Il vous arrivera peut-être un jour de visiter le site équilibre des énergies. J'y ai été invité par un Tweet chaleureux.
C’est vert, c’est beau c’est frais, on dirait presque un site écolo !
On y parle d’énergies, d’équilibre, il y a une belle bannière avec une éolienne qui tourne, et tout et tout ! C'est choupinou !
C’est tendance jeune, il y a des tweets, et même une info décalée sur l'urine comme source d'énergie pour un portable ! (Info reprise du site zegreenweb.com).
On se dit que voilà un site sympa, et puis on furète un peu.
Et on découvre des choses encore plus "décalées"...
On lit par exemple dans l’édito une poignante défense du chauffage électrique ! Celui-ci est jugé trop pénalisé par la nouvelle réglementation thermique : "…pénalise beaucoup plus lourdement, les logements chauffés à l’électricité que des logements similaires chauffés au gaz, construits à la même époque. Pourtant ces logements électriques sont mieux isolés… ".
Alors on commence à se demander qui sont ces ardents défenseurs de la planète, de son climat, etc. Les vaillants paladins se présentent modestement comme : "des praticiens au contact des réalités économiques et sociales sur le terrain, ils considèrent que la maîtrise des énergies doit être d’abord au service des ménages et des professionnels qui utilisent ces bâtiments. Au-delà des considérations de commodité et de qualité de vie, ils attachent donc une attention toute particulière aux coûts d’accès à l’énergie : coût d’investissement, charges d’exploitation, facture énergétique ".
Ces preux missionnaires se disent "Venus d’horizons divers" ! Ah bon ? Tiens tiens ! On ne lit pas l’édito jusqu’au bout (on a eu tort) et on va voir qui sont vraiment ces nouveaux chevaliers sauveurs du climat.
En voici quelques-uns :
- Fédération Nationale des Professionnels Indépendants de l’Electricité et de l’Electronique (Ah bon ?)
- PROMOTELEC, l’Association de Promotion des usages durables de l’électricité dans le bâtiment résidentiel et petit tertiaire (Est-ce une plaisanterie ?)
- La Fédération des promoteurs immobiliers (Ben oui, le chauffage par « grille-pain électrique » coûte moins cher à installer qu’un vrai chauffage).
- EDF !!! (Non, non vous ne rêvez-pas !)
Encore heureux que ces nouveaux "chevaliers verts" de la défense de la planète jugent utiles de préciser : "Nous souhaitons aussi bénéficier du soutien et de l’expertise des producteurs et fournisseurs d’énergies dès lors qu’ils s’inscrivent dans cette logique d’intérêt général, mais entendons garder notre totale indépendance à l’égard de ce que pourraient être leurs intérêts propres."
Bon assez rigolé, finit-on par se dire. Et l’on retourne lire l’édito, signé du Président de l’association Equilibre des énergies, un certain monsieur... Jean Bergougnoux, qui n'est pas moins que le Directeur Général honoraire d’EDF !
Et c’est ainsi que votre serviteur honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus !
(Je n’avais même pas vu cette tour de refroidissement de centrale nucléaire dans leur bannière !)
Ce site est ce que l’on pourrait appeler un "Cheval de Troie du nucléaire".
A peine si l'on y découvre un article sur cette fatale énergie. Alors peut-être vous demandez-vous pourquoi soudain tant de méfiance de ma part ?
Peut-être même ignorez-vous amis lecteurs, tombés par hasard sur mon modeste site, pourquoi je qualifie le chauffage électrique d’aberration française ?
Voici ce qu’en dit cet honorable site Belge, Energie + : "Si l'on regarde les choses globalement, suite à son bilan écologique défavorable, l'électricité ne devrait pas être utilisée pour le chauffage des locaux. Au Danemark, le chauffage électrique est interdit depuis 1985 ! Dans le meilleur des cas, une centrale électrique TGV (Turbine-Gaz-Vapeur) produit de l'électricité avec un rendement de 55 %. Alors que les rendements de production des chaudières au gaz sont de 92 %, voire nettement plus s'il s'agit d'une chaudière à condensation.
Passer par une centrale électrique pour faire de la chaleur, c'est vraiment utiliser un très mauvais vecteur intermédiaire. En comparaison, passer par de l'eau chaude est proportionnellement beaucoup plus efficace. On pourrait donc réserver la production d'électricité à des missions plus nobles (télécommunication, bureautique, éclairage, moteurs, ...)."
Les données de Greenpeace.
Je vous conseille également de lire cette étude de Greenpeace sur le chauffage électrique :
En voici un extrait :
"Le chauffage électrique représente 10% de la consommation nationale d’électricité et 36% de la consommation des ménages. Il équipe 30% de logements en France. Le parc français de chauffage électrique représente la moitié du parc européen.
Sur les 7 millions de logements chauffés à l’électricité, on trouve 3 millions d’appartements et 4 millions de maisons individuelles. Près de 60% de ces logements datent d’avant 1982 et ne disposent pas d’une isolation thermique efficace."
Les données de Dissident media.
Les données de Global Chance.
Pour résumer, le choix du chauffage électrique a été fait en France pour justifier le déploiement de l’industrie nucléaire après le premier choc pétrolier. D’autres pays à la même époque, comme la Suède par exemple, on choisit de s’affranchir de la dépendance au pétrole en développant (parallèlement à leur nucléaire) les énergies renouvelables (Stockholm, première capitale verte), la France, qui avait déjà la bombe atomique, a préféré chauffer des bâtiments avec de l’électricité produite par le nucléaire.
L'histoire du "grille-pain d'EdF" en vidéo
Le site terraeco.net a réussi à faire l'historique des principales campagnes de pubs d'EdF depuis 1972, c'est un vrai petit bijou !
Mise à jour au 20/10/2021 :
Je me rends compte que cet article du 8 février 2012 sur Terraeco, a curieusement été vidé de de toutes ses images et vidéos.
Par chance, le texte subsiste. Mais comme j'ai déjà souvent vu des articles intéressants disparaître, je me permets de le retranscrire ci-dessous :
Pub : comment EDF a vendu le grille-pain à la France
Alors que l'Hexagone vient de battre un nouveau record de consommation d'électricité, retour sur vingt ans de matraquage publicitaire en faveur du chauffage électrique.
Près d’un logement sur trois se chauffe à l’électricité en France. Ce mode de chauffage s’est considérablement étendu en France depuis 1975. A l’époque, 20% des logements neufs optaient pour l’électrique, contre 80% aujourd’hui. Un choix clair et net, que la France est la seule à avoir fait. Selon une étude menée par l’association Alternative pour les énergies renouvelables et l’environnement (pour le compte de Greenpeace et à partir de données de 2005), les ménages français posséderaient à eux seuls autant d’appareils de chauffage électriques que l’ensemble des foyers européens réunis. Ailleurs la pratique est rare. Le Danemark l’a tout bonnement interdit tandis que la Belgique en a proscrit la publicité. Et pour cause, ce mode de chauffage a de graves inconvénients (voir encadré).
Comment expliquer cette spécificité française ? A Terra eco, notre petit doigt nous dit que c’est en bonne partie grâce au lobbying d’EDF qui [a montré sa capacité à défendre le chauffage électrique pendant le Grenelle mais aussi grâce à ses très nombreuses publicités. La preuve en image :
Tout commence en 1972, où en 46 secondes et avec une pub animée en noir et blanc, EDF avance que le « chauffage électrique intégré isole du bruit » et qu’avec lui « les plantes revivent, les balais balaient moins, les odeurs s’évanouissent, les enfants s’enrhument moins l’hiver, tout le monde est plus heureux ». Conclusion : « le chauffage électrique intégré recrée les conditions naturelles de la vie. » Une perle à visionner ci-dessous.
En 1986, en couleur cette fois, EDF fait rouler un petit garçon sur une musique jazzy dans un appartement pour vanter son système « bien-être ». La pub loue notamment la bonne régulation et le confort du système, sans cette fois citer le terme « chauffage électrique ». Les références aux watts sont plus subtiles : la maison a la forme d’une prise électrique, et le spot se termine sur le très subtil jeu de mot « soyez courant » :
En 1991, retour au dessin. Une femme à la voix lascive vante les mérites de son « chauffage électrique » qui « a déjà tout chauffé avant de (la) voir arriver ». Elle prend même son chauffage, représenté par un homme chauve en toge, dans les bras. Là encore, tout se passe comme si c’était grâce à l’énergie électrique que l’on peut se chauffer intelligemment et avec un thermostat :
En 1992, retour du même couple, et de la même stratégie. La femme EDF célèbre à nouveau les mérites de la programmation de la chaleur : « Mon chauffage électrique, je règle son thermostat une fois pour toute et après on ne voit plus le temps passer » :
En 2000, changement de tactique. Le système vendu et vanté s’appelle désormais Vivrelec. La publicité annonce une « révolution » dans le chauffage électrique. A l’époque, EDF va jusqu’à verser une prime aux acquéreurs d’un logement neuf qui se chauffent à l’électrique. Une prime qui durera jusqu’en 2004.
En 2001, nouvelle publicité pour Vivrelec, qui flatte les vertus de l’électrique, mais sans le nommer. Peu de nouveauté dans cette pub, mais on ne résiste pas à regarder cet homme qui n’arrive pas à quitter sa maison tant il aime « ses serviettes toujours tièdes ».
En 2004,encore une pub pour Vivrelec. Cette fois, elle montre une famille dont les enfants tristes sont contraints d’ouvrir leurs cadeaux de Noël dans la neige. Et leur propose de rénover leur chauffage électrique via un numéro azur. No comment.
Un choix doublement dommageable
La France a battu mardi un nouveau record de consommation d’électricité. Le principal responsable de ces pics de consommation est le chauffage électrique. Ce ne sont pas les anti-nucléaires qui le disent mais RTE, Réseau de transport d’électricité, la filiale d’EDF chargée de veiller à l’équilibre entre consommation et production. Dans son rapport annuel 2011, elle indique : « L’usage du chauffage électrique augmente la sensibilité de la consommation aux températures froides. Cette sensibilité à la température de la consommation d’électricité est aujourd’hui de 2 300 MW par degré à 19h, heure de la pointe de consommation journalière en hiver. Elle n’a cessé de progresser ces dix dernières années, gagnant près de 70 MW par an. » Résultat, en hiver, un degré de moins entraîne une augmentation de la consommation équivalent à deux fois celle de la ville de Marseille.
Deuxième problème de cette production : elle entraîne beaucoup de pertes. En effet, le circuit de production de chaleur via l’électricité, principalement nucléaire, est plein d’embûches. Il faut d’abord que la centrale produise de la chaleur qui va être transformée en électricité. Mais cette électricité doit à nouveau être transformée via votre chauffage avant de vous réchauffer les mimines. Résultat : plus de 72% de l’énergie est perdue dans ce circuit. Un manque d’efficacité qui vaut aux convecteurs électriques le surnom moqueur de « grille-pain ».
Ces dernières années, EDF avait commencé à avoir quelques soucis avec son fantaisiste chauffage électrique qui avait perdu de son aura au fil des ans, et ce, d'autant plus que l'électricité produite par le nucléaire se révélait bien plus onéreuses que ce que l'on nous avait dit. Mais heureusement pour EdF, silence est fait à présent sur le chauffage électrique et les feux sont tournés vers les voitures électriques...
Un petit conseil pour finir
Rappelez-vous ce précieux conseil amis lecteurs : « Tout ce qui est vert sur le web ne sent pas toujours la chlorophylle ! ».
Mise à jour au 6 Novembre 2013 :
Equilibre des Energies continue sa belle aventure sur les chemins radieux du nucléaire. Lisez cet article sur le site de BFMTV, c'est ce que l'on appelle un exemple du genre !
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