Une autre façon de penser la transition…
Certains esprits critiques tourmentés prétendent que la
dette des états est une crise fabriquée par le système néolibéral dans le but
d’imposer aux peuples des réformes qu’ils n’auraient jamais acceptées
autrement. Ils fondent leurs dires sur les « mauvaises lectures »
d’ouvrages écrits par Chomsky ou Naomie
Klein et ils exposent de paranoïaques théories du complot dans leurs
sites web fort heureusement surveillés par la sécurité d’état.
Bon d’accord. Mais des fois, on finirait quand même par se
demander…
Par exemple, on peut encore trouver parfois sur le web, à
droite ou à gauche (plutôt à gauche) des traces de l'article écrit par
Emmanuelle VEIL dans le CHARLIE HEBDO du 27 octobre 2004.
Il parle d’une soirée qui aurait eu lieu en 2004 devant les ultralibéraux de la
Fondation Concorde.
Le ministre de la Réforme de l'État Renaud Dutreil s'était lâché et avait dit
tout le bien qu'il pensait des fonctionnaires.
Renaud Dutreil en 2007 à Charleville-Mézières, pour le
"discours
à la France qui souffre"...
Photo provenant du site "Arrêt sur image"
Voici l’extrait que j’ai trouvé :
Discours du Ministre à la Conférence du 20 octobre organisée
par la Fondation Concorde. Extraits :
Le restaurant Pépita, situé à proximité des Champs-Élysées était rempli,
mercredi 20 octobre, d'une soixantaine de costumes-cravates à la mine cireuse,
venus assister à un petit déjeuner-débat avec Renaud Dutreil, ministre de la
Fonction publique et de la Réforme de l'État. Cette conférence était organisée
par la Fondation Concorde, think tank ultra-libéral proche de
Jacques Chirac.
Florilège des déclarations du ministre sur le thème de prédilection de la
droite : "Comment insuffler le changement".
« Comment insuffler le changement ».
« Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de
services à la nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très
lourdement. La pension d'un retraité, c'est presque 75% du coût d'un
fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème. »
« À l'heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les
fonctionnaires. Leur pouvoir d'achat a perdu 4,5% depuis 2000. »
« Comme tous les hommes politiques de droite, j'étais
impressionné par l'adversaire. Mais je pense que nous surestimions
considérablement cette force de résistance. Ce qui compte en France, c'est la
psychologie, débloquer tous ces verrous psychologiques. »
« Le grand problème de l'État, c'est la rigidité de sa
main-d’œuvre. Pour faire passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage
de la place Beauvau, il faut un an. Non pas à cause de l'escalier [rires dans
la salle], mais des corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps
morts [rires], comme par exemple l'administration des télécoms. Je vais les
remplacer par cinq filières professionnelles, qui permettront la mobilité des
ressources humaines : éducation, administration générale, économie et finances,
sécurité sanitaire et sociale. Si on ne fait pas ça, la réforme de l'État est impossible.
Parce que les corps abritent les emplois inutiles. »
« C'est sur l'Éducation nationale que doit peser l'effort
principal de réduction des effectifs de la fonction publique. Sur le 1,2
million de fonctionnaires de l'Éducation nationale, 800 000 sont des
enseignants. Licencier dans les back office de l'Éducation nationale, c'est
facile, on sait comment faire, avec Éric Woerth [secrétaire d'État à la Réforme
de l'État] on prend un cabinet de conseil et on change les process de travail,
on supprime quelques missions. Mais pour les enseignants, c'est plus délicat.
Il faudra faire un grand audit. »
« Le problème que nous avons en France, c'est que les gens
sont contents des services publics. L'hôpital fonctionne bien, l'école
fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours,
expliquer que nous sommes à deux doigts d'une crise majeure - c'est ce que fait
très bien Michel Camdessus -, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là
ils se recroquevillent comme des tortues. »
NB : Michel Camdessus, ancien président du FMI (celui-là même qui a
conduit l'Argentine et l'Afrique sur la voie de la banqueroute grâce à ses
injonctions ultra libérales à récemment remis à N. Sarkozy, sur la demande de
ce dernier, un rapport sur ce qui peut être résumé par l'état catastrophique de
la France sur le plan économique mondial à cause (forcément) des
fonctionnaires, des syndicats, de la gauche et des lois qui tuent toute
initiative entrepreneuriale.
C’est édifiant non ?
Mais peut-être avez-vous oublié qui était Renaud
Dutreil ? Voici quelques liens qui vous en apprendront un peu plus sur
lui :
Wikipedia bien sûr : http://fr.wikipedia.org/wiki/Renaud_Dutreil
Et puis cet article amusant qui raconte comment se député un
peu particulier a pris sa retraite à New-York :
Je
ne puis résister au plaisir de vous dire encore un mot de la fameuse fondation
Concorde. Car imaginez-vous qu’elle existe vraiment ! Alors n’hésitez pas,
allez sur son site et régalez-vous de la lecture de leurs documents. Ces gens
écrivent des comptes-rendus d’une puérilité désarmante mais ils semblent
vraiment se prendre au sérieux. Lisez par exemple leur fascicule qui
prétend vouloir libérer les fondations, c’est pathétique :
Une autre façon de penser la transition...
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