : là c'est le bouquet, votre photo ne vaut rien, la légende est incomplète (en tant qu'ingénieur ça ne vous choque pas ??), et si vous vous seriez renseigné un tout petit peu, vous auriez vite appris qu'il s'agit d'un Hoax. source : http://radioprotection.unblog.fr/.../hoax-ecolo-la.../ Bref, votre "article" est une grosse blague ��"

    Pour le coup, cette fois-ci, le quidam a raison "pour la photo" ! Je l'ai effectivement utilisée pour illustrer l'article de la Tribune et j'aurais dû me contenter d'utiliser la photo ci-dessous, ce que je vais d'ailleurs faire aussitôt en le signalant dans l'article ! 
    Je remercie chaleureusement l'auteur de ce commentaire, car ainsi il m'aide à donner plus de crédibilité à mon modeste blog en l'enrichissant par les informations complémentaires que je vous donne ci-après !

 


    Pour aller dans le sens de sa critique, Je confirme que certains sites antinucléaires ou écolos, n'hésitent pas à utiliser le même procédé de désinformation que les pronucléaires, ce que je trouve profondément regrettable. Car en utilisant les mêmes procédés déshonorants que son adversaire, on finit par lui ressembler.

    Le site antinucléaire "Nucléaire Infos" effectue un travail honorable de désintoxe que je vous invite à consulter en cliquant sur l'image ci-dessus.

    Ils ont effectivement signalé cette supercherie, s'en étonnant même, attendu que de vraies modélisations de la dispersion atmosphérique existaient, comme celle ci-dessous. Cette simulation du modèle HYSPLIT de la NOAA montre une libération continue de particules traceuses du 12 au 31 mars à un rythme de 100 par heure représentant le césium-137 émis par Fukushima Daiichi. Chaque changement de couleur des particules représente une diminution de la radioactivité d'un facteur.

    En lisant avec attention l'article publié par Nucléaire Infos, je me suis arrêté sur les 2 cartes ci-dessous, beaucoup plus classiques, puisqu'il s'agit en l'occurrence d'une manipulation d'état.


"La carte de gauche est celle qui a été diffusée le 12 octobre 2011. La carte de droite date du 11 novembre 2011. Remarquez-vous ce qui s’est passé pour le département de Niigata, à l’est de la préfecture de Fukushima, tout le long de la côte de la Mer du Japon ? Dans la première carte figuraient de nombreuses zones marron-foncé (10 000 à 30 000 Bq/m2 de césiums 134 et 137) et même des zones bleues (30 000 à 60 000 Bq/m2). Dans la nouvelle carte : plus rien ! Tout est redevenu marron clair, c’est à dire la zone-plancher… Il se trouve que la majorité des zones qui avaient été reconnues comme fortement contaminées dans la première carte (région d’Uonuma) correspondent à la région productrice de riz la plus renommée de l’archipel. Pour Laurent Mabesoone, auteur de l’article qui dénonce la tricherie, « ce que nous avons devant les yeux, (…) c’est un superbe maquillage, c’est un énorme mensonge d’État. (…) Ils ont « sauvé » Karuizawa, le plus grand centre de tourisme de montagne, et Saku, le plus grand producteur de salades."

    Les Japonais n'ont pas eu la chance d'être protégés comme nous en 1986 par l'anticyclone-cyclone des Açores (pendant 3 jours).


Le nuage radioactif de Tchernobyl ne touchera pas la France - Archive INA



 

Conclusion...


    Le nucléaire a tellement peu d'avenir que c'est l'industrie mondiale du nucléaire qui fait elle-même ce constat objectif dans son rapport sur l'état de l'industrie nucléaire dans le monde en 2021, publié en septembre dernier.


« Le World Nuclear Industry Status Report ( WNISR ) est l'une des sources de données les plus fiables disponibles sur le sujet et permet une compréhension impartiale et complète de l'état actuel de l'énergie nucléaire dans le monde. ”
(Naoto Kan, ancien Premier ministre du Japon)

Les principales conclusions de WNISR2021 sont les suivantes :

  • En 2020, la production électronucléaire a plongé d'une marge sans précédent (>100 TWh), sauf au lendemain des événements de Fukushima (2011-12), tandis que la capacité nucléaire opérationnelle a atteint un nouveau pic à la mi-2021. Plus de capacité, moins de rendement.
  •  Les énergies renouvelables non hydrauliques, principalement l'éolien, le solaire et la biomasse, ont surpassé les centrales nucléaires en matière de production d'électricité à l'échelle mondiale. L'hydraulique à elle seule a produit plus d'électricité que le nucléaire pendant la majeure partie des trois dernières décennies.
  •  Pour la première fois, les énergies renouvelables non hydrauliques ont généré plus d'électricité dans l'Union européenne que le nucléaire, et les énergies renouvelables, y compris l'hydroélectricité, ont généré plus d'électricité que tous les combustibles fossiles réunis.
  •  L'ajout net de capacité nucléaire (nouveaux démarrages moins fermetures) est tombé à 0,4 GW, contre > 250 GW pour les seules énergies renouvelables. Le nucléaire n'est plus pertinent sur le marché actuel de la construction de nouvelles capacités électriques.
  •  Les petits réacteurs modulaires (SMR) bénéficient d'une grande couverture médiatique et d'un peu d'argent public, mais ils ne sont jusqu'à présent pas disponibles dans le commerce et ne le seront pas avant 10 à 15 ans, voire jamais. Les projets pilotes en Argentine, en Chine et en Russie ont été décevants.
  •  La situation à Fukushima, sur site/hors site, reste instable. Les effets sur la santé et le bien-être sont importants. Les estimations de coûts ont augmenté et vont actuellement de 223,1 milliards de dollars américains (gouvernement) à 322 à 758 milliards de dollars américains (indépendant). Les tribunaux japonais ont acquitté les responsables du gouvernement/ TEPCO pour leur responsabilité en cas de catastrophe, mais se sont prononcés contre l'exploitation du réacteur dans certains cas.
  •  L'énergie nucléaire a démontré une grande sensibilité à la pandémie de COVID -19. Une première analyse montre qu'il a une faible résilience face aux effets les plus courants du changement climatique. La résilience du nucléaire continuera probablement de décliner.
  •  L'exposition du secteur de l'énergie nucléaire aux activités criminelles, notamment les pots-de-vin et la corruption, la contrefaçon et autres falsifications, ainsi que l'infiltration par le crime organisé, pose une véritable question.

Voici le lien pour télécharger les 409 pages du rapport : https://www.worldnuclearreport.org/World-Nuclear-Industry-Status-Report-2021-773.html

 

  


Je remercie celles et ceux qui auront pris le temps de lire cet article.

Bertrand Tièche


2 commentaires:

  1. votre article est fumeux, cher Monsieur. C'est du grand n'importe quoi, comme quoi on peut faire croire ce que l'on veut avec des chiffres. Je vous le démonte en 3 lignes :
    - des gisements, ça fait comme le pétrole, on en découvre de nouveaux régulièrement ;
    - les réacteurs de 3ème et de 4ème génération n'ont pas du tout le même rendement que les générations précédentes et demandent moins de ressources ;
    - le nucléaire a un avenir assuré et qui survivra même à l'humanité : la fusion.

    Par ailleurs :
    (1) part du nucléaire : vous oubliez une chose, l'énergie nucléaire ne permet de produire QUE de l'électricité, donc il est logique de comparer sa part avec les autres sources d'énergie produisant elles aussi de l'électricité.
    (2) nombre de réacteurs : si nous n'avons aucun nouveau réacteur depuis 2012, ce n'est nullement la faute au nucléaire.
    (3) avenir pour produire de l'électricité : vous irez dire cela au Chinois, il est clair qu'ils ne pensent pas comme vous. Par ailleurs, comment peut-on être écolo et ingénieur à la fois ? À la limite être ingénieur et faire de l'écologie, mais pas l'inverse.

    Et pour terminer :
    - Tchernobyl : pourquoi toujours mettre sur le dos du nucléaire un accident dont l'origine est uniquement imputable au régime de l'union soviétique de l'époque ??? Leurs réacteurs RBMK n'avaient pas la moitié des protections des réacteurs occidentaux de l'époque, et ils faisaient tout pour en cacher les faiblesses !!
    - Fukushima : là c'est le bouquet, votre photo ne vaut rien, la légende est incomplète (en tant qu'ingénieur ça ne vous choque pas ??), et si vous vous seriez renseigné un tout petit peu, vous auriez vite appris qu'il s'agit d'un Hoax. source : http://radioprotection.unblog.fr/.../hoax-ecolo-la.../
    Bref, votre "article" est une grosse blague ��

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    1. Bonjour Jérémy,
      J'ai répondu en détail dans mon article à chacun des points que vous avez évoqués. Le seul point où vous ayez eu raison concernait la photo que j'avais choisie un peu trop à la hate pour illustrer l'article du journal La Tribune. J'ai fait un rectificatif en vous remerciant chaleureusement. Pour le reste, vous aviez hélas tort. Mais vous ne devez pas vous en vouloir car c'est très difficile en France de se faire une opinion claire sur le nucléaire. C'est en le cotoyant dans mon travail que je me suis mieux rendu compte de la situation. Les plus farouches anti-nucléaires que j'ai rencontrés, travaillaient chez EDF ou pour EDF, c'est vous dire !
      Bien cordialement
      Bertrand (écologiste et ingénieur) ;-)

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