mardi 11 novembre 2014

Jeremy Rifkin "Une jeune génération prête à passer à l'économie de partage"

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    Je m’étais fait modestement l’écho, l'an dernier, des réserves émises par Bertrand Cassoret dans un article publié sur le site de Rue89, à propos de Jeremy Rifkin.

Accédez à mon article en cliquant sur l'image ci-dessous.



    Je partageais en effet ses doutes quant à la solidité des arguments techniques de cet économiste américain de renom qui sait si bien faire rêver la région Nord-Pas de Calais de notre beau pays.


    Mais je ne détiens pas la vérité ! Aussi par acquis de conscience, je ne puis résister au plaisir de partager sur Transitio cette réjouissante interview qu’il a donné récemment sur la chaîne de télévision I-Télé, à l’occasion de la parution de son dernier livre : « La nouvelle société coût marginal zéro. L’internet des objets : L’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme. »

Cliquez sur l'image du livre pour accéder au site de l'éditeur.



J’ai trouvé cette vidéo sur le site de Mr Mondialisation, accompagné de la présentation suivante :
"Pour Rifkin, le compte à rebours est déclenché. L’économie du partage se développe à une rapidité telle que le capitalisme n’arrivera pas à l’assimiler et devra se transformer pour vivre avec elle. Par ailleurs, l’effet du cout marginal zéro serait déterminent dans ce processus. Ce coût, c’est l’investissement nécessaire pour créer une nouvelle unité de production. Les technologies qui arrivent lentement mais surement sur le marché vont permettre de réduire peu à peu ce coût à zéro ou presque.
Et concrètement ?
Imaginez, vous avez demain la capacité de produire votre propre énergie solaire, chez vous. Avec cette énergie, vous avez accès à une imprimante 3D qui produira pour vous des objets utiles et de qualité, en utilisant une ressource recyclée. A terme, il serait même possible d’imprimer maisons et voitures à coût réduit. Vous auriez accès à une liberté appréciable, sans vous endetter. Il s’agit là d’un contre-pouvoir qui pourrait renverser des industries.
Rifkin s’était également fait remarquer par son ouvrage très documenté : La Fin du Travail (1995).  Il y analyse l’inévitable perte de travail entrainée par les nouvelles technologies diablement efficaces. La robotisation et l’automation dans tous les secteurs de la société conduiraient à légitimer l’existence d’un revenu universel. Bonne nouvelle donc pour les objecteurs de croissance."

    J’avoue que si on pouvait s’en tirer comme ça, ce serait peut-être un moindre mal. Comme je l’avais écrit dans l’article de l'an dernier, mes doutes portent sur la logique interne des sociétés avec lesquelles il travaille, ainsi que sur la faisabilité technique de son projet qui demande malgré tout énormément d’énergies.

    Ce qui me plaît le plus dans son discours, je l'avoue, c’est lorsqu’il évoque cette jeune génération prête à entrer dans l’économie du partage.

    Selon Jeremy Rifkin, la nouvelle mondialisation, c'est partager, plutôt que posséder. Je vous conseille la lecture de cette interview de Jeremy Rifkin par François Langlet, sur le site de France tv info, en cliquant sur l'image ci-dessous.
Sauvegarde PDF de l'article sur Transitio.



Encore une introduction trop longue sur Transitio ! 😉

Regardez plutôt cette vidéo qui pourra peut-être vous faire rêver.



Eclats de rire contre éclats de grenade. Sofia Aram fait mouche avec humour contre la FNSEA



Sophia Aram en colle une à la FNSEA (avec le sourire)

Suivi d'une petite réflexion sur la violence (parce que l'on est sur Transitio)



Pour les gens pressés, la vidéo est en bas de page. Wink


    Peut-être est-ce en raison de mon âge, mais je ne pense pas que la violence soit vraiment efficace dans les luttes politiques, en tout cas dans une société à peu près tempérée comme la nôtre.


    Je comprends que certains, faute de trouver d’autres moyens, puissent se trouver réduits à cette dernière extrémité (manque d’arguments, de visibilité, de soutiens, etc.). Mais personnellement, j’ai toujours refusé d’utiliser des moyens que je désapprouvais lorsqu’ils étaient utilisés par d’autres. Je ne pense pas que tous les moyens soient vraiment bons pour faire gagner une cause. Car je suis persuadé que certains moyens nous font progressivement ressembler à ce contre quoi nous luttons.


    L’humour n’est pas seulement la politesse du désespoir comme le disait Boris Vian. Il peut aussi être une arme, comme je l’ai découvert autrefois en lisant Voltaire. Mais il ne s’agit pas d’une arme faite pour tuer. L’humour ressemble plutôt au fleuret moucheté de l’escrimeur. Dans ce cas, le duel n’est plus une cérémonie de mort, mais plutôt une danse habile où chacun fait montre de son adresse.


    Je ne veux pas accabler Xavier Beulin, le représentant de la désuète FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles. Peut-être est-il lui aussi un des produits du système complètement dépassé qu’il défend. Mais je ne vais tout de même pas en faire une victime.
    Certains des exploitants agricoles qui votent pour lui sont certainement, eux, des victimes, travaillant comme des damnés pour "exploiter" la terre jusqu'à ses dernières limites.


    Mais la vraie victime aujourd’hui, c’est ce malheureux gamin de 21 ans, Rémi Fraisse, qui est mort de l’explosion d’une grenade offensive coincée dans son sac à dos, lancée par un policier venu "maintenir l’ordre" sur le site du projet de barrage de Sivens.


    Comme l’a si bien dit le sociologue et philosophe Edgard Morin dans le journal Le Monde : « Rémi Fraisse, victime d’une guerre de civilisation »...


    Certains n'ont pas encore bien compris que l'agriculture industrielle n'avait plus guère d'avenir. Lorsqu'il n'y aura plus de pétrole, il n'y aura plus d'engrais industriels et il deviendra difficile de faire pousser du blé sur une terre brûlée à mort par les potions mortifères de la pétrochimie.

    Lisez cet article récent de l'excellent site Reporterre : L'agriculture industrielle va disparaître.
    Vous pouvez également lire sur le site passerelle éco, cet entretien avec Claude Bourguignon (docteur es-sciences, directeur du Laboratoire d’Analyse Microbiologique des sols). Il vous donnera une petite idée de l’état du sol. Le sol est une matière vivante ! Il héberge 80% de la biomasse vivante de la planète !


    Selon ce chercheur, 10% des sols en France sont pollués par des métaux lourds. 60% sont frappés d’érosion. 90% ont une activité biologique trop faible et en particulier un taux de champignons trop bas…



Explications complémentaires pour les amis étrangers (Je sais que Transitio en a.)

    Amis étrangers qui me lisent, je ne vais pas vous faire ici l’historique de ce dramatique fait-divers. Renseignez-vous sur Internet.

  • Si vous ne comprenez pas le français, votre traducteur ne pourra pas vous faire entendre l’humour de Sofia Aram.
  • Pour les amis américains qui fantasmeraient sur les arabes, sachez que Sofia Aram est un très bel exemple d’intégration parfaite, d’une famille d’origine marocaine, dans une banlieue française. Elle fait partie de ces personnalités qui font honneur à mon pays et elle tient une chronique sur une radio nationale de grande écoute.
  • La FNSEA qu’est-ce que c’est ? Pensez à Monsanto et vous aurez compris.
  • Un vrai représentant du lobby de la malbouffe et de l'industrialisation des campagnes, qui a traité les écologistes de "jihadistes verts(Vous voyez le niveau).
  • La police en France ? Comme chez vous peut-être ? En tout cas j'ai l'impression qu'elle a bien changé (Comme la société).



Les introductions sont toujours trop longues sur Transitio. Voici enfin la vidéo !

(Désolé pour la publicité qui précède)

 


Post Scriptum (Avec encore des gros morceaux d’humour dedans) :


    Jeunes gens énervés qui lisent ce billet, soyez malins ! Imprimez le logo de la FNSEA sur vos casquettes et t-shirts, et la police vous laissera déverser des tonnes de fumiers, voire des légumes (donc pas de disco-soupe), brûler des pneus (oubliez le CO2), voire torturer des animaux en place publique !


    Mais rappelez-vous cet avertissement de Transitio : "Si vous employez ces moyens violents, vous risquez de devenir ce contre quoi vous luttez !"


Le joli logo de la FNSEA
(Vaut pour permis de saccager avec la bénédiction des forces de l'ordre)


lundi 10 novembre 2014

Un enfant né en 2014 aura peut-être la chance de connaître l'apocalypse (Oui !)

Article mis à jour le 14/02/2023.
Une apocalypse peut en cacher une autre...



Avertissement !

    Rassurez-vous, je ne suis pas un "climato-sceptique-négationniste" et je pense qu’effectivement, les activités humaines ont une incidence sur le climat. Oui, les changements climatiques ont des conséquences graves ! Tous ceux qui (comme moi) ont eu la chance d’avoir des cours de géographie et d’histoire dans les années 60 et 70 sont sensés le savoir depuis un moment !

    Ceux qui ne connaissent pas Transitio s’en étonneront peut-être, mais je vais tenter de vous parler du réchauffement climatique d’une manière "différente". Je dis bien "tenter".

Vous êtes rassurés ? Je ne suis pas un hérétique, nous pouvons continuer ! 😉



Retour vers 1969...

    Le réchauffement climatique n’est donc pas un fait nouveau en science. Mais savez-vous depuis quand on commence à en parler vraiment ?

    En ce qui me concerne, je l’ai trouvé clairement expliqué (et pour cause) dans un livre paru en France en 1969, que mon père m’avait offert pour mes 10 ans. Ce bel ouvrage rédigé à l’attention de la jeunesse s’intitulait "La terre", il était signé du physicien Arthur Beiser (Voir biographie en bas de page) et il était publié dans la collection Jeunesse de la revue américaine LIFE. Tout était déjà dit de ce qui se dit maintenant, mais sur un ton quelque peu "différent"…


    C’est parce que j’ai eu le bonheur de conserver ce précieux ouvrage dans ma bibliothèque, que j’ai en tête depuis un moment de vous en parler sur Transitio. Mais ce qui a précipité ma décision, fut l’apparition récurrente ces derniers jours sur les réseaux sociaux de ce titre terrible : « Un enfant né en 2014 a toutes les chances de connaître l'apocalypse climatique ».
(Après ça on dira encore que j'exagère avec mes titres sur Transitio !)



Le double effet "apocalypse" !

    Je me suis dit que celui qui avait choisi ce titre apocalyptique était soit un idiotsoit un salaud. Au bénéfice du doute, Je crains que ce ne soit qu’un idiot bien intentionné, (hélas). Pardonnez la vigueur de ma réaction qui a peut-être pour excuse le fait que je vais être grand-père l’an prochain…

    Mais vous rendez-vous compte de l’effet qu’un pareil titre peut avoir sur l’esprit d’un enfant ? Autrefois les vieux réacs souhaitaient une bonne guerre aux jeunes "pour les faire réfléchir", maintenant c’est l’apocalypse qu’on leur prédit !

    Après cela vous allez vous étonner que des jeunes à qui l’on a volé tout espoir d’avenir, commencent à transformer des Zones d'Aménagement Différé en Zones A Défendre) à propos d'aéroports inutilesd'autoroutes anachroniques ou des réserves d'eau pour l'agriculture intensive, au besoin, lance-pierres et cocktail Molotov à la main ?

    Mais si c’est vraiment si grave, si vraiment les cyclones, les tsunamis, les invasions de sauterelles sont à nos portes comme les prophètes médiatiques nous le clament à tous les vents ; alors ces jeunes ont raison, ce sont des héros, rejoignons-les dans la ZAD et construisons avec eux un monde meilleur !

    Ces jeunes ont effectivement raison de vouloir vivre autrement.  La société dans laquelle nous vivons ne leur laisse d’autre fonction que celle de "jeune".

    Pour ceux qui ne sont pas nés au bon endroit et qui n'auront pas réussi à obtenir les quelques emplois qui servent encore pour un temps à faire tourner la machine infernale, les espoirs de s'y faire une place se limitent au mieux à distraire les plus vieux en courant en short après des ballons dans des stades, ou à jouer les poupées sexy.

    Notez-bien que parmi les rares qui rêvent encore changer la société, la plupart n’imaginent même plus changer celle-ci par les moyens habituels, militantisme puis vie politique bien tracée ensuite. Non, l’objectif de beaucoup d’entre eux est de se prendre en main et de vivre autrement et contrairement à leurs grands-parents qui partaient autrefois élever des moutons en Ardèche avec pour guides quelques exemplaires de la collection Que sais-je (et les pensées de Mao). Ces nouveaux rebelles disposent d’une somme de connaissances inimaginable grâce à Internet. Ils ne partent plus de zéro ou presque, puisque partout et facilement ils ont accès au savoir partagé.


Oui mais ?

    Le problème, c’est que la principale fonction de l’effet apocalypse n’est pas de créer des maquisards en lutte contre le système. Il a surtout pour objet de fabriquer de bons citoyens dociles, sachant écouter ceux qui savent. Il propage la résignation, le découragement et le désespoir, les meilleurs instruments de résignation politique. Que peut-on avoir la prétention de pouvoir faire à soi tout seul en effet, si l’on n’a pas l’âme d’un colibri ? Rien d'autre que de remettre son destin entre les mains de ceux qui prétendent avoir le pouvoir de faire ?

    Ecrivant ceci, je repense à cet article de Pascal Bruckner (envers lequel je n’éprouve pas de sympathie particulière), publié dans le journal Le Monde en 2011. Il s’intitulait : "La séduction du désastre". Il est encore en ligne, lisez-le, vous comprendrez mieux ce que je veux dire : La séduction du désastre.



Grand moment de solitude (glaciaire)

    J’ai vécu un grand moment de solitude il y a quelques jours, lorsque j’ai expliqué à une jeune collègue ingénieur, qu’il y a 19.000 ans, (époque des peintures rupestres de la grotte Cosquer en Méditerranée), le niveau de la mer était inférieur de 120 mètres et que les pingouins et les phoques (peints sur les murs de ladite grotte) s’ébattaient sur ses plages enneigées lors d’hivers où les températures descendaient régulièrement jusqu'à -30°C,… et que celle-ci a éclaté de rire en pensant que je me moquais d’elle !

(Un des fameux pingouins de la Méditerranée de l'époque glaciaire)



Vive l’holocène !

    C’est pourtant la vérité ! Nous avons en effet le bonheur de traverser actuellement une période interglaciaire, appelée Holocène qui a débuté il y a environ 11 600 ans. Celle-ci aura, c’est le moins que l’on puisse dire, été fort propice à l’épanouissement de l’espèce humaine actuelle, celle de l’homo sapiens, apparue il y a environ 200 000 ans. Grâce à cette période clémente de l'holocène, l'homo sapiens aura pu créer une multitude de jolies civilisations pittoresques.
    Il faut savoir hélas, qu’une période glaciaire dure environ 80 000 ans, les périodes interglaciaires comme celle que nous vivons sont plus courtes hélas (de quelques milliers d'années à 20 000 ans). Ce qui signifie que la Terre devrait connaître dans quelques millénaires une nouvelle période glaciaire, ainsi que l’espèce humaine (qui en a déjà connues d’autres).


Sortons nos échelles

    Ayant toujours eu la fibre écologiste (grâce à mes lectures de jeunesse peut-être), j’ai malgré tout été souvent effaré par la méconnaissance de l’histoire de notre planète de nombre de mes amis écolos.
    Certains parmi les plus extrémistes, en sont même venus à souhaiter la disparition de l’homme pour sauver la planète ! Comble du ridicule !


A l’échelle de la Terre...

    Si nous rapportons toutes les étapes de l’histoire de la terre (environ 5 milliards d’années), à une année :
L’Homme avec un grand H n’apparaît que le 31 décembre, c’est-à dire le dernier jour, et à 10h du matin seulement (l’Homme n’est guère matinal). Ce grand fainéant n’invente le feu que vers 22h (il était temps !). C’est à 23h54 qu’il lui prend l’idée de chasser l’ours et c’est à la 59ème minute de 23h qu’il devient éleveur et cultivateur ! Autant vous dire qu’avant son arrivée, la Terre en a vu passer d’autres, comme bestiaux qui voulaient conquérir (ou pas) le monde !

(Plus de détails sur le site de l'ENS de Lyon)


A l’échelle de l’univers...

    A peine si j’ose vous le dire. Si nous rapportons toutes les étapes de l’histoire de l’univers (environ 13.7 milliards d’années), à une année :
La terre ne se forme que le 14 septembre, la vie commence doucement vers le 25 septembre, les premières plantes poussent sur la terre ferme le 20 décembre, les dinosaures disparaissent le 30 décembre (merci pour nous), l’homo sapiens apparait à environ 23h56 et il invente l’alphabet à 23 heure 59 minutes et 51 secondes. Il était temps !

    Alors profitons de cet holocène, de grâce, car si l’on regarde ce qui se produira l’année suivante, toujours depuis cette échelle temporelle, sorte de calendrier cosmique inventé par le fameux Carl Sagan, on ne sera pas déçus !

    Apprenez que début mai de l’année suivante, notre jolie planète se vaporisera sous l’effet de la chaleur de notre soleil qui deviendra une étoile géante rouge, avant de mourir le 10 mai… 


Que veut-il dire par là ? (Je sais, ce n'est pas toujours facile sur Transitio)

    Ce que je veux dire, c’est que la personnalisation de la planète Terre et sa béatification comme sainte et martyre me semble infantile et inutile. Je ne pense pas que celle-ci ait éprouvé beaucoup de peine, il y a environ 250 millions d’années lors de la 4ème extinction massive du Permien-Trias, où près de 95 % de la vie marine ainsi que 70 % des espèces terrestres (plantes, animaux) ont disparu (pas plus qu’aux extinctions massives qui précédèrent ou qui suivirent).

    En fait, soyons honnête, ce qu'il faut sauver, c'est notre pauvre chère humanité qui a grandi trop vite et qui est en pleine crise d'adolescence...



    Que les actionnaires des 90 sociétés produisant les deux tiers des gaz à effet de serre ne se réjouissent pas trop vite cependant !

    Quatre-vingt-dix, c'est ce que dit un récent article de l'excellent journal anglais The Guardian, à lire absolument !

Cliquez sur l'image ci-dessous pour le lire : 
    En effet, il semblerait bien qu’aucune variabilité naturelle ne puisse "tempérer", à court terme, les effets du réchauffement planétaire d'origine anthropique. La prochaine ère glaciaire dont les effets ne seraient pas moins désastreux, est encore trop loin.

    Du fait de réchauffement, selon les terribles prévisions du GIEC, la température moyenne devrait augmenter rapidement d'au moins 2°C et d'au plus 6,4°C. Si cela devait se produire en quelques décennies comme certains l’affirment, on pourrait considérer qu’il y a le feu au lac (comme on dit en Helvétie depuis que les glaciers sont revenus aux niveaux très hauts qu’ils avaient dans leurs vallées lors de l’optimum climatique médiéval).

    Cela va bien évidemment susciter de nombreux changement dans nos sociétés qui commençaient à prendre la poussière derrières leurs frontières, tant géographiques qu’intellectuelles.


Une apocalypse peut en cacher une autre

    Pour rassurer ou achever d’inquiéter les plus stressés, je vous propose de considérer que les chiffres alarmants du GIEC pour 2100, ne pourront jamais être atteints du fait de l’apocalypse énergétique qui elle, est déjà bien avancée.

    Il n’y aura en effet plus guère de carbone à envoyer dans l’atmosphère peu après 2050…
Vous ne me croyez-pas ? Alors lisez plus d’articles sur Transitio et ailleurs. Ou bien lisez cet excellent petit livre publié aux éditions BELIN pour la science en 2011 par ce géologue, professeur émérite à l’université de Montpellier, Adolphe Nicolas : « Energies : une pénurie au secours du climat ? » (Je pense qu’il a mis un point d’interrogation pour pouvoir être publié).

    J’aurais pu vous parler de l’apocalypse de la surpopulation, mais là vraiment non, celle-là je n’accroche pas. J'ai l'impression que trop souvent, pour ceux qui essaient de nous faire peur sur ce thème, la surpopulation c’est toujours les autres (pas eux).

    Je suis étonné d'ailleurs que les mêmes qui ont peur de la surpopulation, en argumentant que la terre est un système fermé, ne tiennent pas le même raisonnement pour la croissance illimitée de l'économie ! La croissance de la population peut se réguler, elle, et ce, sans violences ni atteintes à la liberté. Lisez cet excellent article à ce sujet sur le nouveau site de Monsieur Mondialisation : Allons-nous être écrasés par la surpopulation ?


    Non, croyez-moi, la crise énergétique, ça c'est du sérieux et elle est déjà bien engagée. Pas une guerre depuis 30 ans qui n'ait l'énergie pour véritable cause (pétrole, gaz, uranium...). Lisez par exemple cet article récent sur un blog de Médiapart : "De la transition à l'indicible guerre énergétique"

    Si moi aussi je voulais jouer les prophètes de malheur, je pourrais vous parler de la théorie d'Olduvai ! Selon cette théorie émise par l'ingénieur Richard C. Duncan, la durée de vie d'une civilisation de type industrielle serait limitée à une centaine d'année, le temps d'épuiser toutes les ressources fossiles (le fameux pic de Hubert, ça vous parle ?).

    Ne me dites pas que ça ne fait pas peur, ça ! Mais bon, si vous regardez bien le graphique ci-dessous, vous verrez que l'on devrait déjà être en plein effondrement...

Ça ne vous fait pas peur un graphique pareil ?


    Sachez tout de même, pour vous rassurer un peu, que l'on commence sérieusement à étudier ce problème dans le monde de l'énergie. Lisez par exemple cet article récent sur le site Enerzine qui fait référence sur le sujet : Quatre scénarios pour des sociétés dépourvues d'énergie pétrolière. Et continuez de lire Transitio ! 😉


Et puis quoi encore ?

    J’aurais pu aussi vous parler aussi de l’apocalypse d'un point de vue religieux, mais Transitio se veut un site sérieux ! (On n'est pas chez les rednecks américains où un sénateur récemment élu veut réparer la dette par la prière !)


Mais au fait, c’est quoi une apocalypse ?

    Comme le rappelle Wikipedia (à qui je viens de faire un modeste don), apocalypse, dans son sens premier, ne signifie pas une destruction générale, une fin du monde ou une extinction massive, mais une "révélation".

(Apocalypse : mot féminin, emprunté au latin apocalypsis (« révélation »), lui-même emprunté au grec ancien ἀποκάλυψις, apokálupsis (« action de découvrir »). Provenant du verbe grec καλύπτω, kalúptô (« cacher »), précédé du préfixe de privation ἀπό ápó. Littéralement donc « [chose] dé-cachée », et donc par extension, « [chose] dévoilée aux hommes », « retrait du voile qui cachait la chose », « le voile est levé ».)

(Un moment de grace sur Transitio)😉


L’apocalypse, la belle apocalypse, la révélation, c’est peut-être la Transition ?

    Non, nous ne disparaîtrons probablement pas submergés par un tsunami d’ampleur hollywoodienne, pas plus que nous ne mourrons de faim et de soif dans un décor post-apocalyptique !

    Mais oui, nos sociétés doivent évoluer. Et pour cela nous devons être intelligents afin d'être en mesure de nous adapter à cette transition indispensable.
La peur rend stupide et la révolte rend libre. Mais la liberté ne peut durer que grâce au savoir partagé et à la non-violence.

    Le savoir, non pas comme un instrument de pouvoir, mais comme un bien qui n’a de valeur que s’il est partagé. C’est prouvé scientifiquement, la nourriture à un meilleur goût si l’on déjeune à plusieurs que si l’on mange seulLe savoir c’est pareil !

    N'accordez donc pas trop d'attention aux prophètes de malheur. Mais ne prêtez pas non-plus une oreille trop attentive aux prophètes de bonheur. Ceux qui vous promettent une solution immédiate moyennant soumission et bien souvent argent, ou ceux (il y en a hélas encore) qui vous promettent le bonheur après votre mort !

Le problème avec l'avenir, en résumé, c'est qu'il n'est jamais ce qu'il devait être !



Un truc pour s'y retrouver ?

(J'arrête mon envolée lyrique et je redescends sur terre avec vous.)

    Face à une idée nouvelle qui peut vous sembler séduisante, je vais vous donner le truc que j’emploie pour me faire une idée de sa valeur (éthique) possible.

Je regarde avec qui je me retrouve et je fais attention à ce que j’entends.

Regardez vos nouveaux interlocuteurs, comment se comportent-ils, que disent-ils, ont-ils l'air heureux ?

Ecoutez ce que vous disent ces honnêtes gens qui, ignorant ou niant la fin des énergies fossiles et le réchauffement climatique, souvent manipulés à leur insu par de puissant lobbies, manifestent et brûlent des équipements publics, sous l’œil un peu trop complaisant de la police. Tout ça, pour soutenir aveuglément une économie malade qui les rend malades. Une économie assistée, perfusée d’engrais, d’insecticides et gavée d’une énergie rare ou dangereuse pour l’avenir de notre société.

Ecoutez aussi ce que vous disent ces gamins, qui faute de trouver une place vivable dans la société (un emploi, un logement) ne cessent de s’informer et de s’instruire toujours plus de l’état du monde ; ces enfants perdus qui errent dans les landes et les forêts condamnées, pour dire non, le plus souvent pacifiquement, à ces sociétés privées qui ont pris l’état en otage, sous prétexte d’économie libérale triomphante ; ces gamins que des technocrates traitent de djihadistes verts et que la police, qui depuis longtemps se sait plus quelle est sa mission véritable, matraque avec une violence malsaine.


Selon-vous, en toute conscience, quels sont celles et ceux qui sont sur la bonne voix ?
  • Ceux qui défendent un système qui destine leurs enfants à vivre comme des porcs élevés en batteries ?
  • Ceux qui rêvent encore de vivre libre et en bonne santé et qui se démènent pacifiquement pour vous aider à y arriver ?


Encore un truc...

    Si vous n'êtes plus tout jeune, soyez prêt mentalement à considérer que même si la Transition venait à se passer pour le mieux (c'est-à-dire dans l'intérêt général, pour le bien commun), la société nouvelle qui en résulterait pourrait peut-être ne pas vous convenir. Ce serait normal, car il s'agirait de la société de vos enfants, plus vraiment la vôtre (ni la mienne).

On pourrait même concevoir qu'une interprétation erronée d'un problème conduise à la résolution de celui-ci. S'il vous reste encore des forces pourquoi ne pas lire l'un des premiers articles publiés sur Transitio ? : Watzlawick, Nietzsche et la modélisation des systèmes



Conclusion ? (Ben oui quand même !)

Pourquoi voulais-je vous parler de ce livre pour la jeunesse des années 60 ?
Tout simplement pour redonner un peu d’espoir à celle des années 10 (du nouveau millénaire).

Voici donc un extrait de ce livre "pour la jeunesse" du physicien Arthur Beiser, avec le fameux passage sur l'élévation de température en l'an 2000, à cause du CO2 :

"Selon toute probabilité, la Terre connaîtra de nouvelles périodes glaciaires, mais l'on estime que la prochaine ne débutera que dans 80 000 ans.

Le climat interglaciaire a atteint sa température maximale aux alentours de 4ooo avant J.-C., et s'est refroidi par intermittence depuis lors. Ses fluctuations semblent avoir déterminé de grands événements historiques. La période chaude qui sévissait voici environ 6000 ans a asséché le Sahara et obligé les peuples d'Afrique du Nord à se réfugier dans les oasis du Nil où ils fondèrent une civilisation. Les dernières poussées de froid des temps historiques peuvent avoir provoqué des migrations vers le Sud-ouest : Tel fut le cas pour les hordes de barbares de l’Asie centrale qui envahirent l’Empire romain. Le climat plus chaud qui régna aux environs de l’an 1000 après J.C. permit au Vikings de découvrir l'Islande, le Groenland et l’Amérique.

Depuis 1720 environ, la température de l'océan s'est légèrement accrue, mais il est très possible qu'elle s’abaisse d’ici peu d’années.

Si les glaciers reprennent leur marche lente vers le Sud au cours des prochaines dizaines de millénaires, l’homme devra émigrer sous les tropiques, ou dans les anciens déserts redevenus tempérés. Sinon, il devra utiliser toutes ses ressources techniques pouf modifier le climat et stopper l’avance des glaciers.

Si au contraire la température augmente, la période froide prendra fin et les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique fondront rapidement, libérant une grande quantité d’eau. On estime que le niveau moyen des océans s'élèvera alors de 3o mètres. Là aussi, l'homme devra se défendre avec tous les moyens de sa technique et de son intelligence. Ou bien il abandonnera ses ports- et villes côtières, ou bien, s’il dispose de moyens techniques suffisants, il les reconstruira et les entourera d’une ceinture de hautes digues qui s'étendra sur des milliers de kilomètres.

Les conditions de vie de l’homme moderne peuvent contribuer à élever le niveau des mers. Au cours des 100 années écoulées, les cheminées d’usines ont déversé au total dans l'atmosphère 1 milliard de tonnes de gaz carbonique, accroissant ainsi de 10% la teneur de celle-ci en gaz carbonique. Puisque la présence de gaz carbonique dans l’atmosphère empêche la chaleur de la Terre de s'échapper dans l’espace, la variation de la teneur de l'air en CO2 a pu élever la température terrestre d’une fraction de degré au cours des 100 dernières années. Jusqu’à maintenant, cette élévation de température est négligeable, mais le phénomène pourrait avoir dans l'avenir de sérieuses conséquences. En l'an 2000, les fumées industrielles rejetteront dans l’atmosphère quelque 1000 milliards de tonnes de CO2, ce qui augmentera encore davantage la température moyenne à la surface du globe.

En l'an 3000 l'atmosphère contiendra 18 fois plus de gaz carbonique qu'actuellement. Même lorsque les océans auront absorbé autant de CO2 qu'ils le pourront, il en restera suffisamment pour que la température de la Terre augmente de 7°C. A ce point les périodes glaciaires seront terminées et l'homme n’aura plus qu'à résoudre, bon gré mal gré, les problèmes posés par les masses d’eau que libérera le dégel des glaciers.

Les travaux que la dynamique de notre globe exigera des hommes, lorsque se produiront dans l'avenir ces glaciations et ces inondations, ne peuvent se comparer eux événements qui atteindront la planète sous l’action de causes extra-terrestres. La menace la plus proche et la plus sérieuse viendra de la lune. La marée que notre satellite provoque sur la mer, la Terre et l’air ralentit progressivement la rotation de la Terre sut elle-même. Aujourd'hui ce ralentissement est de 25 milliardièmes de seconde par jour. Ce chiffre paraît insignifiant, mais dans 5 milliards d’années le jour durera 36 heures. L'homme et ses récoltes devront s'accoutumer à supporter des journées brûlantes de 18 heures et des nuits glacées d'égale durée."


Post Scriptum :
Vous constaterez que ce scientifique ne prévoyait l’élévation de 7°C que pour l’an 3000. Mais pour le reste, tout était déjà dit…